Nouvelle plantation de palmiers à huile à Bornéo dédiée à la production d’huile de palme
© Angela Sevin Les besoins en terres de l’Europe sont parmi les plus importants au monde. Notre continent est le plus dépendant des terres situées à l’extérieur de ses frontières, comme le révèle un nouveau rapport de recherche(1) de l’ONG Les Amis de la Terre.
Les Amis de la Terre Europe et le Sustainable Europe Research Institute (SERI) ont modélisé les flux invisibles de terres dans le monde, afin de calculer les besoins en terres d’un grand nombre de pays et de régions.
Ces besoins représentent la somme des terres qu’un pays consacre aux productions destinées à sa consommation domestique et de celles qu’elles « empruntent » aux autres pays du fait de l’importation de produits comme les denrées alimentaires ou les vêtements, déduction étant faite de celles consacrées aux produits d’exportation.(2)
Cette étude montre que les hauts niveaux de consommation en Europe, et notre forte consommation de viande, de produits laitiers et d’autres denrées dont la production requière de larges surfaces, gonflent de façon insoutenable notre besoin en terres.
L’Europe mobilise ainsi 640 millions d’hectares par an pour sa consommation, soit 1,5 fois sa propre superficie.
La consommation moyenne de terres de l’Union européenne est de 1,3 hectares par personne, alors que celle de pays comme la Chine ou l’Inde n’est que de 0,4 hectares par personne.
Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre France explique : « La surconsommation en Europe est l’un des plus puissants moteurs de l’accaparement de l’espace écologique des pays du Sud par les pays riches. Dans un monde où la quantité de terres est limitée, la surconsommation des uns signifie l’impossibilité pour d’autres de répondre à des besoins fondamentaux comme cultiver la terre pour se nourrir. »
L’Europe est le continent le plus dépendant des importations de terres : 60 % des terres que nous consommons sont situées à l’extérieur de nos frontières. L’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la France, les Pays-Bas et l’Espagne sont dans la liste des dix pays au monde qui dépendent le plus de l’importation de terres pour leurs économies.
Notre recherche utilise les données datant de 2004, soit les plus récentes disponibles mais tout porte à croire que la tendance s’accentue du fait de la demande croissante en agrocarburants comme l’explique Christian Berdot des Amis de la Terre : « Le développement des agrocarburants a conduit à un doublement de la consommation européenne d’huile végétale(3). Plutôt que de repenser nos transports pour réduire la demande en énergie, nous sommes obligés de résister à des projets toujours plus nombreux d’ouvertures d’usine d’importation comme celle de Port la Nouvelle dans l’Aude. »
En septembre 2011, la Commission européenne a reconnu qu’il était nécessaire de prendre en compte les importations de terres de l’Europe mais sans préciser de mesures concrètes(4). Une consultation s’ouvre dans les deux prochaines années pour mesurer notre consommation de ressources naturelles et fixer des objectifs. Pour les Amis de la Terre, l’enjeu pour l’Europe est de réduire sa surconsommation de terres et de ressources naturelles.
Notes
Rapport intégral Europe’s Global Land Demand du Sustainable Europe Research Institute. Une synthèse en français est également disponible.
Pour cette étude, l’empreinte en terre de l’Union européenne et de nombreux autres pays a été calculée en utilisant des données sur l’utilisation des sols de la Food and Agriculture Organisation (FAO), combinées avec une base de données du Global Trade Analysis Project (GTAP) sur les échanges commerciaux. L’empreinte en terre pourrait également être calculée pour des produits, des entreprises ou des individus mais avec une méthodologie différente.
Entre 1999 et 2010, la consommation européenne d’huile végétale a presque doublé passant d’environ 12 à 22 millions de tonnes / an. Source: US Department of Agriculture : et European Biofuel Board, voir le rapport des Amis de la Terre « Arnaque à l’huile de palme durable ».
Voir la communication de la Commission européenne et l’analyse des Amis de la Terre.
Auteur Les Amis de la Terre
Notre-planete.info
En complément :
Communiqué de Presse La Via Campesina – CNOP
Lancement d’une alliance internationale contre les accaparements de terres
Sélingué, Mali, 19 Novembre 2011 — Plus de 250 paysannes et paysans, venus de 30 pays du monde ont créé aujourd´hui une alliance internationale contre les accaparements de terres. Cette alliance sera dirigée par les paysans et paysannes, en collaboration avec de nombreux mouvements sociaux et organisations. L’annonce a été faite lors de la clôture de la « Conférénce internationale: Stop aux accaparements de terres » organisée par la Confédération nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP) et La Via Campesina, mouvement paysan international.
L’accaparement des terres est un phénomène mondial dont l’ampleur et la vitesse sont inégalées. Au Mali, au cours des dernières années, plus 800 000 hectares de terres arables ont été cédés par le gouvernement aux investisseurs par le biais de baux de 30 ans, renouvelables. De même, il est estimé qu’en Afrique plus 30 millions d’hectares ont été vendus ou loués. Au niveau mondial, cela atteindrait de 60 à 80 millions d’hectares, mais du fait du caractère secret voire illégal des contrats, il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg. Ces terres sont déjà transférées aux élites nationales, aux multinationales et aux fonds financiers qui cherchent à faire des bénéfices ou à spéculer au moyen de projets d’agricuture industrielle, d’exploitation minière, de production d’agrocarburants, de marchés du carbone, de tourisme, de grands barrages, etc.
D’aucuns les présentent comme des « investissements » alors que ces accaparements de terre ne sont autre que du vol. Il s’agit également d’une véritable violation des droits des paysans et des paysannes. Ces accaparements spolient les petits producteurs, les éleveurs, les peuples indigènes, entre autres, de leur patrimoine et de leurs moyens de subistance. Quand les paysans se défendent pour défendre leurs intérêts vitaux, ils sont battus, emprisonnés voire assassinés.
Devant la gravité de la situation, les organisations paysannes réunies au Mali ont créé aujourd’hui une alliance qui permettra de renforcer et de soutenir les communautés paysannes dans leurs luttes contre cette offensive. Un plan d’action a été adopté, comprenant notamment un observatoire permettant de collecter et d’échanger les données concrètes concernant les accarements de terres. Les participants et participantes à cette conférence se sont engagés à travailler ensemble, de toute urgence, pour mettre fin aux accaparements de terres. Ainsi, il sera possible de mettre en oeuvre de vraies réformes agraires et des politiques foncières au service des exploitations agricoles familiales et de remplacer le modèle agro-industriel par l’agriculture paysanne, seule garante de la souverainté alimentaire.
Pour plus d’informations: + 223 60351445
Voir aussi la délcaration, des articles et des photos de la conférence sur viacampesina.org
L’afrique australe est particulièrement touchée (mozambique, Tanzanie) par ce phénomène, l’Afrique centrale est en train de glisser méthodiquement dans cette alternative. En Ethiopie 3 millions d’ha ont été vendus également aux capitaux étrangers. Le principal motif est effectivement la production de biocarburants. Ce qui aurait pu constituer une expérience très intéessante d’autonomie énergétique et de sécurité alimentaire en milieu paysan est biaisé ; les biocarburants sont devenus la bête noire dans les milieux altermondialistes à juste titre au vu des comportements de la finance internationale. Il manque des terres pour nourrir le monde et l’Afrique est visée pour s’approprier aussi la terre.
Ceci dit, si les fédérations de producteurs africaines sont fortes pour dénoncer sur le plan politique elles ne sont pas véritablement des mouvements coopératifs forts à la base permettant de transformer les agricultures et d’innover rendant des services utiles à leurs membres.
Quand une unité de travail produit 10 ici et 100 voire 200 là-bas, l’échange est forcément inégal. L’Afrique pourrait accéder à son autosuffisance alimentaire si elle se coupait des échanges internationaux pour stimuler les échanges entre pays africains qui ont des niveaux de productivité par trop éloignés. La clé est également dans la transformation des produits agricoles et l’Inde peut véritablement aider l’Afrique car elle a produit des équipements de transformation peu chers et adaptés au contexte africain. La Chine aussi mais moins bonne qualité.
Les marchés urbains africains croulent maintenant sous les importations alimentaires du monde: huile, sucre, riz, poulets, etc. Seuls les pays enclavés parviennent tant bien que mal à moins importer à cause des coûts de transport qui créent une protection. Alors les paysans ont du mal à vendre donc à s’équiper. Et donc à terme ils risquent de vendre leur capital foncier et s’exiler dans les taudis des villes à vendre des chinoiseries dans la rue.
Voilà schématiquement la dynamique d’appauvrissement africaine.
Merci Alice pour ces précieuse informations.
Ce sujet est peut-être moins enthousiasmant que d’autres , mais très important je trouve pour la survie de cette humanité.
Il est aussi important que les autres…. Bizzz
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