Le Mahatma Ghandi prit le train, un jour d’été.
Ses fidèles et admirateurs se pressaient autour de lui.

D’aucun aurait pu s’isoler dans un compartiment pour avoir la paix mais lui n’en fit rien. La paix était en lui et rien ni personne ne pouvait le perturber. Il accueillait les salutations de chacun et y répondait en souriant. Son bonheur se répandait sur tous, comme une douce vague.

Les champs s’étendaient à perte de vue le long de la voie ferrée et le paysage semblait refléter l’état interne de Gandhi. Immense, paisible, joyeux et plein de vie.

Le temps était beau et il commençait à faire chaud dans les wagons. Gandhi décida donc de monter sur le toit du train pour prendre l’air. Or, en montant, il perdit une de ses chaussures. Rapide comme l’éclair, ses compagnons le virent aussitôt délacer sa deuxième chaussure et la jeter dans la même direction que celle où avait disparu la première.

Stupéfaits, ils lui demandèrent pourquoi il jetait aussi sa deuxième chaussure. Gandhi leur expliqua alors que le paysan qui trouverait la première chaussure serait heureux de trouver la deuxième et pourrait ainsi en profiter… il espérait seulement qu’elles seraient à sa taille. “Qu’au moins la perte ne soit pas pour nous deux”, dit-il en riant.

Bel exemple d’acceptation totale de ce qui se présente !

****************************

Dans cette anecdote, l’imprévu et la perte sont reçus comme une volonté de l’univers en quelques sortes… j’ignore ce que Gandhi a pensé à ce moment-là mais cela a pu être qu’un paysan avait besoin de chaussures, que l’univers testait son accueil du moment, que lui-même avait besoin d’être tout entier dans le présent et que l’imprévu lui permettait d’y accéder… on peut imaginer plein de choses.
Ce qui est clair, c’est que finalement, quoiqu’il arrive, on peut subir ou accompagner le mouvement. On peut se tourmenter ou rester paisible voire se réjouir.

La réaction de Gandhi, par son immédiateté et par sa générosité, est l’aboutissement d’un long cheminement. Peu de personnes peuvent arriver à cet état de conscience de manière aussi immédiate. Mais on peut progresser vers cela… et c’est ce qui importe.

Pour le faire, il faut se détacher de son ego… Penser que nous ne sommes pas le centre du monde et que les évènements ou les attitudes de ceux qui nous entourent sont bien rarement dirigées contre nous. Quelqu’un peut nous faire du mal, on peut connaître l’injustice ou la perte, on peut manquer d’amour… mais c’est notre manière de recevoir les actes d’autrui qui génère de la souffrance… ou pas.

La plupart du temps, celui qui fait souffrir souffre lui-même et “arrose” ceux qui sont autour de lui de sa souffrance. Le meilleur moyen de se protéger est sans doute de considérer que les paroles d’une telle personne sont des mots qu’elle se dit à elle-même. On comprend mieux sa souffrance ainsi et on ne se sent pas touché. Cette attitude permet aussi de surmonter les injustices. C’est essentiel quand on sait qu’elles ont un fort pouvoir toxique sur l’estime de soi. Bizarrement, la victime d’une injustice peut se sentir coupable et honteuse. Avoir conscience que ce n’est pas elle en tant qu’être qui est visée lui permettra de ne pas perdre confiance en elle et de faire valoir ses droits.

L’acceptation revient donc tout simplement à lâcher prise et à accueillir la réalité… non telle qu’on la voudrait mais telle qu’elle est. L’intérêt d’une telle attitude est de nous “décrocher” de la souffrance, toujours liée au refus des faits et de l’environnement, humain ou non. Et de garder l’esprit clair afin de sortir rapidement d’une situation douloureuse.

Accepter, c’est prendre du recul.

C’est s’entourer d’un espace protecteur paisible.

C’est voir sa vitalité régénérée.

C’est se permettre de rebondir avec facilité suite à des épreuves.

C’est être en totalité connecté à soi-même.

C’est accueillir nos émotions sans s’identifier à elles : elles sont normales, on peut les reconnaître, les nommer et s’en détacher.

C’est être en lien avec sa propre paix intérieure.

C’est pouvoir rire de tout ce qui se présente… non comme on rit par défense ou par raillerie… mais un rire simple, étonné, émerveillé parfois… comme si la vie nous jouait un bon ou un mauvais tour.

C’est enfin activer les énergies de liberté et de guérison en soi.

Expérimentez cette prise de position décrite dans ces quelques phrases. Méditez dessus. Ressentez-le en vous. Et lorsque la vie vous jouera un tour, connectez-vous à ce ressenti. Cela vous aidera beaucoup et vous serez étonné de votre capacité à accueillir avec sérénité ce qui se présente.

En toute amitié,
Sylvie
Cultivatrice de Joie

Sylvie