C’était il y a quarante ans , toutes les bases de ce que l’on allait appeler le « New-Age » étaient déjà là…
(fr.wikipedia.org)
L’article proposé ici est paru dans le hors-série de mars-avril 2010 du magazine Rolling Stone consacré à la séparation des Beatles au printemps 1970. (emmanuel g.)

ROLLING STONE A RETROUVÉ UN ENREGISTREMENT TOTALEMENT INÉDIT DE JOHN LENNON ET YOKO ONO. CE DOCUMENT RARISSIME, GRAVÉ SUR ACÉTATE, CONTIENT LE PREMIER JET D’UNE ÉMISSION DE LA STATION RADIO PEACE, CRÉÉE PAR JOHN ET YOKO, QUI N’A FINALEMENT JAMAIS VU LE JOUR.

JOHN LENNON et YOKO ONO (chantant le jingle a capella) : Ici Radio Peace!
JOHN LENNON: Salut, c’est John!
YOKO ONO: Et Yoko.
J. L. : Nous sommes ici pour parler de la nouvelle année, 1970, que nous allons appeler l’année numéro 1 parce que nous croyons que la décennie précédente était la fin de la vieille machine qui s’écroule en miettes. 1970 sera l’année un de la paix. Nous pouvons y arriver ensemble, avec votre aide. Nous avons beaucoup d’espoir pour cette nouvelle année, que ce soit pour la jeunesse ou pour les personnes âgées. Nous allons organiser un festival en faveur de la paix fin juillet. Les choses avancent à grands pas, mais nous n’allons pas organiser un festival à la manière des Rolling Stones… (Allusion au chaos d’Altamont, ndlr.)
Y. 0.: Par ailleurs, notre drapeau sera un drapeau blanc. Un drapeau pour la paix, pas un drapeau de combat. Vous pouvez le faire flotter à votre fenêtre ou étendre un drap blanc.
J. L. : Nous avons beaucoup d’encouragements et ce drapeau va être d’une grande aide.
Y. 0.: Quand nous avons fait le bed-in, tout le monde se demandait si nous allions pouvoir changer le monde. On pensait qu’on était dingues, ce à quoi nous avons répondu que ce n’était pas de la folie. Que tout allait bien se passer et que ça allait marcher. Mais tout le monde nous a pris pour des fous et, après le bed-in, nous avons traversé une période de grande dépression. Nous nous sommes dit: « Ils ont raison, nous n’avons pas fait grand-chose et nous n’avons pas aidé le monde. » Nous étions très tristes car il n’y avait aucune réponse. On a pensé qu’on était aussi dingues qu’ils le prétendaient. Puis, nous avons eu beaucoup d’échos positifs et ça nous a vraiment aidés.
J. L.: Et ne croyez surtout pas tout ce baratin sur la gauche ou la droite supposées vous donner le pouvoir, parce que c’est vous qui avez le pouvoir, tout ce que vous avez à faire est de vous en souvenir. Nous avons tous le pouvoir d’obtenir ce que nous voulons. C’est pour cette raison que nous avons fait cette campagne d’affichage disant : « La guerre est finie si vous le voulez. » Nous avons le pouvoir, il suffit d’en prendre pleinement conscience.

À tous ces mômes qui sont devenus dépressifs à cause de la drug culture, nous leur disons que, nous aussi, nous sommes passés par là! Il est plus difficile de faire face à la réalité quand on prend des drogues dures. Et quand on est alcoolique, on ne réalise même pas la réalité parce qu’on est alcoolique. On ne sait même pas qu’on est alcoolique… Croyez-moi, tout ce que vous devez faire, c’est d’essayer de trouver un peu d’espoir ou une lueur de lumière. Ne croyez pas les défaitistes qui prétendent que ça ne sert à rien d’essayer. Le côté « Branchez-vous et défoncez-vous! » (Slogan psychédélique de Timothy Leary, ndlr.) est bidon, il faut vous brancher et foncer, sinon, ils vont vous dégager. Ne laissez pas vos parents croire que la guerre est une nécessité économique, ce raisonnement appartient à une mode révolue. Et si vous êtes convaincus par la paix, vos parents le seront aussi et vous obtiendrez leur compassion.
Y.0. : Nous essayons de communiquer avec toutes les générations et avec l’Establishment, qui fait preuve de beaucoup d’hostilité à notre égard, tout comme la vieille génération. Ce n’est d’aucune aide. Nous devons rester zen face à la haine et tendre les mains. Aujourd’hui, John et moi refusons d’être dépressifs, même si nous n’obtenons aucune réponse.
J. L.: N’oubliez pas que l’Establishment est peuplé de Blue Meanies (allusion aux méchants dans le dessin animé Yellow Submarine, ndlr), ce sont des malades! Mais quand on a un enfant malade dans la famille, on ne le jette pas à la rue, on en prend soin et on lui tend la main. Quelque part, nous devons trouver un point d’entente et rencontrer l’Establishment. Quel qu’il soit, car parmi eux, il y a des êtres humains. En fait, ils sont tous humains, bien qu’ils n’en aient pas l’air. C’est à nous de tendre la main aux enfants retardés au lieu de leur foutre une trempe.
Y. 0.: Ne les méprisons pas parce qu’ils ont les cheveux courts. Les cheveux longs et les cheveux courts
doivent se serrer la main… L’année prochaine n’est
pas seulement l’année numéro 1 de la paix, mais
aussi l’année numéro 1 de l’espoir.
J. L. : C’est exactement ça.

Emmanuel G.