Comment naît la diversité des formes de la Nature ?
Qu’est-ce qu’un phénomène paranormal ?
Devant quoi s’incline la science établie ?

Une interview exclusive du Dr Rupert Sheldrake par le Dr Jens Rohrbeck

Les effets de la pensée sur les machines


Les livres de Rupert Sheldrake sont des best-sellers dans le domaine des publications de vulgarisation scientifique.

MDG : Des chercheurs du Laboratoire de recherches d’anomalies de Princeton aux États-Unis ont montré les effets des pensées sur des machines et des ordinateurs. D’autres ont observé leurs effets sur les plantes et les animaux. Si les pensées influent sur le monde matériel et sur d’autres êtres vivants, c’est qu’il s’agit de quelque chose de très puissant. Pensez-vous que nous ayons de ce fait une plus grande responsabilité, et que les conséquences de ce que nous émettons sont bien plus grandes que nous ne l’imaginons ?

Rupert Sheldrake : Eh bien, si nous admettons que nos pensées peuvent affecter d’autres gens et le monde autour de nous, nous avons en effet une responsabilité par rapport à ce que nous pensons, aussi bien que pour ce que nous disons et ce que nous faisons. Beaucoup de livres de développement personnel prennent simplement pour acquise la puissance de la pensée.

Il n’y a aucun doute que nos pensées et nos intentions forment vraiment la façon dont nous faisons l’expérience du monde et dans une certaine mesure la façon dont les choses arrivent effectivement. Dans quelle mesure tout dépend d’influences soi-disant paranormales ou seulement de psychologie normale est une autre question. Les gens qui sont optimistes réussissent en général mieux que ceux qui s’attendent à échouer dans tout.

Sciences et spiritualités

MDG : La plupart des religions et des spiritualités s’appuient sur l’intuition, l’inspiration, ou même les révélations. Est-ce que le fait d’avoir des connaissances provenant d’une conscience plus haute ne pourrait pas être plus utilisé par l’humanité et même par la science ?

Rupert Sheldrake : Beaucoup de sciences s’appuient certainement sur l’inspiration. Il y a des exemples dans l’histoire de la science où les scientifiques ont eu des moments de clairvoyance. Ils ont soudain dans un flash vu une solution à un problème sur lequel ils travaillaient. Que ce soit dans certains domaines, comme les arts, les sciences ou la technologie, l’inspiration arrive en un éclair. Je pense que la créativité humaine dépend de ces inspirations qui arrivent dans le cerveau des humains. Mais ces derniers doivent être prêts à les recevoir. C’est de façon empirique que beaucoup de sciences dépendent de cette sorte d’inspiration, tout comme d’autres formes de créativité humaine. Mais beaucoup de gens s’ouvrent également à une forme de conscience plus haute, par la prière ou par la méditation, de façon régulière, et gagnent en force et en inspiration pour mener leur vie quotidienne.

MDG : Merci beaucoup. Je vous souhaite de bonnes choses pour votre travail.

Biographie de Rupert Sheldrake


Né en Angleterre en 1942, Rupert Sheldrake est très tôt fasciné par tous les êtres vivants, plantes et animaux, ce qui le mènera de manière naturelle à étudier la biologie et la biochimie à Cambridge. Mais, à mesure que ses études progressent, un gouffre s’ouvre entre son intérêt pour tout ce qui vit et la façon dont la biologie lui est enseignée, c’est-à-dire une science où les êtres vivants sont considérés comme des machines que l’on dissèque pour en comprendre le fonctionnement, et où tout lien émotif entre le chercheur et les animaux ou les plantes est proscrit.

La lecture de Goethe, poète et botaniste, le confirme dans son intuition qu’une science naturelle holistique, basée sur l’observation de la vie et non sur sa destruction, est possible. Convaincu que la science pourrait à nouveau prendre une telle direction, Rupert Sheldrake poursuit ses études en philosophie et en histoire de la science à Harvard. Puis il complète son doctorat en biochimie à Cambridge (1967) et poursuit ses recherches sur la croissance des plantes. C’est alors qu’il se joint aux «Philosophes de l’Épiphanie», un groupe de philosophes, physiciens et mystiques qui explorent les liens entre la philosophie, la science et l’expérience mystique. Ce qui l’intéresse dans cette association, c’est l’étude de la parapsychologie, des médecines alternatives, etc.

Ses recherches sur la croissance des plantes le conduisent à voyager en Inde et au Sri Lanka. C’est pour lui une révélation : l’Asie lui fait découvrir d’autres conceptions du monde.

De retour à Cambridge, Rupert Sheldrake commence à formuler la théorie des «champs morphogénétiques». Il y est question de liens télépathiques entre les organismes et de la mémoire collective des espèces. Pour ses collègues chercheurs, cela semble plutôt risible.

Dès lors, ses recherches s’éloignent de la biochimie, car il ressent qu’il doit plutôt travailler sur des organismes vivant en plein air. Rupert Sheldrake quitte Cambridge et se joint à un institut international de recherche en agriculture (ICRISAT, International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics) œuvrant dans le sud de l’Inde. Pendant six ans, il s’intéresse à la physiologie des légumineuses tropicales et à l’amélioration des récoltes des petits fermiers indiens, ce qui lui permet de travailler dans les champs, au contact direct des plantes. Depuis 2005, Sheldrake est devenu directeur du projet Perrott-Warrick, fondé par une association reliée à l’université de Cambridge. Ce projet recherche les capacités inexpliquées de l’homme et de l’animal.

La télépathie entre l’homme et l’animal : un fait normal !


Dans 50 % des ménages ayant des chiens et 30% des chats, il a été prouvé que l’animal familier sait quand un membre de la famille rentre à la maison. C’est tout à fait évident pour la plupart des propriétaires d’animaux. Certains supposent que c’est la routine, ou pensent que l’animal peut entendre la voiture approcher à une certaine distance. Beaucoup de ces gens, cependant, vivent dans les grandes villes et voyagent par les transports en commun. Mais les chiens savent 10 ou 15 minutes à l’avance que leur maître est sur le chemin du retour.

Rupert Sheldrake a inventé des expériences pour trouver ce qui se passait vraiment. La maison du propriétaire où le chien attendait fut équipée de caméras et le comportement du chien étudié, filmant le moment où il allait à la porte ou à la fenêtre. L’heure exacte fut enregistrée.

Les propriétaires partirent à une distance d’au moins 8 kms et revinrent à l’heure qui avait été décidée pour eux. On les prévenait lorsqu’ils devaient se mettre en route. Pour éviter les bruits familiers de la voiture, ils prenaient un taxi. Dans plus d’une centaine d’expériences avec un chien particulier et avec plusieurs autres, Rupert Sheldrake eut des preuves que l’on pouvait vérifier statistiquement que les chiens – apparemment par télépathie – savent quand leur maître rentre à la maison.

Rupert Sheldrake & Jens Rohrbeck