Lisez avec votre cœur.

Mon frère… je ne sais pas si tu vas m’entendre, car il est vrai que je me tiens moi-même derrière quelques fagots de bois, et ces fagots forment une telle petite montagne, que je me demande moi-même si c’est une barrière, ou si c’est seulement un peu de bois à partager entre toi et moi dans des temps de grands froids… Encore nous faudra-t-il à toi et moi, mon frère… encore nous faudra-t-il nous souvenir du feu… Le feu qui réchauffe et dont les flammes dansent comme des êtres de lumière, est un feu qui ne peut naître que de deux cœurs qui se rapprochent l’un vers l’autre, et qui essaient ensemble de faire naître la chaleur de l’Amour tandis qu’ils se sourient l’un à l’autre, tandis qu’ils se reconnaissent l’un dans l’autre… Mon frère, voici que j’enlève quelques buches de bois, pour frayer un passage à un élan de courage… un élan de fraternité…

Si je fais la moitié du chemin, mon frère, est-ce que tu accepteras de me rejoindre… Il y a entre nous… comme un canyon à la gorge profonde… Si j’essaie de jeter ma volonté d’Amour par-dessus ce canyon, afin de faire un pont qui irait de mon Amour à ton cœur… je vois que le pont demeure inachevé, tant que tu n’as pas jeté à ton tour ta volonté d’Amour vers ma direction, mon frère… tant que tu n’as pas à ton tour visé mon cœur avec l’élan de ton Amour… Mon frère… est-ce que le fossé est si grand entre mon cœur et le tien, que pas même mes chants entonnés avec le plus de force et le plus de conviction, ne parviennent jusqu’à ton cœur… Parfois j’entends l’écho de mes mots et de mes paroles qui me revient… mais je ne reconnais pas mon intention d’Amour et mon élan d’Amour dans cet écho, parce que ma voix a rebondi contre tes fagots de bois… Mon frère… je viendrai toujours aussi près que je peux de ton cœur… alors ne crains rien, fais seulement quelques pas, et nous pourrons nous prendre la main.

Maître Kessani (maître de pratique spirituelle).

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