« Quand quelqu’un vient avec des questions, dans l’attente de réponses, on est obligé de donner des calmants.
Tous ces états, toutes ces pratiques assidues ne sont rien d’autre que des calmants pour les esprits agités.
Quand surgit la véritable interrogation, profonde :
« Qui suis-je ? », on ne demande plus rien.
Là, l’enseignement arrive. Il arrive dans cette disponibilité.
Quand on veut être enseigné, quand on veut savoir, c’est qu’il y a peur. On n’est pas prêt.
C’est quand quelqu’un ne veut plus rien, ne sait plus rien que, vraiment, il peut être totalement présent.

On ne peut être libre que dans l’instant, parce qu’il n’y a rien d’autre que l’instant.
Se dire : « Je veux être libre pour toujours », c’est de la peur. C’est comme avoir un mari pour toujours, un amant fidèle pour toujours, un chien pour toujours, la jeunesse pour toujours, de l’argent pour toujours…
Non, il n’y a pas de sécurité.
C’est cela, la beauté de la vie.

Quelqu’un dont le fantasme est d’être libre, d’être sage, ne peut plus respirer, est tenu à être libre.
Sans être tenu à rien, triste, coléreux, jaloux, irrité par le désir, par la laideur, par la lâcheté. Bien sûr, c’est merveilleux comme ça, mais je ne me cherche pas là-dedans.
Donc ces états, s’ils viennent, occupent très peu de place, prennent très peu d’énergie.
Si on ne se défend pas, tout est beauté.
Mais quand on veut être libre, quand on veut être un sage, on vit dans des concepts. »

Eric Baret