Non pas Reine des fleurs à qui l’attribution revient sans conteste à la Rose, Déesse des fleurs est la Pivoine, un mirage de deux à trois semaines d’une beauté incroyable dans les jardins non seulement de France et de Chine mais partout sur la Terre.

Tandis que certaines sont sans odeur d’autres sentent un mélange de rose et de muguet ; Parfum inoubliable durant toute notre vie sur Terre.

Paeonia ou pivoine est le végétal qui dans les jardins diffuse le plus de pollen. La Déesse est donc généreuse avec les abeilles et par voie de conséquence généreuse pour l’homme.

Ne pensez pas que les fourmis navigant sur la fleur non encore éclose doivent déguerpir de la sommité florale ; En effet, c’est Dame Pivoine elle-même qui invite ce type d’insecte en les attirants par des sucres afin qu’ils n’élèvent point de colonie de puceron. L’occupation des bourgeons non éclos par les fourmis permet aussi de repousser d’autres insectes. Une divine symbiose !

Si tous ceci est relatif aux Pivoines herbacées ou vivces, il n’en demeure pas moins que les pivoines arbustives sont toutes aussi spectaculaires ! Certes leur floraison ne dure qu’une semaine voir une semaine et demie au lieu de plusieurs semaines comme pour la vivace. Certes elles ne sont pas odorantes mais quel spectacle de pétales à profusion, une générosité éphémère mais spectaculaire et mémorable. A l’inverse de la vivace ses tiges sont présentes tout au long de l’année marquant le lieu où l’esprit se rappel alors avoir vu une scène inoubliable !

Perdant ses tiges et son tronc dans le courant de l’automne, la vivace est souvent chouchoutée dans le courant du printemps par les jardiniers et jardinières en charge de cette Déesse car sa générosité est telle que bien souvent si des ficelles ne sont pas entourées autour des pieds au trois quart de la hauteur de la plante alors dame Pivoine embrasse le sol de ses lourdes fleurs comme pour remercier Gaïa d’avoir pu s’épanouir sur elle. La tuteurisation permet de ne pas couper les fleurs afin qu’elles enchantent comme il se doit les jardins, la nature. Les activités de maintenance diverses et variées peuvent être nombreuses au jardin, on peut en éliminer bon nombre suivant les choix de types de végétaux accueillis dedans, cependant la maintenance de la pivoine : arceau autour et désherbage aux pieds, n’est point synonyme de contrainte mais plutôt de bienveillance en l’espoir de retrouver la Déesse dans toute sa splendeur.

Merci à nos Grand-mères, à nos Grand-pères, à nos Parents pour avoir pris soin de cette inestimable plante afin que toutes et tous bénéficient un jour ou l’autre de la vue d’une telle présence tant attendue chaque printemps venant.

Une variété blanche, vivace, se rencontre même dans l’Himalaya : normal pour une Déesse

Delta de la Lyre

La pivoine

de J.C. Junillon

S’il me faut, dans un bouquet, en extraire une fleur

Celle entre toutes qui m’apparaît différente,

Je choisis sans hésiter la pivoine charmante,

Pour la chair de sa robe et sa simple douceur.

Bouton déjà, elle offre à l’oeil une promesse,

Pétales larges et bien formés

Qui se recouvrent en de mutuelles caresses,

Et qui, sur elle, invitent ta main à se refermer.

Atteignant la maturité, elle laisse l’Aquilon

Jouer avec ses charmes. Tel tendre Cupidon.

Et ses robes multiples, autour d’elle en anneau éclatée

Sont une couronne de mariée tout à l’amour dédiée.

Du coeur de ce temple d’amour alangui,

S’évaporent des effluves rares, des parfums discrets,

Ou se mêlent fraîcheur et nostalgie,

Triomphe d’une éphèmère jeunesse teinté de regrets

Plus tard, à la saison passée,

Le rude vent à son tour s’emparera d’elle,

Si bien que quelques pétales par lui arrachés

Marqueront à ses pieds la première défaite de la belle.

Puis arrive le signe marquant l’emprise du temps,

Ce signe qui, sur tous, inexorablement

Règne en inflexible couperet,

Mais que chacun sur soi en module les effets.

Au contraire de la rose et de sa lente agonie,

Rose qui lutte, se rétracte, sur elle se rabougrit,

Pour ne devenir qu’une momie desséchée,

Squelette habillé de lambeaux de peau à peine colorés,

La pivoine s’abandonne, et se laisse prendre sans protester

Elle ne combat ni la loi, ni le hasard,

Qui de chaque destinée en contrôlent la durée.

Pour une dernière fois, elle choisit de s’offrir au regard,

Dans le calme d’une chair tout encore imprégnée de beauté.

Dans un mouvement gracieux, elle se penche,

Et déverse à ses pieds la moisson de sa corolle blanche,

Point d’orgue apaisant d’une vie qui se perd

Dans l’apothéose d’une dernière célébration de chair.

Souvent deux pétales restent attachés

Au sommet de la tige courbée.

Deux larmes, deux papillons blancs,

Qui peu après, se poseront doucement

Sur cette couche nuptiale pour amants séparés.

Poème de J.C Junillon

-Extraits de carnets de notes- In « La boucle de ton nom »
(Editions ST Germain des prés)

Source du poème : laruchedesarts.com

1ère photo : Pivoine vivace rose fuchsia et olfactive par Delta de la Lyre
2nde photo : Exceptionnelle pivoine arbustive visible sur le blog Le Jardin du Soleil
3ème photo : Pivoine sans doute vivace visible sur le blog Happy Us

Delta De La Lyre, Puis J.c Junillon