Poutine, seul contre tous ?
1914-2014 : l’Histoire se répète

17 juillet 2014 : Le vol MH17 explose au-dessus de l’Ukraine. Cet événement aura-t-il des conséquences similaires à l’assassinat, en 1914, de l’archiduc François-Ferdinand, qui déclencha la Première Guerre mondiale ? Nous allons voir ici que ces deux événements sont bien plus semblables qu’on ne peut l’imaginer au premier abord.

Dans notre univers, le temps est de nature cyclique. S’il est facile d’observer les cycles quotidiens, mensuels et annuels, il est moins évident, à notre échelle, de percevoir l’existence de cycles plus longs, qui peuvent durer plusieurs millénaires. Toutefois, ils pourront devenir manifestes au chercheur sérieux qui étudie l’Histoire.
À travers son œuvre magistrale, l’historien Gaston Georgel1 a démontré que l’Histoire se répète. Il existe des cycles de 2 160 ans, de 1 080 ans, de 540 ans et de 180 ans, mais aussi des cycles plus courts, tels que celui de 11 ans, qui correspond aux activités des tâches solaires.2 Nous allons nous intéresser ici au cycle de 100 ans – mis aussi en évidence par Gaston Georgel – afin d’établir un parallèle entre 1914 et 2014.

Selon la loi des cycles, tout événement ayant marqué l’Histoire reste gravé dans l’éther du monde, telle une rayure sur un disque en vinyle. Lorsque l’aiguille du temps revient sur ce sillon un cycle plus tard, des événements similaires se reproduisent. Sans qu’elles s’en rendent compte, les masses réagissent alors de la même manière que lors du cycle précédent, comme si elles rejouaient la même partition.
En observant l’actualité à la lumière de la loi des cycles, le chercheur ne se laisse pas distraire ni perturber par le flot des drames qui surviennent quotidiennement. Et il peut, en outre, approfondir sa compréhension des événements, car il saura les mettre en relation avec des événements passés.

Alexandre et Napoléon
Un exemple édifiant de cette loi des cycles est la similitude existant entre la vie d’Alexandre le Grand et celle de Napoléon Ier.
Dans toute l’histoire antique, il n’y a pas d’événement plus marquant que la conquête fulgurante menée par Alexandre le Grand, lequel, sans essuyer aucune défaite, mena des milliers d’hommes jusqu’aux confins de l’Inde – le « bout du monde » selon les Anciens.
Dans les territoires conquis, il laissa ses propres hommes, qu’il chargea d’administrer l’empire nouvellement conquis, avec ordre de respecter les us et coutumes locaux.
Même si l’empire d’Alexandre n’a pas survécu à sa mort, la culture hellénistique put, grâce à sa témérité, s’exporter vers l’Orient et servir plus tard de terreau pour le développement du christianisme.

2160 ans après la naissance d’Alexandre, soit une ère zodiacale plus tard, un autre grand conquérant entre en scène : Napoléon.
Lui aussi remporte victoire sur victoire, écrasant tous ses ennemis. Lui aussi construit un immense empire, qui s’effondre rapidement. Lui aussi permet à la culture française de s’exporter vers l’Orient : il ira en Russie, mais également en Égypte, à l’instar d’Alexandre avant lui.
Ces conquêtes aussi éloignées de la France n’ont de sens que si l’on comprend que Napoléon suit un sillon tracé par un autre, et que c’est ce qui lui confère une telle puissance.
Napoléon était comme habité par cette force laissée sur le plan éthérique 2 160 ans plus tôt par l’un des plus grand héros de toute l’histoire humaine.

Ce qui s’est réellement passé en 1914
Il faut avant tout comprendre que 1914 marque un tournant dans l’histoire de l’humanité. La guerre alors déclenchée fut la plus sanglante de l’Histoire, mit fin à de nombreuses monarchies et redéfinit la carte du monde.
Sur le plan spirituel, elle fut un véritable désastre car, comme l’a indiqué le clairvoyant Rudolf Steiner, la génération alors en passe de devenir adulte était appelée à participer à la régénération spirituelle de l’Europe. Mais, à la place, on en fit de la chair à canon.
On sait que la Première Guerre mondiale fut déclenchée le 28 juin 1914 suite à l’assassinat de l’héritier de la couronne d’Autriche, François-Ferdinand de Habsbourg, par un jeune terroriste serbe, Gavrilo Princip.
Ce que l’on ignore, c’est que jamais la Serbie n’a commandité cet attentat qui lui apparut comme un désastre. Car, sortant tout juste d’une guerre avec la Turquie, elle n’aspirait qu’à la paix dont elle avait besoin pour se reconstruire.

Elle soupçonna immédiatement des factions occidentales d’avoir orchestré l’attentat qui fut le prétexte d’écraser la Serbie définitivement.

Depuis la fin du XIVe siècle, la Serbie n’a jamais cessé d’être attaquée, tant par les Turcs que par l’Autriche catholique, laquelle la considérait comme une nation hérétique car orthodoxe.
L’histoire de la Serbie est l’une des plus tragiques d’Europe. Prise en étau pendant six siècles entre des superpuissances qui ne souhaitaient que sa perte, si elle existe encore à l’heure actuelle, cela tient du miracle.3
Il fut prouvé par la suite que l’attentat commis par Gavrilo Princip avait, en fait, été commandité par les services secrets occidentaux4, ce qui n’a pas empêché l’Autriche de déclarer la guerre à la Serbie un mois plus tard, déclenchant déclarations de guerre sur déclarations de guerre.

Le sacrifice de la Russie
Le second pays consterné par l’attentat du 28 juin 1914 fut la Russie. Elle aussi se douta immédiatement que ces événements avaient été orchestrés pour anéantir la Serbie. Et le tsar Nicolas II se sentait éminemment concerné car, avant d’être le monarque de Russie, il était le protecteur de tous les orthodoxes. Il ne pouvait pas, au risque de trahir sa fonction sacrée, tolérer le massacre des Serbes orthodoxes, ainsi qu’il l’écrit dans une lettre adressée à son cousin, l’empereur Guillaume II d’Allemagne :

Une guerre ignoble a été déclarée à un pays affaibli. L’indignation de la Russie, que je partage pleinement, est immense. Je vois que, très bientôt, je serai submergé par la pression et forcé de prendre des mesures extrêmes qui conduiront à la guerre. Pour essayer d’éviter une calamité telle qu’une guerre européenne, je te prie, au nom de notre vieille amitié, de faire ce que tu peux pour empêcher tes alliés d’aller trop loin.5

Le peuple russe souhaitait ardemment que son gouvernement défende la Serbie, un pôle majeur de l’orthodoxie.
Le tsar, quant à lui, savait qu’il s’agissait d’un piège tendu à son pays. Quelques années plus tôt, la Russie avait subi une humiliante défaite face au Japon. Depuis, le gouvernement était attaqué de tous côtés par des révolutionnaires à la solde de l’Occident.
Pour compliquer les choses, le tsar était opposé à la création d’un organe qui allait devenir la Société des Nations, voyant que cet organe ne serait qu’un outil entre les mains des puissances anglo-saxonnes. Il avait donc de nombreux ennemis, tant à l’intérieur du pays que sur la scène internationale.
Contrairement à ce qu’affirment les historiens officiels, le tsar n’avait donc aucun intérêt à entrer en guerre. Il ne l’a fait que par un sentiment de devoir sacré, étranger à la position de la plupart des gouvernements occidentaux.6


Le tsar et sa famille massacrés par les bolchéviques
La Russie a d’ailleurs chèrement payé son engagement car, affaiblie à l’extrême par la guerre, elle succomba à la révolution de 1917 qui marqua le début de l’anéantissement du monde russe traditionnel, soit plus de 10 millions de personnes.

L’Ukraine, nouvelle Serbie ?
À la lumière de ces faits historiques – qui, précisons-le, ne sont jamais mentionnés par l’histoire officielle – nous comprenons que la guerre qui a débuté en 2014, en Ukraine, présente de nombreux parallèles avec les évènements survenus en Serbie, en 1914.
Pour avoir une vision objective de la situation, il faut savoir que l’Ukraine est devenue indépendante lors de l’effondrement de l’URSS. Ayant subi pendant des décennies le joug du centralisme stalinien, les Ukrainiens étaient heureux de retrouver une certaine autonomie.

Au vu de ce désir d’indépendance, nul ne peut nier que, depuis le IXe siècle après J.-C., l’Ukraine a toujours été un territoire russe. Après avoir conquis le royaume de Khazarie, les Vikings – alors appelés Varègues – y établirent l’État de Kiev qui devint l’embryon de la future Russie. Cet État était déjà dit Rus, c’est-à-dire russe. L’Ukraine est donc le berceau historique de la Russie.
L’Ukraine a connu de nombreuses vagues migratoires mais sa population a toujours été majoritairement slave. Ajoutons que ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’on commença à parler des « Ukrainiens » et de la langue « ukrainienne », laquelle est d’ailleurs très proche de la langue russe.

En bref, les Ukrainiens sont simplement des Russes du sud qui, au fil des siècles, se sont éloignés de leurs cousins du nord, mais ont gardé de très nombreuses similitudes sur les plans racial, culturel, linguistique et religieux.
À partir de ce constat, nous réalisons qu’il est absolument justifié :
Que la Russie souhaite maintenir une étroite collaboration économique, diplomatique et militaire avec l’Ukraine et qu’elle voit d’un mauvais œil l’implantation de l’OTAN dans cette région.
Que la région de Crimée, affaiblie par la mainmise de l’Occident sur l’Ukraine, ait souhaité rejoindre sa mère-patrie la Russie, malgré l’opposition de l’Europe et des États-Unis.
Que la Russie intervienne lorsque des Ukrainiens pro-russes – qualifiés de « terroristes » comme tous ceux qui ne sont pas du bon côté – se font massacrer par des combattants armés par l’Occident. Après tout, la plupart de ces « Ukrainiens » sont des Russes !

Certains affirmeront qu’aucune guerre ne peut se justifier, mais on ne peut reprocher à une nation de défendre son propre peuple, même si celui-ci se trouve de l’autre côté d’une frontière somme toute relative !

Le crash du vol MH17
100 ans et 19 jours après l’attentat du 28 juin 1914, le 17 juillet 2014, une « répétition » de l’attentat de Sarajevo a donc été organisée à travers l’explosion en plein vol d’un avion de la Malaysian Airlines, faisant 298 morts, essentiellement des Occidentaux.
Immédiatement, et avant même l’ouverture d’une enquête, les médias ont soupçonné les Russes, alors que des sources plus confidentielles révélaient que les responsables seraient plutôt à rechercher du côté des services secrets occidentaux.7
Se répète alors le même scénario qu’en 1914.
Créer d’abord un incident choquant pour accuser ensuite son ennemi est une tactique éprouvée maintes fois dans l’Histoire. La Russie – qui n’est pas dupe – a immédiatement dénoncé la manœuvre.

Quel que soit le responsable, il faut reconnaître que la Russie n’a aucun avantage à un embrasement dans la région, elle qui connaît une belle reprise économique et démographique depuis l’an 2000, grâce au remboursement quasi intégral de sa « dette ».
Tout comme en 1914, la Russie ne doit rien à personne, et n’est pas prête à se plier aux chantages des Occidentaux.
Et tout comme le tsar, en 1914, Vladimir Poutine et sa politique nationaliste et traditionaliste sont soutenus par l’immense majorité du peuple russe.8
Un bras de fer semble donc inévitable.

Poutine, opportuniste ou défenseur de son peuple ?
Il serait tentant à ce stade de la réflexion de penser que Poutine est, à l’image du tsar, investi du devoir sacré de défendre l’âme de son peuple, tout ce qu’il dit et fait allant dans ce sens. Une chose est certaine : il bénéficie de la force accumulée dans l’éther par le sacrifice du tsar et du peuple russe un siècle plus tôt. Mais quel véritable objectif le mystérieux maître du Kremlin a-t-il en vue ?
Notons que si Napoléon a suivi le sillon puissamment tracé par Alexandre le Grand, cela ne l’a pas empêché d’aller dans un sens contraire aux idéaux du grand héros !

Alexandre fit rayonner l’ouverture d’esprit hellénistique jusqu’aux confins de l’Orient, restaurant les cultes des multiples divinités qu’il rencontra sur son passage.
Napoléon, quant à lui, répandit la culture athée et matérialiste issue de la Révolution française, faisant tomber un grand nombre de monarchies d’Europe. Rudolf Steiner a dit de Napoléon qu’il fut le premier être humain « sans âme » de l’Histoire.9 Il ne fut qu’un instrument de la mort.

Poutine exploite-t-il le sillon tracé par le tsar pour mener sa propre politique ou est-il véritablement investi de l’âme de la Russie ? Un ancien agent du KGB, élevé à la pure doctrine marxiste, peut-il se retourner contre ses maîtres et mener un combat qui va radicalement à l’encontre de l’idéologie internationaliste ? Autrement dit, Poutine est-il ce sauveur de l’âme russe ou une marionnette manipulée pour entraîner son peuple vers la guerre et, en définitive, vers un nouveau massacre ?


Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud.
Une alliance contre-nature qui ne durera pas

Quelles que soient les intentions de Poutine, la Russie ne saurait triompher face à la toute-puissante Amérique, incarnation des valeurs les plus modernes.

S’allier économiquement à la Chine, au Brésil et à l’Afrique du Sud est habile de la part de Poutine, mais ces nations – qui ne partagent guère les aspirations actuelles de la Russie – n’hésiteront pas à changer de camp dès que le vent tournera.
Depuis plus de deux siècles, toutes les nations qui défendaient des valeurs traditionnelles ont été systématiquement détruites, et cela dans les plus effroyables bains de sang. Pourquoi serait-ce différent pour la Russie ?

Conclusion
En cette année 2014, les Russes revivent, telle une expérience karmique, les évènements dramatiques qui ont abouti à la déchéance spirituelle de leur pays.
Il est probable que ce peuple paiera chèrement – à nouveau – sa volonté d’aller à contre-courant de la modernité. La race slave, qui connaît un nouvel élan depuis l’an 2000, risque de voir ses aspirations tuées dans l’œuf, elle qui est pourtant appelée, selon la tradition ésotérique, à connaître son heure de gloire et à apporter sur la Terre une nouvelle culture spirituelle.
Ce n’est pas là le plan des anglo-saxons qui comptent bien continuer à imposer leur conception du monde à l’ensemble de l’humanité.
Il est encore difficile d’évaluer jusqu’où ira cette « répétition » de l’Histoire. Allons-nous assister à la déclaration de la troisième guerre mondiale ? Le but est-il simplement d’épuiser les sentiments nationalistes russes, avant de passer à des enjeux plus cruciaux, comme celui du Moyen-Orient ?

Quoiqu’il en soit, le plus important est de ne pas se laisser piéger en mettant son cœur d’un bord ou de l’autre. Nous ne sommes plus en 1914. Nous sommes en 2014, et les dés sont aujourd’hui entièrement pipés. Même si l’Histoire semble se répéter, les faits ne se ressemblent pas. En un siècle, les partisans du mondialisme ont acquis une puissance démesurée leur permettant de réduire à néant ceux qui s’opposent à leur avancée. Il faudra être plus malin.

– Sébastien V
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Notes
Voir Les rythmes dans l’histoire, Gaston Georgel, Éditions Arché, 1981 et quatre âges de l’humanité Gaston Georgel, Éditions Arché, 1981.
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Pour une explication détaillée, voir « Les cycles cosmiques »
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Voir Histoire du Peuple Serbe, Dušan T. Bataković, Éditions L’Âge d’Homme, 2005. Nous n’aborderons pas dans cet article la propagande mise en œuvre pour justifier la récente guerre des Balkans, qui fut, contrairement à ce qu’en disent les médias, un nouveau génocide à l’encontre des Serbes.
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Pour une étude détaillée des événements, mais aussi pour comprendre la haine de l’Église catholique envers les Serbes, voir Les Habsbourg, l’Église et les Slaves du Sud, Branko Miljus, Éditions Pichon et Durand-Auzias, 1970.
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Lettre du 29 juin 1914. Traduite par nos soins. Source : Antiwar.com
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Les gouvernements occidentaux, notamment américain, peuvent invoquer la notion de « devoir » pour justifier leur politique, mais ce n’est qu’un prétexte démagogique. Pour la Russie, il s’agissait d’un instinct de survie face à une agression.
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Voir « Was Ukraine’s Ministry of Interior behind the Downing of Malaysian Airlines MH17 ? », Michel Chossudovsky, Global Research, 18 juillet 2014,
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« La côte de popularité de Poutine franchit la barre des 80 % », Ria Novosti, Voir aussi : « 7 mythes sur la Russie de Poutine : l’URSS 2.0 », la Voix de Russie,
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Conférence du 19 octobre 1918, publiée dans Symptômes de l’Histoire, Rudolf Steiner, Triades, 1985
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