Lorsque le Cœur d’un Kumara se remet à battre, tout son être se voit brutalement perdre pied dans le monde qui l’a vu naître. Sa jeunesse insouciante révolue, il s’est mis à peser chacun de ses gestes afin de trouver sa place dans ce monde d’adoption. Il a étouffé l’appel de son Cœur et brisé le lien ténu à son Âme. Cette trahison s’est renouvelée à chaque instant de sa vie terrestre. Le regard posé sur toutes ces années passées, il prend conscience de l’affadissement de sa volonté et de la corruption de son esprit. S’être livré à d’insidieuses compromissions l’a éloigné de l’allégeance à la mission que son Cœur de Kumara lui dicte.

La résurgence de sa parcelle encodée de royauté rend de plus en plus intolérable la trajectoire actuelle de sa vie quotidienne.

La vibration de sa divinité intérieure ne s’est pourtant nullement tarie puisqu’elle est éternelle.

Le lent et pernicieux asservissement aux normes mercantiles, amorales et déshumanisées de la société l’a simplement conduit à être son propre sicaire de sa reliance au divin.

Avoir été si longtemps aride à l’idée que Dieu rayonne à l’intérieur de lui avait asséché son Cœur de Kumara.

Pour se relever de ses abaissements, le Cœur d’un Kumara cesse de se soustraire à la direction de son être solaire. Toute l’autorité sur son être terrestre se concentre dans les mains de son Roi intérieur. Ce grand monarque n’est que l’expression pleine et entière de l’assistance de l’Esprit de Dieu. Le véritable Roi est celui qui s’active à conquérir son royaume intérieur.

L’EXIL DU ROI

Dorénavant, l’écart grandit chaque jour entre sa compréhension refondée des apparences de ce monde et celle perçue par la multitude humaine. Seule l’écume de cette multitude s’émulsionne sur le rivage d’une réalité s’affranchissant progressivement de l’Illusion et de la Séparation. Mais l’écume finit toujours par refluer par la force d’attraction de cette multitude sans Roi. Le Kumara révélé à lui-même se retrouve exilé sur une île intérieure à laquelle l’humanité renonce par confort de l’indolence.

Face à la solitude de l’exil, la tentation est alors forte de replonger. Ce flot de systèmes de pensées étriqués et de rapports égotiques de l’homme à l’homme a pourtant failli engloutir ce que le Kumara est au fond de lui-même. Le tourbillonnement de la multitude l’a aussi amené à des degrés inégalés de désacralisation de la vie. Ses larmes mettent la paix entre sa part d’ombre et sa part de lumière. Replonger dans ce flot, c’est laisser échouer sur la grève sa grâce divine nouvellement retrouvée. L’univers préservé de son Cœur de Kumara lui enjoint de ne plus s’enchaîner aux artifices d’un monde à l’agonie.

Cette époque râpeuse s’assujettit à un pouvoir temporel rejetant tout pouvoir spirituel. La multitude devient incapable de se diriger elle-même. La veulerie et le clientélisme des gouvernants ne rivalisent qu’avec la laideur et l’iniquité de leurs actions. En s’éloignant de son unité à Dieu, la multitude se mit à adorer ce qu’elle voyait, au premier chef l’idée qu’elle se faisait d’elle-même. Les interfaces électroniques se sont insinuées entre l’esprit et le Cœur, brisant le pacte éternel liant l’être incarné à son essence divine.

Creuset d’une royauté perdue, un Kumara se sait dépositaire d’un don fait en chaque homme. Le rapport de celui-ci à l’incarnation a trop longtemps mis en sommeil ce potentiel.

La lucidité d’un Kumara sur le devenir de l’homme le pousse uniquement à se purifier, laissant aux autres les jouissances de ce monde.

Autrement, il se sait ne pas être digne de recevoir le divin dans son royaume intérieur.

Le fil morne des jours hante ceux qui ont depuis longtemps oublié leur royaume intérieur. Leur véhémence à dénigrer la moindre allusion à ce royaume perdu n’a d’égale que leur peur d’en ressentir le manque.

Les hommes n’ont plus de Roi
car la république les a faits rois.

En ces temps d’oubli de l’essence de Soi, le Cœur d’un Kumara ne peut servir deux maîtres à la foi. Le non-choix lui est impossible. La vie est mouvement et celle-ci le porte à retrouver la Foi en ce qui est Tout, Sans-Nom et Tous-les-Noms à la fois.

Pour ne pas se perdre dans l’inanité de la multitude, l’exil intérieur d’un Kumara le protège d’une destinée collective menant à un précipice qui n’effraie même plus les hommes.

La vanité à laquelle il apprend à se détacher, chercherait à le mettre en action pour tenter de dévier cette course folle des hommes. La Paix s’installant dans son Cœur lui enseigne seulement de se replacer sous la Providence divine. Il éteint le feu trop longtemps sans maître qui l’amena à se révolter contre l’ordre divin.

Tout Kumara révélé à lui-même se repent silencieusement d’avoir excité autrui à la désobéissance.

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Samuel