L’odeur de sainteté est un phénomène très curieux rapporté par les hagiographes et les médecins.
« Mourir en odeur de sainteté, écrit le docteur Georges Dumas, c’est, dans le langage courant, mourir en état de grâce ; vivre en odeur de sainteté, c’est être assez pieux pour être regardé comme un saint. Ces formules ont plus qu’un sens figuré et représentent un fait réel ; quand les historiens des mystiques racontent qu’un saint a été gratifié, ils veulent dire que, durant sa vie ou après sa mort, son corps a exhalé des odeurs agréables.

Waldemar Deonna, dans son livre « Croyances antiques et modernes, l’odeur suave des dieux et des élus » , compte au moins 30 saints parfumés de leur vivant, 103 saints parfumés au moment de leur mort ou de leur ensevelissement, 347 saints dont les corps et les reliques demeurèrent parfumés longtemps après leur inhumation.

Chez les morts, l’odeur de sainteté s’accompagne d’autres manifestations physiques remarquables telles que l’incorruption de la chair et/ou des sécrétions huileuses qui les font qualifier de myrobîytes, c’est-à-dire d’organismes qui, au lieu de se corrompre, assurent leur propre embaumement en sécrétant des huiles odoriférantes. L’odeur de sainteté, si l’on se réfère aux témoignages des biographes des mystiques, sent bon.

Sainte Thérèse d’Avila

De toutes les odeurs de sainteté, celle de sainte Thérèse d’Avila, qui mourut à l’âge de soixante-sept ans, fut certainement l’une des plus tenaces. Les bollandistes et ses historiens en témoignent : « L’odeur que l’on avait déjà remarquée à diverses reprises durant sa vie, beaucoup plus pénétrante pendant sa dernière maladie, le devint encore davantage après sa mort, si bien que les religieuses durent laisser la nuit entière la porte et la fenêtre ouvertes malgré la saison. Le lis, le jasmin, la violette, semblaient avoir uni leurs plus suaves senteurs dans cet arôme auquel rien ne pourrait être comparé. ». La foule remarqua tout de suite le parfum merveilleux qui émanait de Thérèse pendant le transport du corps sur un brancard. Le corps fut déposé sans être embaumé dans un cercueil de bois. Il fut descendu dans une fosse très profonde recouverte d\’une grande quantité de pierres, de chaux, de terre humide et d\’une pierre sépulcrale. Pendant les neuf mois qui suivirent les obsèques, le parfum, traversant l’épaisse couche de pierres et de terre sous laquelle reposait le corps.
Le 1er janvier 1586, les religieuse se rendîrent au monastère des Carmélites et ouvrirent la châsse … Elles considératent la sainte très attentivement. Son corps était entier, intact, et d’une odeur céleste. Les os étaient si bien joints, les nerfs si bien liés les uns avec les autres, qu’il se tenait debout à l’aide du moindre appui. La chair était si souple, si tendre, si flexible, qu’elle s’abaissait quand on y mettait le doigt, puis se relevait comme si la sainte Mère eût été en vie ; et, bien qu’elle eût conservé son embonpoint, le poids du corps était léger comme celui d’un enfant de deux ans. » Les historiens de la sainte insistent tous sur la suavité de l’odeur que répand son cadavre, sur la fraîcheur des chairs qui semblent encore en vie. En 1598, un monument de pierre fut érigé sur l’emplacement de la sépulture primitive. Le corps de sainte Thérèse fut transféré dans une somptueuse châsse offerte par la duchesse d’Albe.

D’après Hubert Larcher, Lydwyne de Schiedam exhalait sept parfums ; François Forgione,
plus communément appelé Padre Pio, six parfums ; Thérèse d’Avila, quatre parfums ; Trévère, trois parfums ; Basilissa, deux parfums.
Le parfum de sainte Lydwyne, d’après Gerlac, fut sujet à des modifications : « La chambre de sainte Lydwyne sentait si bon que tous ceux qui entraient croyaient qu’on y avait caché diverses espèces d’aromates. Le parfum qui s’en dégageait frappait non seulement l’odorat, mais le goût : c’était comme si on eût mangé du gingembre, du girofle ou de la cannelle : la saveur ardente et forte mordait la langue et le palais avec douceur. » Par la suite, au parfum des épices succéda celui de la rosé, de la violette, du lis, des fleurs fraîchement coupées. »

De toutes les manifestations miraculeuses liées à la sainteté, l’incorruptibilité physique est aussi troublant. Un peu partout dans le monde, on relève en effet la même croyance populaire spontanée et instinctive : les corps des saints, après la mort, échappent à la loi commune de la dissolution de la chair. Cette propriété miraculeuse a été énoncée par saint Cyrille, évêque de Jérusalem, au IVe siècle de notre ère : « Même lorsque l’âme s’est enfuie, sa vertu et sa sainteté imprègnent encore le corps qui l’a hébergée. ».

En vérité, si l’on étudie la vie des saints de la chrétienté, on constate pourtant que cette marque de la faveur divine a été refusée à de nombreux bienheureux, aussi vertueusement exemplaire qu’ait été leur vie. De même, ce phénomène d’incorruptibilité a été observé en l’absence de béatification ou de canonisation. C’est ainsi que sainte Thérèse de Lisieux, sur son lit de mort, répondait à la jeune novice qui lui assurait que la miséricorde divine lui épargnerait la corruption du corps : « Oh non ! Je ne souhaite pas ce miracle… » Son vœu fut exaucé.

A la fin du XIXe siècle, le père Herbert Thurston, à qui l’on doit la première étude systématique des cas d’incorruptibilité, a noté que les corps inexplicablement conservés présentaient six phénomènes caractéristiques :

– un parfum suave émanant de la dépouille mortelle,
– une absence de rigidité cadavérique,
– le corps peut conserver assez longtemps une certaine tiédeur,
– il est épargné par la putréfaction,
– des saignements anormaux, même plusieurs jours après la mort effective (il s’agit le plus souvent de stigmates ou de blessures ayant entraîné la mort par martyre),
– d’étranges mouvements post mortem du cadavre, qui ne pouvaient être attribués à des contractions musculaires purement mécaniques (gestes de bénédiction, par exemple).

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Voir aussi :

Le mystère des corps réputés incorruptibles (+vidéo)

Entrée Publiée Sur Néoconscience Le 29 Avril 2008