Le rêve est un état modifié de conscience. Bien que nous en soyons généralement le personnage central, le rêve nous anime davantage que nous avons de prise sur lui. Cela nous permet de toucher à une part de nous libérée du système de contrôle du mental et de l’égo. Ils sont tellement omnipotents dans notre quotidien que sans eux nous nous sentons démunis et dépossédés de nous-mêmes. Le rêve nous plonge dans un tourbillon de sensations, de stimuli et d’émotions non récupérés par le mental et l’égo. Au cours du rêve, c’est une part plus profonde de nous qui est aux commandes. L’ayant tellement occultée, cela nous donne l’impression de ne pas avoir de prise sur la situation vécue en rêve. Si la notion de rêve lucide réfère à la prise de conscience d’être plongé dans un rêve, le degré de lucidité afférent dépend de notre capacité à réintégrer un système de contrôle basé dorénavant sur l’Âme.

Où se place le rêve lucide

La phase du sommeil lent profond est celle où l’activité biologique du corps est réduite au minimum. Notre organisme emploie cette phase de sommeil pour se reposer et récupérer de ses activités diurnes. Notre activité cérébrale se caractérise par des ondes lentes et amples. C’est le moment où nous sommes le plus inaccessible au plan physique. Si la phase de sommeil profond est le siège de rêves, ils sont parmi ceux les plus difficiles à se remémorer au réveil.

En sommeil profond, notre conscience plonge au plus profond d’elle-même pour déployer un univers qu’elle co-crée.

La phase du sommeil paradoxal, terminant le cycle normal de l’endormissement, est celle où s’alterne des signes de sommeil très profond et des signes d’activité électrique corticale intense. Les ondes cérébrales sont rapides. Notre corps traduit par son agitation (spasmes physiques, activité cardiaque marquée) et ses expressions faciales (rictus, mouvements oculaires rapides) une étroite corrélation entre le vécu en état modifié de conscience et le plan physique. Le corps physique est le prolongement de l’expérience du rêve. Cela peut aller jusqu’à la parasomnie, et ses manifestations les plus connues comme le somnambulisme ou les terreurs nocturnes des enfants.

En sommeil paradoxal, notre conscience se projette à l’extérieur pour explorer un univers qu’elle n’a pas créé.

À ces deux profils de rêves s’opposent deux réalités distinctes pour notre conscience. Si le tonus musculaire est maintenu lors de la phase de sommeil profond, c’est que la conscience garde ses corps subtils denses au plus près du corps physique. Elle reste maîtresse de sa réalité.

Mais lors du sommeil paradoxal, le tonus musculaire est aboli. Une forme de paralysie se met parfois en place. Cela traduit le détachement de l’un des corps subtils denses du corps physique. La conscience maintient l’intégrité du corps physique tout en étant ailleurs grâce à un véhicule éthérique. Ce découplage se nomme conventionnellement projection astrale, par le corps éthérique ou par le corps astral.

L’exploration des rêves en phase de sommeil profond nous renvoie à notre divinité ou êtreté selon. L’écarter ici permet d’ouvrir en grand la face cachée des rêves en phase de sommeil paradoxal. Le rêve lucide peut alors être pleinement exploité.

Que faire pendant un rêve lucide

Une fois endormi, la sortie hors du corps par le corps astral est le fondement d’un vécu que l’on identifie sous l’expression de rêve lucide.

Lorsque l’on parle de rêve conscient, le dormeur réalise plus ou moins pleinement qu’il est en train d’effectuer un voyage extracorporel.

La grande majorité des rêves en sommeil paradoxal est comparable à un voyage de courte distance vers une bulle onirique individuelle. C’est un univers temporaire ultra localisé. Cette bulle se met en place dans l’astral de notre planète, nous y pénétrons, puis elle disparaît au réveil. Le souvenir se réduit à la portion vécue la plus intense sans se remémorer l’avant, l’après, ni le pourquoi du comment.

La lucidité dans un rêve s’accroit lorsqu’on a une influence sur le déroulement du vécu sous cet état modifié de conscience. La compréhension du monde astral permet de savoir comment maîtriser le rêve lucide. S’il constitue un outil pour explorer son propre inconscient, le rêve lucide permet d’aller au-delà.

Lorsque mes pensées se tournent vers une personne de manière redondante, je sens parfois l’appel intérieur à recourir à la technique du rêve lucide.

Le rêve lucide est aussi un moyen pour rejoindre l’inconscient d’une autre personne.

Je peux ainsi m’adresser à elle en contournant sa personnalité de tous les jours avec son égo et ses conditionnements. Le moment le plus propice pour moi est lorsque cette personne est possiblement encore endormie. Je ne sors pas de mon corps par le désir du mental mais quand quelque chose au fond de moi, plus grand que mon petit moi, m’y invite.

Ce matin-là, le détachement de mon corps est si rapide que je le perçois à peine. Je suis presque instantanément plongé dans une scène de rêve. Je suis dans un bâtiment, passant d’étage en étage. Je me sens attiré vers une pièce en particulier. Des convives sont attablés. Les personnages de la scène ont ce manque de consistance propre aux faire-valoir d’un rêve. Je sais que le scénario qui se déroule n’est pas issu de ma propre bulle. Je suis entré dans le rêve de la personne que je recherche. Aucun des personnages de la scène n’interagit réellement avec moi, je ne ressens pas d’émotions particulières liées à ce qui se passe ou se dit. Ce sont deux critères pour savoir si on est dans son propre rêve ou celui d’un autre. Par contre, en me plaçant au plus près de la table, je vois une personne se lever et tenter de se dissimuler à mon regard. Elle est différente de tous les autres personnages. Elle émet une vibration, je ressens ses émotions, je perçois ce qu’elle expérimente ici. C’est l’instigatrice de ce rêve. Elle m’y apparaît semblable à son apparence dans la vie éveillée.

Ma présence la perturbe beaucoup. Une part d’elle m’a attiré à elle mais une autre part fuit.

Le rêve lucide révèle l’état de l’enfant intérieur, le sien tout autant que celui d’autrui.

Lorsque la personne sort de la pièce, tout s’agite autour de moi. Le décor semble se désagréger. Certains figurants de la scène se tournent vers moi avec un regard désapprobateur. Certains se révèlent être des consciences autonomes usurpant des apparences tirées de la psyché de la rêveuse. Tant que la personne en rêve ne déviait pas du scénario du rêve, tout se passait bien. Ce n’est plus le cas. Elle est en train de se réveiller et sa bulle se referme.

Je dois partir précipitamment. Aucune peur ne m’habite. Celle-ci est le propre de l’égo, qui lui se niche dans notre corps éthérique, le corps subtil le plus proche de notre corps physique. Pour reprendre un terme militaire,

L’égo est un système factice de contre-mesure face à la souffrance réelle de notre enfant intérieur.

Dépouillé du mental-égo, le véhicule astral permet de réagir astucieusement par la voix de son Âme. Elle nous met librement en action dans un rêve lucide. Nous ne nous sentons jamais démuni dans une situation instable.

Ce n’est pas mon premier retour express dans mon corps. J’ai expérimenté les méthodes extrêmes. Courir pour sauter d’un pont qui se matérialise. À la hussarde en me défenestrant d’un haut bâtiment. En trouvant un puits sans fond dans lequel plonger. L’idée reste toujours de descendre rapidement du monde astral pour rejoindre le monde physique. La descente est à chaque fois une sensation réelle de chute vertigineuse comme happé par la gravité terrestre. Qui ne s’est jamais réveillé en sursaut, le cœur battant à cause d’un rêve se terminant par une sensation de chute libre…

J’ai appris à rentrer promptement mais plus ingénieusement. Détestant avoir le vertige, il le fallait. Cela ne se décrète pas par le mental, absent du voyage astral. Cela doit venir de son Soi intérieur, notre Âme. C’est elle qui doit intégrer de nouvelles solutions de sortie. La répétition est mère de tout apprentissage.

Cette fois-ci, je me suis représenté un pôle semblable à ceux que l’on retrouve dans une caserne de pompier. Il s’est matérialisé sur une simple intention. Je l’agrippe et je me laisse glisser. Je traverse les étages inférieurs du bâtiment. Les décors sont de plus en plus chaotiques et fragmentés. J’arrive dans un étage effrité où le sol a disparu. C’est le noir complet en-dessous. Mon pôle cesse soudainement d’exister, je n’ai plus rien pour m’agripper. Cet espace noir et vide qui m’avale ne dure qu’un instant. Je suis d’un coup au plafond de ma chambre et je tombe à la renverse. C’est très court, juste assez pour vivre quand même cette fichue sensation de chute que je déteste. Aucun choc. Je suis comme amorti en douceur. Puis je glisse avec lenteur dans mon corps.

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Samuel