Les feuilles n’en finissent pas de tomber des arbres. Elles se détachent une à une et tombent lentement dans l’air calme de ce début du mois de décembre. On les regarde suivre un mystérieux parcours dans les airs qui semble prévu de toute éternité et atterrir sur le sol, exactement à la bonne place. Je crois qu’il y a un haiku qui dit ceci. Chaque feuille tombe, à sa place. Il y a une profonde vérité dans ces paroles. Derrière l’apparent désordre de la nature en automne, règne un ordre parfait.

Gaïa poursuit sa mue annuelle, elle se couvre d’un manteau d’or et de cuivre, s’enroule dans des écharpes de laine grise et argent. Sous le tapis de feuilles humides dont elle se drape, un nouveau cycle vital se prépare. C’est l’alchimie de l’humus, l’or éternel qui nourrit le sol, les racines, la vie. Rien ne naît, rien ne meurt, tout est en perpétuel mouvement, renouvellement, et la vie se nourrit d’elle-même.

On aimerait être comme ces arbres qui se délestent en douceur de leur fardeau de feuilles devenues inutiles. Laisser tomber un à un tout ce qui n’a plus sa place dans sa vie. Non seulement les regrets et les souvenirs qui ne sont plus d’actualité, mais tout simplement les objets dont on n’a plus besoin, et que l’on garde “au cas où”. Fichue peur de manquer, qui nous étreint même en temps de paix ! Fichu besoin d’accumuler, qui nous nuit plutôt que de nous servir ! Fichue constipation domestique qui asphyxie nos maisons et notre quotidien !

Et si, en se débarrassant peu à peu de l’inutile, on apprenait à se concentrer sur l’essentiel ? Si tout ce que l’on jette, au lieu de nous manquer, nous nourrissait ? Si ce terreau pouvait nourrir une nouvelle énergie, alimenter des circuits qui en ont plus besoin que nous ? Si, en donnant, on s’enrichissait ?

Peut-être ne sommes-nous, en ce point, pas si différents de nos frères arbres. Peut-être serions-nous plus sages et en meilleure santé si, à leur exemple, nous apprenions à jeter au vent ce qui ne nous sert plus. Peut-être est-il temps d’apprendre à aller vers plus de légèreté, comme ces arbres qui dressent leurs silhouettes épurées contre les ciels à nouveau limpides de décembre, pour mieux se préparer à accueillir le retour du fils de la lumière à la fin du mois.

Que les bénédictions de Gaia soient sur vous,
Dame Ormiel

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Dernière photo : Perles d’automne. Par Spitfirelas

Dame Ormiel