Une équipe internationale de recherche doit révéler mercredi aux Etats-Unis la possible existence d’une nouvelle « force » dans la nature, une observation qui, si elle est confirmée, serait une avancée majeure dans la physique des particules.

« Il pourrait s’agir de la première manifestation de quelque chose qui est tout un monde d’interactions au-delà de toute la science physique telle que nous la connaissons, quelque chose que l’on recherche depuis longtemps », a expliqué à l’AFP Giovanni Punzi, un physicien au laboratoire Fermilab de Chicago et porte-parole de l’équipe internationale ayant mené ces travaux.

Selon lui, « cela pourrait être une nouvelle force inconnue » en plus de celles de la gravité, de l’électromagnétisme et des forces nucléaires forte et faible.

Ces recherches sont conduites depuis plus d’un an dans l’accélérateur de particules du Fermilab à Chicago (Illinois, nord) qui doit cesser ses activités en septembre faute d’argent.

Ces travaux sont publiés dans la revue américaine Physical Review Letters et devaient faire l’objet d’une présentation à partir de 21H00 GMT au Fermilab accessible en ligne sur le site du laboratoire.

« Tout le monde attend la découverte de quelque chose car il y a des pièces manquantes dans la physique que nous connaissons … c’est pourquoi on est tous très emballés », a poursuivi Giovanni Punzi.

Il a néanmoins reconnu que cette observation « pouvait être une simple fluctuation » ou irrégularité, explicable par la physique conventionnelle. Mais il a jugé cette possibilité très improbable, « avec moins de deux chances sur mille ».

« Nous allons maintenant essayer d’obtenir autant de données que possible pour confirmer ces résultats », a expliqué le physicien, écartant d’ores et déjà la possibilité que ce phénomène soit une manifestation du célèbre boson de Higgs, clé manquante dans la théorie de la physique des particules élémentaires qui n’a jamais pu être observé.

« La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est qu’il ne s’agit pas du boson de Higgs », a dit Giovanni Punzo, précisant que la nouvelle découverte concernait un objet lourd, ayant 145 fois la masse d’un proton.

« Personne ne sait ce que c’est », avait expliqué auparavant au New York Times, Christopher Hill, un physicien du Fermilab qui ne fait pas partie de l’équipe de recherche.

« Si cela se confirme, ce serait la découverte la plus importante en physique depuis un demi-siècle », a-t-il jugé.

Tout en notant que ces résultats sont certainement « exaltants », Nigel Lockyer, directeur du laboratoire national canadien de physique nucléaire et des particules (TRIUMF) a estimé qu’il était « trop tôt pour savoir avec certitude ce que les chercheurs du Fermilab ont observé ».

« D’une part, il y a des indications claires que nous sommes face à quelque chose d’inexpliqué et en même temps il existe une longue liste d’autres explications possibles », a-t-il ajouté.

Pour lui, « l’excitation suscitée par cette observation ne fait qu’alimenter un nouvel engouement pour la prochaine génération de résultats et de découvertes qui proviendront des recherches conduites au Grand collisionneur de hadrons (LHC) (situé à la frontière franco-suisse) et ailleurs ».

« Nous sommes très près de découvrir quelque chose de fondamental », a estimé le physicien canadien.

Afp