_ Ceux qui sont les plus riches, me dit-il, ne possèdent rien. Ils sont riches de n’avoir rien à perdre. Les puissants ont beaucoup à perdre, ça leur fait faire des cauchemars. Celui qui n’a rien à perdre ignore la crainte.
Ma bouche s’ouvrit comme un œuf. Il venait de stopper l’élan que j’avais pris pour lui développer ma théorie sur « comment cultiver sa force et ne plus avoir peur ».
_ N’avoir plus rien à perdre, c’est quoi ça ? Une forme de dépression chronique ? Lui répliquai-je d’un ton ironique. Vous y arrivez, vous, à conciliez volonté de vivre et « n’avoir plus rien à perdre ? ».
Il s’esclaffa en lâchant un geyser d’eau de sa bouche qu’il avait collé au goulot de sa gourde, un mini arc-en-ciel le saisit au vol et s’y allongea l’instant éphémère qu’il fallut au million d’infimes gouttelettes pour toucher le sol.
_ Tu as vu ? dit-il ? Cet arc fut pour nous deux, seulement pour nous deux. As-tu senti le regret qui a pointé en toi à cause de la brièveté de sa présence ? Un arc-en-ciel c’est attachant n’est-ce-pas ? Oh bien sûr on l’oublie vite ! Mais on nourrit l’envie qu’il dure un peu, juste le temps de lui faire de la place dans notre cœur. C’est étonnant comme on peut s’attendrir devant un simple phénomène, devant le mariage du soleil et de l’eau. As-tu observé chez les animaux de telles réactions ?
_ Vous voulez dire une émotion devant la beauté des choses ?
_ Oui
_ Je ne sais pas … J’ai vu leur curiosité devant des choses inconnues. Mais je ne peux dire s’ils sont touchés ou émerveillés.
_ Nous les humains, nous nous émerveillons souvent, mais nous ne gardons pas de souvenirs intenses de ce qui nous a touché, nous sommes plus attachés à nos ressentiments qu’aux phénomènes auxquels ils se rattachent. Nos émotions sont précieuses, nous avons peur de les perdre.
Ron Uribe Extrait du livre « Rencontre d’une vie »
publibook.com
Je suis d’accord avec vous sur le fait que les puissants ont peur de perdre ce qu’ils ont, très souvent c’est le cas ; mais les pauvres ont aussi peur de perdre quelque chose, ne serait-ce que leur vie ; l’essentiel à mon humble avis est de toujours s’élever par rapport aux biens de ce monde, se dire que ce que l’on a aujourd’hui, ce n’est pas un hasard et qu’il faut savoir partager ; ainsi on pourrait s’attacher vraiment aux émotions positives.
Marie Madeleine
Il ne s’agit pas ici de la pauvreté subie.
Il ne suffit pas d’être pauvre pour n’avoir rien à perdre.
Mais de cette condition précisément, qui rend riche celui qui a choisi de ne posséder rien et en se dépouillant de cela qui le posséderait lui, croyant être le possesseur.
Bien à vous.