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En Tanzanie et au Kenya, des milliers de personnes atteintes d’albinisme ont quitté leur village par crainte de persécution pour aller vivre dans des zones urbaines où ils se sentent plus en sécurité, selon des militants qui défendent les droits des albinos.

« Les albinos sont de plus en plus nombreux à [aller vivre] dans les grandes villes et à fuir leur village », a dit Ernest Kimaya, président de la Société des albinos de Tanzanie. « Le gouvernement tanzanien a cependant [fait] beaucoup d’efforts pour s’assurer que les meurtres d’albinos cessent en renforçant leur protection dans les villages ».

M. Kimaya, qui a pris la parole le 10 février à Nairobi lors d’une conférence destinée à sensibiliser les gens sur la question de l’albinisme, a dit que la Société avait jusqu’à présent recensé 7 124 albinos en Tanzanie, parmi lesquels 3 580 sont des femmes. On estime cependant que les chiffres réels sont plus élevés.

L’albinisme est une maladie génétique causée par l’incapacité du corps à produire de la mélanine. Ce pigment aide la peau à se protéger des rayons ultraviolets nocifs du soleil. Les albinos sont souvent victimes de meurtres [rituels] à cause d’une fausse croyance selon laquelle leurs membres ont des pouvoirs spéciaux lorsqu’on les mélange à des concoctions utilisées dans les rituels de sorcellerie.

C’est en Tanzanie – où un « ensemble complet » incluant les membres, les oreilles, la langue, le nez et les
parties génitales [d’un albinos] se vend à des milliers de dollars – qu’ont été rapportés la plupart des meurtres. Les participants à la conférence ont également appris que la persécution des albinos était chose courante au Kenya. En août, un homme a été arrêté pour avoir tenté de vendre un albinos kényan pour 250 000 dollars.

« À Nairobi, beaucoup de jeunes personnes atteintes d’albinisme ne se sentent pas à l’aise dans certains secteurs, en particulier après la tombée de la nuit », a dit Mumbi Ngugi, de l’Albinism Foundation of East Africa, basée à Nairobi. « Nous avons également été informés de cas de menaces à l’encontre d’albinos vivant dans des zones rurales ».

« Hier, j’ai appris qu’un jeune homme atteint d’albinisme avait dû être protégé après qu’on l’eut menacé de le tuer et de vendre ses organes », a ajouté Mme Ngugi. « Les parents qui ont de jeunes enfants vivent dans la peur, car bon nombre d’attaques en Tanzanie ont été perpétrées contre des enfants, et plusieurs craignent que le phénomène ne s’étende au Kenya ».

En août, un tribunal tanzanien a condamné un Kényan qui tentait de vendre un albinos à une peine de 17 ans de prison et une amende de 50 000 dollars.

Des milliers à se cacher

Entre 2007 et 2009, au moins 10 000 personnes atteintes d’albinisme en Tanzanie, au Kenya et au Burundi ont abandonné leur village et décidé de se cacher, selon la Fédération internationale des sociétés de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Les participants à la conférence de Nairobi ont abordé la question des droits des albinos en termes de sécurité, de santé et d’éducation – deux autres raisons qui expliquent leur préférence pour la ville.

« Le ministre kényan de la Planification a promis l’an dernier d’effectuer un recensement ; on promet également de leur fournir de la crème solaire ; et les personnes atteintes d’albinisme ont été incluses dans certains programmes ciblant les personnes avec des handicaps comme le fonds pour les personnes avec des handicaps. Malgré tout, peu d’efforts ont été faits pour protéger les personnes avec des handicaps », a dit Mme Ngugi.

Elle a exhorté les participants à recommander des stratégies aux décideurs pour satisfaire les besoins des albinos en matière de santé et d’éducation, réduire la discrimination associée à la maladie et éduquer les parents des enfants atteints d’albinisme.

Selon les statistiques publiées le 4 février par Under the Same Sun (USS), une organisation non gouvernementale (ONG) canadienne qui fait campagne pour les droits et la protection des personnes atteintes d’albinisme, 59 albinos ont été tués en Tanzanie depuis 2007, et neuf ont été mutilés lors de brutales attaques à la machette. Au Kenya, au moins sept meurtres ont été rapportés, et le plus récent a été commis le 24 décembre dernier.

D’autres décès ont été rapportés au Burundi, en République
démocratique du Congo, en Guinée, au Swaziland et en Afrique du Sud. Selon USS toutefois, de nombreux meurtres et attaques d’albinos en Afrique ne sont pas documentés ou rapportés.

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LES MEUTRES ET LES MUTILATIONS DES ALBINOS S’INTENSIFIENT

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