Un de ces points est désigné par le mot androgynie, qui pour nous signifie l’harmonisation, dans le cœur de chacun, des énergies féminines et masculines et de toutes les énergies considérées jusqu’à présent comme opposées. Une première conséquence est que cela mettra un terme à ce qui a été appelé « la guerre des sexes » qui a causé et cause encore tant de ravages. Mais la portée de cette prise de conscience va beaucoup plus loin.

Il y a déjà quelques années que l’être humain dit « civilisé » a compris qu’en dépit d’appartenir à l’un ou à l’autre sexe, il avait en lui les deux types d’énergies.

Au cours des différentes incarnations, on venait sur Terre dans un corps masculin ou féminin, il y avait une prédominance de l’une ou l’autre des énergies, prédominance qui n’était pas toujours très marquée chez le petit enfant mais allait croissant avec l’âge, surtout après la puberté.

Les parents et les éducateurs se croyaient obligés de couper toute ambiguité dès le plus jeune âge et dans tous les détails de la vie quotidienne.

Combien de petits garçons, devant faire face à un gros chagrin, ne se sont pas entendus dire : « Sèche ces larmes. Un homme ne pleure pas. » Obéissant, ils avalaient leurs peurs et le traumatisme, quel qu’il fût, au lieu de s’exprimer et se vider ainsi de son contenu, restait dans les couches profondes de leur inconscient, avec des conséquences dont on commence seulement à se rendre compte.

Ces enfants sont, le plus souvent, devenus des adultes réservés, introvertis, incapables de s’ouvrir aux autres, même aux plus intimes. Supportant en silence les coups durs de l’existence, seuls les plus équilibrés ont pu devenir des êtres socialement acceptables, appréciés et aimés. Aimés de leurs proches, mais qu’en est-il d’eux-mêmes ?

Ce n’est là qu’un exemple de toutes les tortures que les enfants ont subies du fait de leur appartenance à l’un ou l’autre sexe.

Il y avait cette petite fille, enfant unique de parents aisés, qui possédait des dizaines de poupées, avec des vêtements pour chaque occasion, et même des miniatures de produits de beauté, de ceux pour lesquels les mamans font parfois des folies.

La petite jouait avec tout cela de bon cœur, mais il lui arrivait d’avoir envie de jeter ces bijoux par la fenêtre. Si elle se retenait, c’était uniquement pour ne pas se faire gronder.

Un jour, elle rendit visite avec sa maman à une vielle tante qui n’avait eu que des garçons. Dans la maison il ne restait a priori plus rien comme jouets, et pendant que les deux dames bavardaient, l’enfant s’ennuyait.

La tante s’en aperçut et se mit aussitôt à farfouiller dans les armoires de ce qui avait été, trente ou quarante ans auparavant, la chambre d’enfants. Elle n’y dénicha qu’une petite voiture de pompiers, en métal, peinte en rouge vif et dotée d’une sirène. D’un air dubitatif, elle la mit entre les mains de l’enfant.

Et ce fût le coup de foudre. La petite, qui devait avoir dans les 5 ou 6 ans, l’emporta avec elle, et trois ans après elle jouait encore avec sa voiture de pompiers, tandis qu’elle avait depuis longtemps mis de côté les poupées de l’époque.

Heureusement cet incident a eu lieu il y a à peine quelques années. Si un évènement similaire s’était produit une ou deux générations plus tôt, jamais la famille n’aurait consenti à ce que la petite fille joue avec des objets pour garçons. Et quand s’était le garçon qui s’amusait avec les poupées de sa sœur, alors là il y avait un vrai scandale.

Quand je vois un homme qui s’occupe d’un bébé, qui le baigne, le lange, lui donne son biberon, qui aide sa femme dans les taches ménagères sans pour autant se sentir rabaissé, je ne peux m’empêcher d’éprouver joie et fierté. Celui-là, me dis-je, est déjà bien avancé dans l’harmonisation de ses énergies masculines et féminines, dans l’androgynie.

Toutefois, les mauvaises habitudes ont la vie rude, et dans beaucoup de milieux on oppose encore systématiquement les deux sexes, on les dresse l’un contre l’autre. Dans ces milieux là, on entend les femmes dire : « les hommes sont des égoïstes, incapables de tendresse, de compréhension, d’écoute ».

Dans un groupe de mâles, vous entendez les mêmes propos, à peu de choses près, au sujet des femmes.

Ainsi, on met dans le même sac, sans se poser de questions, une foule d’individus très différents, qui n’ont pas beaucoup en commun à part leur appartenance, le temps d’une vie, à un même sexe.

Le pire est que, les ayant catalogués par cette phrase assassine, on ne se donne plus le mal de les comprendre, de les aider, de les aimer. On ne leur accorde pas une chance de montrer qu’ils sont autre chose qu’une pomme dans un panier de pommes, qu’ils sont uniques, comme tous le sont, et qu’ils méritent d’être écoutés et compris.

Et cette guerre des sexes, que j’ai appelé assassine parce qu’elle détruit tant de foyers et fait éclater tant de familles, contamine d’autres domaines, telle une maladie infectieuse.

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle est à l’origine de toutes les autres guerres, mais je crois que, le jour où chacun aura intégré en lui ses énergies masculines et féminines, qu’il aura cessé de les considérer comme antagonistes et sera donc en mesure de mieux comprendre son partenaire, la Paix aura commencé sur la Terre. La paix dans les foyers appellera la paix dans les villes, dans les pays et entre les pays.

Car l’androgynie est aussi l’harmonisation entre les races, entre les cultures, entre les coutumes, entre les esprits.

C’est miraculeux ce que l’on arrive à faire par le simple effort d’harmoniser nos propres énergies, celles qui sont en nous, au fond de nous. On établit de cette façon la paix dans l’âme, cette paix est comme la première pièce d’une construction de dominos. Elle va faire tomber toutes les autres pièces, et donc toutes les barrières, toutes les séparations créées artificiellement entre les êtres, pour qu’ils s’aperçoivent enfin qu’ils font tous partie d’un même TOUT.

Vers un Monde de Non-Souffrance

Transmis par Marlice d’Allance

Chapitre 9 - L’Androgynie

Editions Hélios

Mai 2004

Couverture du livre : peinture de Mario Duguay

par véga de la lyre