Source : youtube.com

Par Yasmina El Jamaï

De septembre à mars, des dauphins sont sauvagement tués dans la baie de Taiji, au Japon, et ce, depuis 400 ans. Depuis la diffusion du documentaire The Cove, en 2009, davantage de citoyens du monde sont conscients du sort brutal réservé aux dauphins, dont certains sont sauvagement massacrés chaque année à coup de couteaux par les pêcheurs de Taiji pour être consommés et d’autres, capturés et affamés pour exécuter des pirouettes dans les parcs aquatiques en échange de poissons morts. Mais beaucoup de personnes ignorent cette réalité, dont beaucoup de citoyens japonais habitués à contempler les acrobaties des dauphins au sourire immuable même lorsqu’ils sont poignardés.

Outre les images de la cruauté imposée aux dauphins à Taiji, le documentaire ayant remporté un oscar présente notamment un ancien dresseur de dauphins américain, Ric O’Barry, qui capturait et entraînait des dauphins, dont le célèbre Flipper, jusqu’à ce que ce dernier commette un suicide volontaire dans ses bras dans un aquarium en fermant son évent (ses narines). Ce suicide, survenu comme une sonnette d’alarme, a malheureusement coïncidé avec le point culminant de l’engouement de populations émerveillées devant les acrobaties des dauphins comme Flipper devenues populaires à partir de 1969. Depuis, le dauphin se vend au prix fort, les sommes par individu pouvant atteindre 150 000 $ et un dauphin mort destiné à être consommé rapporte environ 600 $. Le commerce fort lucratif des dauphins a fait oublier aux pêcheurs et aux dresseurs leur humanité.

Quant à Ric O’Barry, il a interprété le suicide de Flipper comme un signe clair et se voue depuis à la libération et à l’amélioration du sort des dauphins et des baleines, notamment par l’intermédiaire de dolphinproject.org/.

Les pays doivent intervenir en bloc

De nombreuses pétitions envoyées par l’intermédiaire de groupes activistes à des ambassadeurs influents circulent sur Internet pour mettre fin au carnage et des centaines de milliers d’individus les signent dans l’espoir que le cauchemar de Taiji prenne fin. La nouvelle ambassadrice américaine au Japon, Caroline Kennedy, a même affiché sa profonde indignation devant l’atrocité des tueries de dauphins, clamant haut et fort l’opposition du gouvernement américain à ces pratiques. La Grande-Bretagne a souligné les « terribles souffrances » infligées à ces mammifères marins et l’opinion internationale se mobilise de plus en plus pour dénoncer cette situation, ainsi que d’autres pays.

Comment tolérer en silence que des pêcheurs rabattent des familles entières de dauphins, baleines et marsouins, vers les baies peu profondes de Taiji, où ils les noient et les poignardent à mort chaque jour ? La Sea Shepherd Conservation Society a diffusé en ligne une vidéo récente montrant les pêcheurs en train de taillader les têtes et le dos de dauphins en panique devant leurs familles et leurs amis, laissant ensuite les dauphins se vider lentement de leur sang et transformer la baie en un bain rouge vif. La plupart des dauphins agonisent 20 à 30 minutes durant avant de succomber à leurs blessures. Leurs dépouilles sont ensuite récupérées par des plongeurs et transférées à des boucheries. C’est le sort des dauphins qui n’ont pas été retenus pour être confinés dans des delphinariums d’attraction. Aucun vétérinaire ne pourrait tolérer de telles méthodes dans la pire des boucheries.

Pourtant, les lois japonaises stipulent que tous les moyens pour tuer les animaux domestiques doivent réduire la souffrance des animaux au maximum. La pratique de la chasse à la baleine du Japon fait régulièrement l’objet de représailles de la part de la communauté internationale, ce qui a valu à la nation asiatique d’être assignée à La Haye en juin 2013 par l’Australie devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire de l’ONU.

Il serait grand temps que les pays se prononcent à l’encontre du carnage des dauphins de Taiji. Même le département d’État américain a soutenu son ambassadrice en janvier 2014 : « les États-Unis restent engagés pour obtenir un moratoire sur le commerce de la baleine, et sont préoccupés par la durabilité et l’inhumanité des chasses japonaises au dauphin », a déclaré la porte-parole Marie Harf.

Les autorités et les pêcheurs de Taiji soutiennent pour leur part que cette activité est primordiale pour la vie économique de leur communauté et accusent les activistes de ne pas s’émouvoir autant de l’abattage annuel de millions de vaches et de cochons dans les pays occidentaux et ailleurs. Le Japon a déjà mis fin à ses recherches cruelles et invasives sur les chimpanzés grâce aux pressions internationales exercées. Il existe des moyens de mettre fin au carnage et de faire valoir notre humanité en agissant.

La prison du désespoir des dauphins

Un dauphin filant librement dans la mer jusqu’à 100 km par jour et plongeant à des profondeurs atteignant 200 m, soudainement confiné entre les murs d’un aquarium, peut-il trouver sa condition supportable ? Les sources indiquent que ce ne saurait être le cas : un dauphin libre est toujours en mouvement même lorsqu’il se repose et passe 80 % du temps dans les profondeurs. En général, 30 % des dauphins décèdent après 24 heures de captivité, selon le spécialiste des dauphins Giorgio Pilleri ayant étudié les dauphins en captivité durant 20 ans. La privation de liberté et l’oisiveté des dauphins les rendent malades, dépressifs et plusieurs se suicident en se précipitant contre les parois des aquariums.

L’observation des dauphins et des baleines en liberté, une pratique de l’écotourisme, permet l’observation des animaux marins dans leur milieu naturel souvent proche des zones côtières, sans leur nuire. Les dauphins font également preuve d’un sens de collaboration avec les humains exceptionnel, comme en témoigne leur assistance aux pêcheurs dans plusieurs régions du globe. Il s’agit d’une pêche paisible au cours de laquelle les dauphins apportent chaque année aux pêcheurs les poissons dont ils ont besoin.

Chiffres-clés
– Environ 200 delphinariums à travers le monde
– 51 delphinariums au Japon et 34 dans l’Union européenne
– Prix d’un dauphin destiné à la captivité : jusqu’à 150 000 $
– Prix d’un dauphin destiné à être consommé : jusqu’à 600 $

Renseignements :
Dauphins pêchant avec les hommes : www.youtube.com/watch ?v=0GOb3nFpewM‎

edition.cnn.com

respect-animal.ca

The Cove (la baie de la honte) : documentaire complet téléchargeable gratuitement au : 1divx.com

Yasmina El Jamaï