Lettre ouverte à :

Ban Kin-moon, Secrétaire Général des Nations-Unies ;
Novanenthem Pillay, la Haut-Commissaire des Droits de l’Homme aux Nations Unies ;
Laura Dupuf Lessere, Président du Conseil des Droits de l’Homme ;
Scott Campbell, le Représentant du Haut- Commissaire des Nations aux Droits de l’Homme.

Comme vous le savez sans doute, le président Laurent Désiré KABILA a été tué, il y a 11 ans, le 16 janvier 2001. Selon la version officielle, Laurent KABILA a été assassiné par son garde du corps Rachidi. Mais le meurtre de Laurent Désiré KABILA reste non élucidé. 50 détenus croupissent dans la prison de Makala, à Kinshasa. Ils ont été condamnés au terme d’un procès injuste alors que de nombreux officiels reconnaissent ouvertement, qu’ils sont innocents. Dont certains leur état de santé ne cesse de se détériorer. Cette situation est très grave et il est impératif de mettre cela sur la place publique.

Je vous écris du point de vue de ma conscience et d’autre part du point de vue de ma responsabilité humaniste que je ne peux pas rester silencieux face aux tortures systématiques pratiquées à ces innocents. Je suis profondément scandalisé par le manque de sérieux dont a fait preuve la justice tout au long de l’instruction et pendant le procès.
Pour comprendre la révolte qui anime ma détermination, il suffit de vous projeter dans la dimension humaine, car en 2003 lors du verdict sans appel le jugement du tribunal disait qu’il fallait compléter les enquêtes. Mais les autorités congolaises n’envisagent aucun intérêt de rouvrir ce procès.
Chercher la vérité, quoi qu’il en coûte, est un principe qui, je crois, fait l’unanimité. La vérité doit être regardée en face aussi accablante et révoltante qu’elle soit. La vérité peut être parfois réellement choquante. Choquante pour nos convictions, notre tranquillité.

Le devoir de vérité nous oblige à nous interroger sur les circonstances objectives de l’assassinat du 16 janvier 2001 du feu président Laurent Désiré KABILA qui restent inconnues à plus d’un titre. Qui l’a tué, pourquoi, quand et qui ont commandité cet acte à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.
J’ai la certitude que la lumière n’avait pas été faite sur l’assassinat, que la justice avait été mal rendue et la centaine de condamnées à l’époque étaient innocents. Dans l’affaire KABILA on parle de 50 innocents encore en vie et en détention aujourd’hui. Ce qui me révolte, ce procès n’était qu’une parodie de justice, il y avait plus de sentiments personnels que l’envie de chercher la vérité. Dans notre pays la démocratie souffre d’une dictature sans merci où il n’y a pas de séparation de pouvoir. Les jugent peuvent- ils faire un contrepoids ?

Le procès sur l’assassinat de KABILA a été une grosse escroquerie. Les personnes qui sont encore détenues suite à cela sont traitées avec une cruauté incroyable de la part du régime en place qui utilise souvent les détenus de Droit commun pour les maltraiter. Ils sont privés souvent de ratio alimentaire, des soins médicaux. Deux sont déjà décédés faute de soins médicaux dont parmi eux cinq sont très malades : le Général LIYA, Nono LUTULA, le Colonel MUTINDU, le Capitaine ITONGWA, Pascal MARIGANI. Les conditions de détention dans la prison de Makala sont déplorables et ressemblent à celle d’un camp Nazi.

On peut donc se demander quelles sont les vraies raisons du rejet des demandes en révision de ce procès. Peut-être le risque d’une contestation populaire et d’un retour de l’affaire sur le devant la scène. Alors y-a-t-il derrière cela, comme l’affirment les défenseurs des Droits de l’Homme, une affaire d’Etat? Des voix se sont élevées depuis pour dénoncer une manipulation et un manque de sérieux dans le dossier d’instruction ainsi qu’au moment du procès.

Aujourd’hui sans doute est-il temps de réexaminer avec sérénité toute les pièces du dossier. De reprendre tous les éléments de l’enquête. Et de rejuger sans haine et sans passion ces Prisonniers Politiques. Après l’assassinat de KABILA, Rachidi est tué, tandis que MIRINDI et BILAL sont d’abord allés au Rwanda. Du Rwanda, où on les a confiés au RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie, ex mouvement Rebel). Dans ma thèse, je confirme qu’il y a déjà le Rwanda qui est dedans. Il y a les acteurs du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie, ex mouvement Rebel) qui étaient aussi dedans dans le puzzle. Il y a eu aussi une agitation à l’ambassade des Etats-Unis, notamment l’attaché militaire le Colonel SANDOZ, qui est parti juste quelques jours après la mort du feu Président Laurent Désiré KABILA. Cela me pousse à croire que les américains n’étaient pas très loin, alliés du Rwanda pendant la guerre qui déchirait alors la République Démocratique du Congo. Il y a eu aussi 11 assassinats de libanais qui n’avaient rien à voir avec l’affaire, assassinés par l’héritier du pouvoir le président Joseph KANAMBE Kabange (soi-disant Joseph Kabila).

Je voudrais montrer clairement que 50 innocents croupissent en prison par la seule volonté du président Joseph KANAMBE Kabange qui avait besoin de faire croire qu’il avait trouvé les assassins de son père adoptif pour asseoir son pouvoir. Il fait usage de la machine répressive, la torture, des assassinats et des emprisonnements abusifs pour s’assurer de rester au pouvoir. Bref, tout le monde semblait avoir intérêt à privilégier la stabilité politique au détriment de la justice et de la vérité.
L’affaire de l’assassinat du Président KABILA est un dossier tabou et peu de gens osent l’aborder par peur d’être tué, à titre d’exemple le cas de Floribert CHEBEYA, militant des Droits de l’Homme et Directeur Exécutif de l’ONG Voix des sans Voix. Son corps sans vie a été découvert le 2 juin 2010. La police nationale est mise en cause, son chef, le Général John NUMBI Banza Tambo qui a préparé l’assassinat de CHEBEYA dans le cadre d’une stratégie de faire taire la vérité. Si NUMBI est suspecté, c’est parce que à en croire la famille du défunt, avec lui que Floribert CHEBEYA avait rendez-vous le 1er juin 2010 au quartier général de la police. NUMBI est l’un des plus proches collaborateurs du chef de l’Etat Joseph KANAMBE Kabange.

Je sais en écrivant cette lettre que je m’attaque à un dossier le plus sensible, mais rien dire cautionne. Cette situation est inhumaine et n’a que trop durée. Le silence autour de leur sort est scandaleux. Aujourd’hui c’est à mon tour d’exercer mes Droits de citoyen et de vous demander justice pour ces Prisonniers Politiques.
L’attitude peu énergique de l’ONU ne peut que conforter le président Joseph KANAMBE Kabange dans son arrogance et l’encourager à continuer de tuer.
Soyez assurés que je me battrais jusqu’à ce que justice s’ensuive.

Veuillez agréer, Madame, Messieurs, l’expression de ma plus haute considération.

Fait à Urdorf, le 17 mai 2012
KIVUILA André

Kivuila