Le rôle de l’homme est de s’éveiller à lui-même. S’éveiller signifie se reconnecter à sa nature originelle.

Il me semble difficile de se définir au travers de ses actes ou de ses écrits, ou encore ses succès et ses échecs, car ce qui définit l’homme est l’intention et l’aspiration qu’il porte dans son cœur et non le chemin qui l’a amené là ou il se trouve.
Une chose est certaine : nous avons chacun un rôle à jouer en ce monde. Ce rôle transcende notre identité sociale pour prendre écho dans notre identité spirituelle.Tout ce que nous pensons et faisons, nous le faisons d’abord à nous-mêmes…
Ainsi l’émergence d’une nouvelle humanité ne peut prendre racine que dans le cœur même de l’homme.

Ce que je vois du monde au travers des médias n’est qu’un stratagème, un pâle miroir déformé et flétri qui occulte notre identité réelle. Les médias ne nous révèlent pas à nous-mêmes, mais nous imposent une façon d’être. Une réflexion posée sur le monde des médias met en exergue les contradictions qui croisent le feu du mensonge et du conditionnement.Est-ce cela notre devenir en tant qu’humain ? Est-ce cela qui nous élèvera à la source de notre véritable identité ou nous plongera dans les affres du conflit ? A la fureur lancinante des médias que brandissent nos sociétés, les êtres se déchirent en contradictions et crachent le venin du jugement. Est-ce cela l’humanité ?

Nous pouvons exposer l’état même du monde, examiner son cortège d’injustices et de guerres qui fleurissent à chaque instant au sein même du monde. Nous pouvons décrire avec minutie, preuve à l’appui, les stratagèmes qui habillent et nourrissent les inégalités sociales. Nous pouvons dénoncer et dire à la face du monde tous les lots d’injustices qui le consument inexorablement, au détriment de la vie elle-même.Mais où cela nous mènera t-il si nous restons flétris d’analyse logique dans le labyrinthe du désenchantement et du désespoir? Nous pouvons lever une pensée vindicative et rester dans la dénonciation. Mais en cela ne cédons-nous pas à notre propre désenchantement, ne restons-nous pas attachés à notre propre violence ? Car c’est bien de violence intérieure dont il s’agit ici…
Les conflits et leurs innombrables causes restent des prétextes pour appuyer la violence et la développer jusqu’à son paroxysme. Car toute chose provient d’abord de l’homme lui-même. Rien ne naît du hasard. Et si nous accusons ce dernier, c’est tout simplement que nous n’avons pas suffisamment aiguisé notre discernement.

C’est l’humanité qui décide de son avenir à chaque instant. L’histoire se réécrit et reproduit souvent les mêmes chapitres…
Nous faudra t-il encore des guerres pour asseoir la paix, et surtout, où se trouve réellement la paix? Pour que les choses se transforment en profondeur, afin que les lignes de forces visibles et invisibles qui tissent le monde, changent et se déploient, nous devons, chacun individuellement, sortir de la peur et de la violence. D’ailleurs, que nous le souhaitions ou non, que nous l’accompagnions ou non, ce changement se produira…Notre époque est inscrite sous le signe de la Révélation. Elle est en train de prendre son envol dans la reconnaissance de notre véritable identité originelle. Notre rôle individuel est d’accompagner ce changement.

Aussi, au-delà de toutes les théories et méthodes, lisons dans les signes du monde, dans la clameur des vagues et le sifflement du vent, dans la présence du vivant et la constance de cette beauté qui sommeille en toute chose et défie le temps, la nature précieuse et unique du monde. Lisons derrière les châteaux de sable qui s’étiolent lentement sous la poussée d’un souffle nouveau, les signes du renouveau, de la simplicité, de l’humilité et de l’innocence qui sont autant d’expressions de la beauté même et restent gage de notre devenir.Au-delà des conflits et des doutes, plongeons notre regard dans la simplicité et le partage. Ne doutons plus et avançons simplement à notre rythme.

Il nous a été si souvent enseigné d’idolâtrer des Dieux vengeurs et de les craindre afin d’être sauvés, que nous sommes parfois devenus nous-mêmes vindicatifs. Et si les Dieux vengeurs nous semblent déjà lointains, nous en portons encore tous les stigmates : cette vieille peau usée de peur, flétrie de croyances et de certitudes qui se lézarde maintenant irrémédiablement sous le soleil du renouveau…Cependant, nous portons tous en chacun de nous, au plus profond de notre être, une aspiration. Une aspiration si forte et si puissante qu’elle nous motive et ouvre les portes de l’espoir. Une aspiration si profondément ancrée dans nos cœurs qu’elle nous abreuve à chaque instant. Elle puise à la source même de nos vies et efface d’un seul battement de cœur tous les séismes de l’existence.

Cette aspiration n’a pas de nom, mais est bien présente en chacun de nous. Elle n’a pas de visage, ne se voit pas, mais émerge collectivement dans notre conscience et nous invite à nous reconnecter à nous-mêmes et au monde… Au-delà de l’agitation humaine, elle éclaire le monde d’une clarté intérieure et dessine les rivages de la bénédiction et de la gratitude. Elle offre un regard clair et lucide et nous signifie que nous sommes là où nous devons être. Elle traduit cette prise de conscience de notre identité originelle en affirmant que « nous sommes ceux que nous attendons ». C’est l’instant où nous comprenons que nous sommes notre propre sauveur et notre propre lumière. C’est l’instant qui sonne le glas de toute attente extérieure… Et nous voilà invités à redevenir acteurs sur la scène du monde. Nous qui attendions d’être libérés ou comblés par ceci ou cela, sommes en train de réaliser que notre vie commence ou recommence lorsque notre attente s’achève, lorsque nous devenons l’acteur conscient de nos vies et que nous cessons de vivre par procuration.

Et aujourd’hui quelque chose est bien là, qui ne nous quitte plus. Cela se tient prêt de nous, comme une présence à la fois forte et bienveillante. Cela apparaît parfois fugacement au travers du regard d’un enfant que nous croisons ou d’un chant d’oiseau que nous entendons au loin. Cela peut prendre tant d’expressions, tant de formes, mais cela reste unique et nous attire d’une façon qui dépasse l’entendement. Cela peut nous apparaître presque irrationnel et pourtant une partie de nous le reconnait. Quelque chose est en train d’advenir, de se poser dans notre conscience pour initier notre propre métamorphose.Et voici que se joue maintenant la dernière partie de cette grande pièce de théâtre. Après avoir revêtu mille et un visages dans un véhicule de chair, nous apprenons à déposer tous nos masques de composition pour, enfin, reprendre notre identité originelle…

Alors, soyons les bienvenus en nous-mêmes ! Bienvenus sur la partition du chant de la reconnexion, dans ces nouveaux espaces qui émergent du silence des étoiles et nous invitent à nous reconnecter à nous-mêmes. Bienvenue à bord de la planète terre, dans cette période dite de Révélation, dans cette ère de célébration du vivant où l’Arbre de la vie étire ses branches vers le ciel et plante ses racines au plus profond de la terre…Passeurs de l’aube nouvelle sur le monde, et veilleurs de cette vie en éternelle floraison dans l’univers, voici qu’en ces instants de hautes conjugaisons, le sens de la vie revêt un nouvel habit de lumière. Nous sommes frères de tous horizons, sans caste ni concession.

Nous sommes frères, le cœur ardent de pardon et la main tendue vers de nouvelles oraisons. Nous nous tenons dans l’humilité, là où la vérité est partout et nulle part.Nous ne sommes d’aucune caste, obédience ou encore religion, et tous les hommes sont nos frères. Nous ne sommes d’aucun jugement ni préjugé, et c’est pour cela que nous accueillons la vie dans toutes ses manifestations.
L’amour, la beauté, le respect, l’innocence, la compassion, la gentillesse, la créativité et le partage sont les seules réalités que nous reconnaissons et manifestons en ce monde. Le partage, l’intégrité et l’amour sans condition sont les seuls bagages que nous emportons ici bas.Peu importe le pouvoir des hommes, peu importe le succès ou l’échec, notre rôle est de transmettre notre origine commune, au-delà de toutes nos rivalités et nos croyances. Notre langage est le silence et notre regard est celui de la compassion et de l’humilité. Nous ne nous approprions pas les enseignements de sagesse de la Loi de Un, car ils n’appartiennent pas aux humains. Nous ne faisons que les emprunter afin d’abolir les barrières de la séparation entre les hommes.

Renouer avec soi-même, c’est s’accorder avec son identité, non pas sociale, mais originelle au travers d’un long et patient processus de prise de conscience de soi-même, qui nous amène à transiter d’une conscience égotique vers une conscience universelle.
Cette conscience universelle nous inscrit dans une nouvelle relation au monde, tournée vers l’altruisme qui est une des plus hautes manifestations de l’abondance. Car l’altruisme comprend que, pour ne pas perdre quelque chose, il faut l’offrir. Et c’est ainsi que notre propre vie devient offrande et fontaine d’abondance.

Alain Degounois