Qu’est-ce qui, malgré une bonne volonté, empêche de réaliser l’intensité de présence et amène à rester dans un processus de devenir, de mémoires, de karma ?

Tu as répondu à ta propre question. Prenons les étapes de ta question. Tu parlais de ces êtres qui quittent leur corps et qui semblent immédiatement rentrés à la maison. Sors du cadre du temps linéaire. On n’est pas incarné maintenant, et l’on quittera pas son corps demain ou dans trois siècles ou trois millénaires, ou jamais peut-être si l’on comprend l’art de l’incarnation. Seul est maintenant. Le corps s’arrête quelquefois, avec lui s’arrête l’illusion de la linéarité. Cette illusion s’arrêtant, et bien d’autres illusions, l’être semble retrouver la transparence.
Comprenons la nature de cette transparence. Cette transparence, si on la regarde en terme de la relation entre le fait d’être incarné dans un corps et le fait de quitter ce corps, cette transparence n’a pas la même intensité que la transparence réalisée au sein du corps. On ne peut comparer. Si l’on veut regarder énergétiquement sur le plan du karma, de la cause et de l’effet, les causes et effets perdurent, non animés ou non applicables pour ce qui semble cette période entre deux incarnations, mais perdurent tout de même. Là est la réponse dans la ligne de l’incarnation, la ligne du temps, du devenir.
La magie, la réelle magie, est de comprendre à un autre niveau. L’Être n’entre pas dans un corps et ne sort pas d’un corps. Au-delà des apparences de l’incarnation, l’Être est le splendide, le vénérable, l’éternel, éternellement libéré. A lui va tout l’amour. Lui seul est.
C’est cela qui donne la réponse à ta question. Tu as exprimé la croyance de ne pas pouvoir. Ta croyance est basée, très solide, sur ton expérience et sur ton désir d’authenticité tout aussi solide. Tu n’as pas encore réalisé, compris, que l’apparence est créée par la croyance. Tu crois que la croyance est l’illustration de l’apparence, alors que l’apparence est générée par la croyance. Tu crois ne pas pouvoir faire le grand saut, tu te crées une ligne de devenir. L’apparence justifie le devenir, et la croyance se solidifie à partir de l’apparence.
L’invitation est de recentrer l’attention avec intensité, inconditionnellement, et d’offrir cette attention recentrée à l’évidence que seule est la perfection de l’Être. Nous parlons d’évidence et non d’apparence. Tant que vous faites une équation entre évidence et apparence, vous faites persister un voile de leurre. L’évidence est la certitude inévitable que seul est l’Être, le vénérable, et que l’Être, le vénérable, n’est que perfection. A cela, vous offrez l’énergie rassemblée, non des bribes d’énergie diluée mais l’énergie rassemblée, offrant l’énergie rassemblée à cette évidence pour créer des apparences à l’image de cette évidence. Là, hors du temps et de l’espace, tu fais le grand saut. Tu ne fais même pas le grand saut, pas besoin de sauter, car tu es cela.

Agnès Bos-masseron