Rédigé par Maxime Gréau

Pour la toute première fois en France, Eckhart TOLLE nous fait l’honneur de sa présence. Il est venu à Paris, au Grand REX le 16 Septembre dernier pour nous parler de « Moment Présent », et nous en donner les clés !..

L’identification au mental et la naissance de l’Ego !

Eckhart Tolle évoque tout d’abord le mythe de Narcisse pour illustrer son propos sur la naissance de l’ego, de l’identification, c’est-à-dire la représentation que nous avons de nous-même. Il parle de ce personnage, tombé amoureux de lui-même et incapable de vivre sans son reflet.
Il évoque alors la notion de « concept », créé par le mental, auquel nous nous identifions. C’est une forme d’identification à ce que nous pensons être.
Selon Eckart Tolle, nous passons notre vie à construire notre identité par le biais de petites choses que nous « figeons » ou « isolons »; ce sont « les étiquettes », une forme de jugement ou d’avis que nous posons sur toutes choses.
Par exemple : lorsque certaines de nos actions engendrent une ou plusieurs conséquences, l’étiquette, la croyance, serait de penser que chaque action de type « Z » engendrerait toujours les mêmes conséquences. En faisant cela, nous ne laisserions pas « de seconde chance à la vie », comme si les choses étaient figées et ne pouvaient être différentes. Une forme de condamnation, sous prétexte que ces fait se sont produits une fois… Petit à petit, et de certitude en certitude, c’est finalement nous-même qui façonnons notre vie et créons notre propre réalité en fonction de nos croyances.
Cette réalité est celle de notre profil de personnalité qui ne sait voir autrement que par ses propres filtres. Plus nous en sommes conscients et en mesure de les observer (ces filtres) et moins nous les subissons, et moins nous tombons dans les schémas de répétition.
En plus de l’identification au corps qui, à terme est source de souffrance, Eckhart Tolle souligne que nous pouvons aussi nous identifier aux pensées : « Je suis alors ce que je pense ». Ces pensées sont générées par « l’interprétation » de nos expériences passées, par ce que l’on nous a dit ou par l’idée de ce que serait le futur.

En effet, nous croyons à des choses que nous n’avons nous-même souvent pas expérimentées ! Nous nous identifions alors à un passé, qui se retrouve dans le présent, une forme de réalité personnelle venue d’un concept de la vie, ni vécu ni expérimenté, et pourtant bien réel à présent une fois étiqueté par notre mental.
Nous venons de créer notre réalité, à partir de certaines idées reçues, croyances et visions du monde accumulées… C’est le concept de NOTRE vie qui n’appartient qu’à nous !
Eckhart Tolle nous invite à « reprendre notre autonomie » en expérimentant et en cessant de conceptualiser la pensée, l’image ou le corps. C’est sortir d’un ego qui identifie tout, c’est cesser de juger, cesser de tout étiqueter, c’est laisser à la Vie la possibilité d’être autrement. Il n’y a pas d’issue satisfaisante dans cette identification.

Sortir de la souffrance

Dans un deuxième temps, Eckhart Tolle nous explique que nous avons le choix d’adhérer ou non au « Corps de souffrance » – notre « moi négatif », et de nous recentrer sur ce qui fait sens. Cependant, bien que nous ayons le choix de ne pas souffrir, nous pouvons aussi considérer la souffrance comme faisant partie de l’équation Terrestre, sans pour autant dramatiser.
Chaque moment est en effet une opportunité de croissance puisque la vie ne nous laisse jamais nous éloigner trop longtemps de notre chemin. C’est pourquoi chaque porte qui se ferme est peut-être une occasion de nous réorienter plus justement.
Nous avons alors le choix considérer ces événements comme quelque chose de triste ou de négatif, mais nous pouvons aussi les visualiser comme une opportunité d’être plus aligné et davantage à notre place.
Si nous considérons ces moments (agréables et désagréables) comme faisant partie d’un tout harmonieux, ceux-ci deviennent porteurs d’enseignement, d’espoir, de progression et de croissance personnelle.
De ce point de vue, la Vie semble plus confortable. Nous cessons par la même occasion de nous opposer à ce qui nous est proposé, c’est la naissance de la Paix intérieure…

📌 ACCEPTER la présence de la souffrance semble donc bien plus réaliste que de vivre SANS souffrance.
Ainsi, pour ne pas souffrir, il suffirait de ne pas opposer de résistance au flux de la Vie… Seulement voilà, il est bien difficile de se laisser pleinement porter de la sorte, d’autant plus lorsque nos « étiquettes » sont nombreuses ou lorsque notre zone de confort révèle certains avantages…
Changer, signifie se confronter à un inconnu, qui fait peur, et auquel nous résistons, (la résistance est la naissance de la souffrance). Limiter la souffrance revient donc à lâcher prise dès l’apparition des premiers symptômes (tension, crispation, mal-être) afin de retrouver la fluidité de départ.
La courbe d’apprentissage : tout expérience génère une conséquence, qui à son tour nous permet d’intégrer des enseignements et de générer des prises de conscience. Ce faisant, et brillant de notre nouvelle lumière intérieure, nous voilà prêts pour de nouvelles expériences chargées de nouveau enseignements… ainsi de suite…
Selon Eckhart Tolle, ce n’est pas l’événement en lui-même qui nous fait souffrir…
Il prend l’exemple des embouteillages.
Est-ce le fait d’être coincé dans un embouteillage qui crée la souffrance ou est-ce que c’est la pensée générée par l’embouteillage qui devient le problème ?
N’est-ce pas « tout ce que je vais me raconter » (le discours mental) à propos de ce même embouteillage qui, finalement, va m’emmener dans une souffrance ? « Il y en a marre, ça recommence, pourquoi j’habite-là, j’ai vraiment pas de chance… ». Ainsi commence la rumination, la projection, la frustration, la colère, le mépris, le jugement.
❓ Pourtant, dans ces moments-là, qu’est-ce qui nous empêche de nous connecter à notre état interne et de rester centré sur soi ?
Cette situation, comme toutes les autres, peut être perçue une nouvelle fois comme une expérience nous permettant de revenir à plus de présence, d’harmonie intérieure pour observer cette pensée compulsive, ce petit vélo qui étiquette les moments plutôt que de vivre le moment tel qu’il est réellement.
Le moment, celui qui passe d’instant en instant n’est donc ni bien ou mal (ce serait du jugement), il est tout à fait possible d’utiliser ces moments de manière positive, comme en écoutant de la musique par exemple ou de laisser aller sa créativité, ou encore de revenir aux sensations corporelles !
Eckhart Tolle fait référence à Bouddha et insiste sur le fait que le moment ne doit pas être étiqueté ou jugé afin de ne pas ajouter de souffrance sur un moment qui n’en contient initialement pas.
Notre double négatif, le corps de souffrance, se réjouit, certes mais nous pouvons choisir d’y adhérer, ou pas, et de se recentrer sur ce qui fait sens, sans céder à la compulsion…

📌 Eckhart Tolle, nous invite donc à honorer le Moment Présent pour ce qu’il est vraiment : la seule chose qui existe. Le passé est passé, le futur n’existe pas encore, et rien ne se passe jamais vraiment comme nous l’avions imaginé
Tout se passe ici et maintenant, rien n’existe ailleurs que dans le moment présent. Comme je vous le dis bien souvent, nous respirons dans le moment présent, nous parlons dans le moment présent, vous m’écoutez ou me lisez ici et maintenant, ni hier, ni demain.
Eckhart Tolle dit que cela n’empêche pas de faire des projets, mais ces projets, programmés dans le moment présent, auront comme saveur et comme conséquences, les intentions que nous y aurons mis dans le moment présent de leur création.

Autrement-dit, ce futur si important pour notre mental se crée depuis le moment présent, dans le « maintenant », d’instant en instant. Cultiver les liens au corps est fondamental selon Eckhart Tolle pour revenir au moment présent, car le corps ne ment pas et n’existe qu’ici et maintenant. Eckhart Tolle fait un trait d’humour en disant que notre chien est finalement plus heureux que nous car il n’a pas de pensées compulsives, de jugement, d’identification sur ce qu’il est en train de vivre. Il Vit, IL EST !

Eckhart Tolle, qui fut SDF à un moment de sa vie, nous dit qu’il était capable de vivre sa situation de sans-abri de manière heureuse parce qu’il était dans le moment présent. Il a vécu ce moment comme une initiation, un moment de création. Il était capable, même dans un cas en apparence aussi tragique que celui d’être SDF, de ne pas étiqueter, ni lui-même ni sa situation. Il ajoute que, pour éviter de penser, il faut accepter totalement qui l’on est vraiment dans le moment présent.

Une dimension plus spirituelle et un sens au moment présent

Il nous pose ensuite la question de savoir à quoi sert tout ça ? Il en vient à parler finalement du : « qui sommes nous vraiment ? ».
Si je ne suis pas mon corps,
Si je ne suis pas mon image,
Si je ne suis pas ce pour qui je me prends,
Si je ne suis pas mes pensées,
Si je ne suis pas tout ce que je me raconte…

📌 Si je sors de la conceptualisation de ce que je pense être, alors je tombe sur qui JE suis.
Quelque chose de plus grand, une Conscience comme l’a nommée Eckhart Tolle. D’autres la nomment la Matrice, l’Univers….Dieu…. Il y a quelque chose de plus grand que l’ego, quelque chose qui inclut l’égo sans s’identifier à lui pour autant.
Voilà ce que je suis !

Eckhart Tolle dit que nous sommes une portion de cette Conscience. Je prends souvent pour exemple la goutte d’eau dans l’océan.
C’est comme si une goutte d’eau, projetée hors de l’océan par les vagues, se prenait le temps d’un instant, pour autre chose que l’océan ! C’est à la fois vrai et faux ! Elle est identifié comme « goutte d’eau » jusqu’à ce qu’elle retombe parmi les sien, dans l’océan. Il nous sera alors impossible de la retrouver, car elle et l’océan sont en fait la même chose !
📌 Nous sommes tous des gouttes d’eau projetées hors de l’eau par les vagues. C’est l’incarnation

Nous venons tous de cet océan, NOUS SOMMES l’océan ! La méditation est un outil concret pour nous permettre d’accéder à cet état de présence, de pleine conscience, qui est elle-même une manière de nous souvenir de qui nous sommes et d’où nous venons…
Nous pouvons faire un lien avec « l’histoire de la Petite Âme » qui décide de venir sur Terre pour poursuivre son évolution. Tout est donc prétexte à grandir et évoluer, le tout dans la joie, car grandir c’est joyeux.

Eckhart Tolle finit en disant que nous venons tous d’une même chose et que seules nos Formes sont différentes. Alors si nous sortons de l’identification à la forme, il reste l’Essence. Or, Eckhart Tolle cite St Exupéry en disant que ce qui est essentiel est invisible.
Il ajoute qu’aimer l’autre c’est s’aimer soi-même, puisque tout est UN.
Puis il se lève et s’en va. Le public du Grand REX applaudit largement…

Source: heureux-dans-sa-vie.com

Maxime Gréau