« Je ressens facilement les gens et leurs souffrances, cela m’affecte souvent alors que j’ai l’impression d’absorber et amplifier en moi leurs négativités. Pour me protéger, je m’enferme et reste dans ma bulle, je ne laisse entrer personne, toutes ces relations me fatiguent, je me sens souvent épuisé.

J’ai beaucoup cherché par des lectures, la méditation, j’ai eu quelques expériences profondes avec mon âme, avec mon silence intérieur, des réponses qui m’ont faits vivre un instant sur un nuage, rempli de joie, la tête dans les étoiles.

Mais cela passe et je n’arrive pas à comprendre le monde matériel et la relation superficielle avec ceux qui m’entourent, nous nous demandons sans cesse : « Comment va ta voiture, ta maison, ton travail, l’éducation de tes enfants, ton statut social ? » alors que ce que je souhaiterais demander c’est : « Comment va ton cœur, ton âme ? ».

J’ai pleuré à essayer de comprendre ce monde, le désir de mort m’a souvent accompagné comme étant la seule solution de survie, de secours pour m’échapper, me libérer de la peur, des doutes, des craintes et des souffrances et pour enfin retrouver la connexion à ce que je suis vraiment.

Difficile de ne pas être affecté par les émotions et la souffrance de ce monde et tous ces miroirs qui me montrent les miennes en permanence.

Comment arriver enfin à cet équilibre, à trouver ma place, comment vivre dans le monde matériel tout en gardant une harmonie avec la totalité de mon être ? Je me sens empêtré dans la matière et la lourdeur de ce monde. Comment gagner ma vie, subvenir aux besoins de mes enfants et rester libre ? Comment créer ma propre vie sans m’appuyer sur des béquilles ? »

J’aimerais respirer avec toi, à tes côtés, regarder ensemble ce monde des formes dans le calme, trouver un lieu un peu moins agité que ceux qui ont une grande densité créée par la pensée humaine. Dirigeons-nous vers celles qui te semblent les plus harmonieuses et qui raisonnent avec qui tu es maintenant.

Asseyons-nous près de ce lac entouré de toutes ces formes vivantes et douces, puis prenons un peu de temps ensemble, tu ne me vois pas et ne peux me prendre dans tes bras pour le moment, dans cette très belle période de transition intérieure, tu ne souhaites pas dépendre d’une source extérieure pour être rassurée et consolée et savoir si l’amour est véritablement la seule chose qui soit à la source de ce monde de formes perpétuellement changeantes.

Si je venais prêt de toi pour nier ou conforter ta vérité par des paroles : « Il n’y a qu’amour et en tant que créateur de ton monde, tout ce que tu donnes à l’univers, il te le rend. », le message te ferait souffrir, et par réaction tu me rejetterais pour avoir plus de temps pour chercher, soit il comblerait tous tes doutes et tu te jetterais à mes pieds et ne verrais plus en toi-même ta propre vérité.

D’abord j’aimerais te dire que tu n’es pas seule, je ne parles pas de l’ange qui te soutient particulièrement, mais de cette question qui te traverse, qui traverse toutes les âmes à un moment ou à un autre. Nous nous suivons en file indienne en nous tenant par la main, dansant en zigzag sur le chemin de la vie et de la beauté sans nous soucier qui est à l’avant ou à l’arrière de la file.

Tu es infiniment aimé, et l’aide que tu reçois arrive au-delà des formes que l’imagination organisée construit pour se donner un sentiment de sécurité.

Dans notre relation à tous les deux, je ne suis pas là pour te donner des réponses, je viens en frère et je te prends par la main pour t’écouter si tu le souhaites, non pour te guider, pour regarder ton coeur et le voir tel qu’il est vraiment, intact.

Tu as tous les outils pour trouver tes propres réponses et avancer dans la ronde dansante cyclique de l’univers, nous pouvons chercher ensemble, mais les mots et les définitions comprises au-delà de la lettre, de la réaction, de la tradition et de l’attachement émotionnel te permettra de regarder le processus intérieur de création d’illusions directement à la source des causes.

Alors doute que si tu te sens seule à ce moment précis après une période de crise plus ou moins longue et vive dont tu sors fatiguée et anxieuse, il est possible que nous ayons créé ensemble une opportunité pour nous permettre de regarder la solitude en face et de la voir telle qu’elle est vraiment au-delà de l’idée d’une solitude qui isole et détériore.

La solitude est tout ce qui est et a toujours été.

Dans cette observation silencieuse de cette solitude, il y aura peut-être au début une grande fatigue, une lassitude, l’impression sourde d’un échec, l’ennuie, le temps qui fait vieillir le corps et louper les opportunités d’améliorer notre histoire marginale, la crainte, la dépression, le désir de mort et la douleur venant de la tyrannie de la norme de ce monde où il est difficile de se justifier, se battre où se cacher.

La vérité c’est que tu souffres de ne pas réussir à être complètement folle pour pouvoir t’inscrire dans la « normalité » de ce monde, que tu souffres d’un handicap quel qu’il soit, d’une limitation qui est considérée comme une tare, une imperfection, un défaut qu’il fraudait détruire, rejeter, guérir, réformer, corriger pour atteindre et obtenir ce “quelque chose” qui n’est pas présent chez toi maintenant et l’intégrer dans ton histoire qui se dirige vers le bonheur. Pourtant, une fois respectablement intégré dans le monde, nous devenons des handicapés du cœur et cela nous limite énormément dans la perception entière de la vérité et du processus d’identification qui recherche une sécurité dans les formes.

Quand le silence est là, quand les feuilles tremblent sous le vent léger, que l’oiseau passe dans un chant ou qu’un nuage change continuellement de forme, quel véritable problème doit-on résoudre à ce moment présent, doit ton s’opposer avec notre corps physique et nos idées illusoires au passage du temps, à la rigueur des lois physiques et à l’ordre universel et cosmique de l’univers pour trouver la vérité sur notre identité?

Dans ce silence mal compris, l’ennuie s’installe par la porte de derrière, une peur émerge et le mental s’accroche à elle plutôt que la laisser être. Une pensée refoule la peur en créant d’autres peurs qui créeront des émotions. Un monologue qui s’entretient dans l’inconscience. « Oui, les oiseaux, le vent, tout ça c’est bien beau mais j’ai une amende à payer moi et je ne sais pas comment je vais faire pour tenir la fin du mois. ; Je prends du poids et si je suis trop grosse je ne serais pas accepté à ce concours. ; Si j’obtiens ce contrat je pourrais enfin décrocher ce prêt et avoir tout ce dont j’ai toujours rêvé. Etc. ». Une pensée chasse l’autre, peu importe si les histoires se disent matérielles, spirituelles ou autres, la pensée est matérielle, est forme.

L’histoire se crée et la répétition la densifie dans la réalité, jonglant avec satisfactions et craintes. Tout retombant au final sur la tête qui se gonfle et entraîne tout le corps dans sa noyade dans un labyrinthe de concepts donnant de la force aux illusions de son monde et perdant au profit de la peur son pouvoir de création.

Nous créons des illusions, une infinité de pensées suivi par l’expérience extérieure qui nous sert de preuves pour justifier la réalité de nos illusions à nos propres yeux. « Ah mais tu vois bien, c’est comme ça que ça marche. » et renforçant là encore l’illusion. Nous applaudissons en riant à chaque fois que le monde nous donne raison et pleurons en tapant du poing quand il nous donne tort.

Nous vivons dans un monde de oui et de non, de bien et de mal, de gauche et de droite. Et parfois nous croyons nous le cacher avec nos concepts subtils. « peut être », « ni bien, ni mal », « juste milieu ».

Quand nous découvrons qu’en fait notre rêve est un cauchemar qui est dirigé par une inconscience individuelle et collective, pourquoi alors lutter pour se réveiller ? Pourquoi essayer de changer quoi que ce soit ? Pour aller où ?

La pensée à bien sûr beaucoup d’idées sur l’endroit ou est ce lieu et comment il faudrait y aller. Comment transformer le cauchemar en rêve. Mais toutes les réformes d’un problème ne créent que de nouveaux problèmes, et ceux qui considèrent que ce cauchemar collectif est en fait un très beau rêve trouveront tous les moyens pour s’allier et lutter contre les réformateurs. Entraînant encore des conflits et des violences dans le cercle fermé de ce monde désaxé de la vérité.

Il n’y a rien à faire au niveau collectif, aucun rêve ou cauchemar à modifier, aucune illusion ou forme à changer, aucune personne ou société à convaincre, toute action extérieure est vaine et n’est qu’une fuite de ce qui transformerait radicalement ton propre monde.

La transformation radicale d’une seule individualité, la révolution intérieure est la clé qui change la totalité du monde.

La volonté de détruire une forme, de tuer la vie est une illusion, une interprétation des peurs par la pensée, une croyance mentale qui a séparé la vie et la mort, la vérité et le mensonge. Mais la mort et le mensonge ne sont pas possibles à moins que l’on soit identifié à une fausse illusion de sécurité et à une forme de peur particulière.

Revenons un temps au silence, car je te donne beaucoup d’informations aujourd’hui.

Il est tellement facile avec nos limitations d’essayer de capturer, d’emprisonner une idée et la mettre dans un concept, voilà quelque chose qui nous fait sourire, nous donne un sentiment de paix et de joie, semble être quelque chose de profondément vrai, présent dans notre cœur. Et la pensée réagit « Oui, j’ai compris, c’est parce que je… » et nous voilà à nous enchaîner de nouveau à une peur.

Nous sommes déjà ce que nous sommes, laissons le silence nous guérir.

Nous sommes handicapé du cœur, limité, conditionné, programmé, enraciné dans la matière, attiré compulsivement par une forme ou une autre, en transition, évoluant d’une nature végétale, animale à quelque chose d’autres, c’est ainsi que nous sommes.
Qu’est-ce qu’il y a de bien ou de mal à la condition humaine telle qu’elle est ? Elle est ce qu’elle est.

Mais quand la pensée s’agite pour expliquer, justifier, condamner ou adorer, cela donne-t-il la réponse sur notre véritable identité ?

Dans sa quête d’identité, la pensée est un taureau dans une corrida, décidé à croire qu’elle gagnera et trouvera les réponses dans ce jeu de la recherche et de la non-recherche, elle est aussi le toréador qui croit être le maître du jeu, des fois le taureau blesse l’orgueil du toréador, mais au final il n’y a aucun vainqueur.

« De toute façon c’est la nature humaine, elle doit dominer et vaincre pour gagner le droit de vivre», « Tout vient de la sexualité, je n’y peux rien moi », « Si je n’ai pas accompli cela avant d’être vieux, je ne serais personne », « Ce n’est pas de notre faute, c’est à cause des femmes, des hommes, des riches, des aigris, des banquiers, des pauvres, des prêtres, des politiques, de mon voisin. », « Comme le dit si bien, tel philosophe, tel scientifique, tel expert, tel responsable diplômé, telle organisation, … ,voici la preuve irréfutable. »

Un grand jeu créatif et théâtral qui se prend très au sérieux et qui souvent dans l’expérience particulière de la terre est enraciné dans la peur et la répétition mécanique.

Nous sommes des handicapés du cœur, alors plutôt que de regarder l’enfant trisomique la main sur la poitrine en disant « le pauvre ! » et en parlant de tolérance et de respect à l’égard d’une personne limitée et handicapée.

Pourquoi ne pas nous regarder nous-mêmes, handicapés, et nous accepter tel que nous sommes ? Et percevoir enfin à travers la superficialité de nos relations, la profondeur de ce que nous sommes vraiment sans poser de conditions dans les formes.

Cela est-il possible quelle que soit la situation, la matière, la forme, avec ce silence intérieur comme soutien ? Est-il possible d’aller au-delà des apparences sans chercher à les contrôler ?
Peut-on parler de sa voiture, sa maison, de ses enfants, de son statut social avec un sourire au cœur qui ne s’identifie pas et avec la joie de savoir que toutes les âmes sont liées dans l’amour sans qu’il soit nécessaire de le montrer dans la forme ?

Est-il possible d’accepter tout ce que nous sommes, dont cet aspect sombre que nous croyons voir chez l’autre uniquement ? Est-il possible de nous pardonner inconditionnellement en ne voyant rien d’autre qu’un enfant innocent qui s’est perdu dans son propre rêve ?

Est-il possible d’être à la fois cet enfant qui se réveille péniblement de son propre cauchemar et ce parent aimant qui réconforte l’enfant et sait qu’il n’a rien fait de mal, qu’il n’y a rien à pardonner, mais que la beauté de cette vérité est beaucoup plus intense quand l’enfant grandit et la découvre lui-même.

Être innocent ce n’est pas être coupable de rien, c’est un état où il n’y a pas, quoi que l’on fasse, moyen de faire une faute.

Être innocent, ce n’est pas se libérer du jeu des culpabilités, c’est un état intérieur où la lumière qui se pose sur une autre lumière est incapable de lui nuire, seulement de l’éclairer davantage.

Être innocent, ce n’est pas d’éviter de faire des erreurs ou de la voir seulement chez l’autre, c’est d’observer et reconnaître le monde que j’ai créé à mon image, accepté pour ce qu’il est, il n’est ni condamnable, ni jugeable.

Être innocent c’est s’accepter soi-même tel que l’on est, ici et maintenant.

Être innocent c’est ce qu’il reste quand on ne croit plus en l’existence du handicap.

Être innocent, ce n’est pas dire pardon, mais merci.

Merci.

Michaël