L’histoire du jeune plant, comme toute histoire, cela se déroule dans l’univers des formes et des voiles, dans un espace-temps et dimension quelconque. Un jeune plant qui se trouvait dans l’obscurité, dans la fraîcheur de la terre, ne sachant pas ce qui se passait, il sentait que ce qui lui servait de corps, était en train de changer, que des bras sortaient de ce corps et dans le sol, à la recherche des éléments nécessaires à sa croissance. Comme il n’avait aucune notion du temps et de l’espace, il changeait, tout en se sentant tiré vers le haut.

Sans avoir peur, car il sentait et ressentait en lui cette force vitale qui continuait sa progression, son ascension vers le haut. À un moment donné, il a ressenti de plus en plus de chaleur, c’était bon et chaud, tout en sentant l’eau de pluie, il n’en connaissait pas l’origine, ni le nom, seulement les bienfaits sur sa croissance. Il a senti le déchirement de la terre, pour la première fois il a perçu la lumière du ciel, une grande sphère de lumière qui ne gardait pas la même intensité se perdant dans l’horizon. Une toute nouvelle lumière a pris le relais, une sphère plus petite, moins chaude, plus froide.

Pour la première fois, il prit conscience du temps, du cycle jour et nuit, percevant la vie différemment, comme si ce monde avait deux mondes, toute cette diversité de vie s’éveillant à la venue de cette grande sphère et ceux qui prennent congé en s’éloignant de cette lumière, lorsque la grande sphère se perdit dans l’horizon jusqu’à perdre toute sa luminosité, la petite sphère entra en jeu, une lumière plus froide ou une autre diversité de vie prit vie. Le jeune plant, qui était observateur de ces deux mondes, n’avait que la joie d’être témoin, d’avoir ce grand privilège.

De plus en plus ce jeune plant, grandissant en taille comme en largeur, sentait des racines profondes se perdre dans cette profondeur de la terre, tout en gagnant en hauteur pour pouvoir voir de plus en plus ce qui se manifestait tant dans les deux mondes. Il s’est dit que s’il était témoin de ces deux mondes, c’est qu’il avait reçu ce grand privilège, c’est qu’il y avait une bonne raison à tout cela. Comme il ne pouvait pas bouger, ce qu’il pouvait ressentir était ce qui le retenait dans la terre, se nourrissant de ces éléments, tandis qu’il se nourrissait du monde de la grande sphère, sentant sa chaleur et sa lumière le pénétrer dans tout ce qui était exposé, puis passait dans l’autre monde, cette petite sphère ayant une lumière plus froide, ressentant le besoin de se reposer.

Ce jeune plant qui était devenu un arbre n’avait pas le même langage que ceux qui se déplacent, il n’avait aucun jugement, aucune attente, il observait simplement toute cette agitation, il accordait la même attention à tout sans entrer dans aucune histoire, se contentant de recevoir de la nourriture de la terre et de la nourriture du ciel, tout en étant en harmonie, en paix. À sa manière, il accompagnait les deux mondes, tout en étant dans cet accueil, dans cette acceptation, car il n’avait pas d’autre référence que sa propre expérience. Il aimait ce qu’il voyait, essayant de comprendre le pourquoi et le comment, se disant que certaines formes de vie sont plus adaptées pour vivre dans le monde de la grande sphère et qu’une autre catégorie préférait le second monde, celui de la petite sphère, lui permettant d’être plus retiré, de passer presque inaperçu.

Voyant que toute cette manifestation de la vie était nourrie différemment et avait d’autres besoins. Sans pouvoir se référer au temps, en passant d’un monde à l’autre sans s’arrêter, il est devenu un arbre adulte avec une bonne structure pour affronter les éléments ainsi que les saisons, toujours à la découverte de cette vie qui se manifeste de saison en saison. À un certain moment, le temps a commencé à faire des ravages dans sa structure, l’affaiblissant jusqu’à ce qu’il s’effondre, comme s’il avait perdu le contact avec ces deux mondes, comme si le ciel lui était tombé sur la tête en le recouvrant de terre. Il a continué à ressentir la vie à travers ses racines.

Avant que la vie ne le quitte pour de bon. Il pensait à la chance qu’il avait d’avoir eu le privilège de pouvoir observer toute cette autre diversité de la vie, d’avoir pu se déplacer dans la lumière du monde de la grande sphère et de cette autre catégorie qui préférait être dans le second monde, celui de la nuit, de la petite sphère, de cette lumière froide, et donc d’avoir pu profiter des saisons. Il n’avait aucune peine, seulement de la joie, seulement de la gratitude, disant qu’il allait bientôt quitter ces deux mondes, dont il était un témoin privilégié pour avoir pu le vivre. Non, il n’avait aucune crainte, heureux de l’avoir ou de le vivre et d’en être témoin, il sentait que la fin approchait, ressentant davantage l’essence de la vie à travers ces racines, des picotements, comme si le moment était venu de dire adieu à ces deux mondes.

Lorsqu’il a voulu exprimer sa gratitude, sa reconnaissance, il s’est soudain retrouvé dans un grand vide, sans monde, sans manifestation de vie, sans terre ni ciel, c’était le vide, le néant. À sa grande surprise, il se sentait bien, chez lui, il ne ressentait plus le besoin de se nourrir, de grandir, d’observer quoi que ce soit, il n’y avait plus de temps, plus d’espace, plus de dimension, que l’éternel présent sans aucune identification avec quoi que ce soit. Il se sentait apaisé, en paix, en harmonie, comme s’il avait déjà vu quelque chose d’autre, comme s’il sentait qu’il avait vécu autre chose et chaque fois qu’il se réveillait dans ce vide absolu, trouvant la paix, la joie, cet amour incommensurable, il ne pouvait pas se l’expliquer puisqu’il savait que c’était son essence éternelle.

Il commença à se souvenir, qu’il était ce jeune plant, ce jeune arbre qui avait eu le privilège de pouvoir observer et témoigner des deux mondes, qu’il n’avait aucun jugement, qu’il était seulement reconnaissant d’avoir pu vivre cela, tout en remerciant la terre et le ciel d’avoir contribué à son bonheur. Il sait maintenant qu’il est la lumière éternelle de la vie, qu’il est le créateur de tous les mondes, univers et dimensions, qu’il a tout élaboré pour vivre toutes les expériences et les apprentissages de ses créations, sachant qu’il est toujours le vide absolu, l’intelligence absolue, la lumière éternelle de la vie, quelle que soit l’expérience qui se fait à travers ses créations, univers de formes et de voiles, d’espace-temps et de dimension, qu’il sera toujours cet observateur privilégié pour vivre cela et en être témoin.

Quoi qu’il arrive, il est toujours ce vide absolu, cette intelligence, cette lumière éternelle de la vie, cet amour absolu qui s’accompagne, s’accueille, s’accepte et s’aime, quel qu’il soit dans cet univers de formes et de voiles, d’espace-temps et de dimension, il est ce témoin privilégié, l’observateur qui s’observe et même qu’il arrive à l’oublier, qu’il reste cette lumière éternelle de la vie. Il sait qu’il est en même temps tout et rien, qu’il est le vide absolu, l’intelligence et l’amour absolu de toute l’éternité. C’est ce qui révèle ce que nous sommes de toute éternité, à travers cette petite histoire.

Par Régis Raphaël Violette

Publié par Lumière qui aime tout d’un même amour (Profil & Articles associés)