RÉVÉLATIONS DE ROLAND DUMAS

Roland Dumas
Ministre français
des Relations Extérieures de 1984 à 1986
et
des Affaires Étrangères de 1988 à 1993

Radio Courtoisie – entretien mené par Arnaud Guyot-Jeannin – 24 septembre 2013 – 18’35’’

Radio Courtoisie
Vous avez été approchés il y a un peu plus de deux ans, avant que la guerre civile n’éclate en Syrie, par des services secrets britanniques et américains, qui travaillaient à ce qu’une insurrection non pas populaire mais une insurrection de l’armée, une insurrection d’opposants à l’armée, une insurrection opposante au régime de Bachar El-Assad (président syrien) puisse se fomenter, puisse se constituer.
Dans quelle circonstance ça c’est passé, et est-ce que vous confirmez ?

Roland Dumas
Je confirme !
J’étais donc à Londres il y a à peu près deux ans et demi pour des affaires purement civiles et commerciales, et je me trouvais dans un ensemble de gens responsables de politique internationale parmi lesquels se trouvaient mes interlocuteurs. Et, avec l’un d’eux, nous avons eu plusieurs rencontres : déjeuners, dîners, me dit « nous serions intéressés de savoir ce que vous pensez de ce qui va se passer en Syrie ? »
Et je me suis retrouvé le lendemain avec un aréopage de cinq à six personnes, des gens vraiment formés, intéressés, qui m’ont exposé que se préparait une offensive sur la Syrie pour changer le gouvernement.
Il y avait là des militaires syriens en exile, il y avait là des anglais, un américain un peu « passe partout » mais faut se méfier des américains « passe partout ».

Toute l’interrogation n’était pas simplement de me mettre au courant de ce qui allait se produire et de ce qui s’est produit effectivement, dont je dois dire j’ai réalisé la réalité quelques mois après, car sur place je me suis dis pourquoi est-ce qu’ils me parlent de ça, la Syrie était calme, et j’ai compris que l’interrogation était « est-ce que si on vous pressentait sur ce problème est-ce que vous prendriez une position ? ».
Je leur ai fait remarqué que je n’étais plus aux affaires, au Quai d’Orsay, que j’avais eu des successeurs depuis, et que c’était à eux de définir la politique de la France, qui était une réponse de Normand. Bon.
Et je suis resté comme ça deux jours, mais perplexe, en me demandant pourquoi m’interrogent-ils.
Et j’ai compris par la suite, quand j’ai vu se développer tout ça, la personne qui avait fait la petite réunion était venue me voir à Paris mais ça n’a pas donné de suite.
Ce qui est intéressant c’est que ça m’a mis en éveil pour toute la suite des évènements. C’est-à-dire que ça a pris du relief pour moi quand j’ai vu se développer les choses, je n’y pensais pas du tout pour le jour où on m’a fait cette proposition d’intervenir dans ce contexte.
J’ai eu cessé d’y penser pendant quelques jours, quelques semaines, et j’y ai repensé avec beaucoup plus d’intensité lorsque j’ai vu se développer les choses.

Je voudrai revenir, si vous me le permettez, sur ce qui constitue pour moi une étrangeté c’est-à dire la position de la France autour de ça.
Je suis stupéfait de voir que le pays dont j’ai dirigé la diplomatie avec François Mitterrand pendant presque dix ans c’est porté au devant d’évènements, faut pas nous prendre pour des imbéciles, l’ABC de l’insurrection pour moi.
Ce qui est intéressant aussi de voir c’est que ce n’est pas uniquement les pouvoirs français officiels (qui sont la cause de ces désastres) c’est aussi toute la génération des bienpensants et notamment des médiats. Quand je lis les articles du journal Le Monde, quand j’écoute la télévision les interventions de toute sorte « les experts » qui poussent comme des champignons.
Ce qui est intéressant dans cette aventure c’est de voir la continuité des choses sous le précédent (Sarkozy) et encore plus fortement avec l’actuel président de la république (F. Hollande).
Quand on fait de la politique on est dans le moment, mais il est important de voir le fil conducteur.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à la Syrie sans penser à ce qui c’est passé en Irak, en Libye.

Radio Courtoisie
… En Serbie, en Afghanistan.

Roland Dumas
Je suis indigné par cette position de la France, je ne suis pas le seul, je peux vous dire que les diplomates que je vois en Europe, partout, même s’ils ne le disent pas partagent une grande partie de ce que je vais dire.
Il est impensable, je le dis avec beaucoup de détermination, impensable de vouloir séparer et traiter le problème de la Syrie en elle-même sans penser à l’ensemble de la région et à l’ensemble des problèmes qui se sont succédés, et qui sont, vous l’aurez remarqué, toujours les mêmes.

(…)

La perspective du président des Etats-Unis d’Amérique en poste de 2001 à 2009 (George W. Bush) en réalité qu’est-t-elle devenue ? Ce n’est pas devenu des démocraties, c’est devenu des pays où il y a la pagaille ! Mais il(s) s’en moque(nt) ! Je vais vous dire pourquoi ils s’en moquent. Parce qu’ils préfèrent à un Etat centralisé, fort, dont on présume qu’il a des armes etc., une pagaille dans laquelle on pourra jouer, faire nommer tel chef local, des féodalités de toute sorte, qui permettront de jouer entre les gens et d’établir un statuquo.

Radio Courtoisie
Cela dit, Monsieur le Ministre, est-ce que les peuples en général n’aspirent pas, il est bien évidemment difficile de parler à leur place, à se dégager à la fois d’un Etat à la tutelle centralisée, administrative, bureaucratique, autoritaire, et aussi d’un Etat corrompu où le marché régulerait tous les comportements sociaux, et serait indexé sur l’Occident ?

Roland Dumas
Je vais vous répondre, c’est une réponse un peu de Normand, c’est en même temps difficile à nous d’aller nous substituer à l’autorité d’un pays. Ils choisissent le régime qu’ils veulent ! Ils veulent un régime autoritaire ? Et bien ils prennent un régime autoritaire ! Ce n’est pas à nous de leur dire celui-là n’est pas bon, vous l’enlevez, vous en mettez un autre.

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Ci-dessus transcription internet partielle depuis la vidéo ci-dessous – Delta de la Lyre – Décembre 2015

Source vidéo – Jean Monnaie

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AVIS DU GÉNÉRAL JEAN-BERNARD PINATEL SUR LA SITUATION EN FRANCE ET EN SYRIE

Général Jean-Bernard Pinatel
Independenza Web TV – 2 décembre 2015

Quelques séquences

« Il peut nous raconter tout ce qu’il veut en disant qu’il y a une menace, une menace pourquoi, parce qu’on a fait parti dès le premier jour de la coalition avec les Etats-Unis. »

… « On sait très bien que l’Arabie Saoudite est la grande décideuse de l’argent sale du monde puisque les banques saoudiennes n’ont pas le droit de donner le nom d’un client. Donc en partie l’argent de Daesh passe par l’Arabie Saoudite. »

… « Le grand bénéficiaire, si l’on peut dire, du chao au Moyen Orient c’est Israël »

… « Le budget militaire étasunien est huit fois à neuf fois supérieur à celui de la Russie. On veut nous faire croire que c’est la Russie qui menace le monde ? »

… « Le premier problème national c’est l’endettement. Tant qu’on n’est pas désendetté on est les vassaux de nos créditeurs, et nos créditeurs c’est l’argent international qui est aux mains des anglo-saxons, c’est la bourse de Londres, la bourse de New-York. »

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Transcription de l’entretien vidéo de 0′ à 28’05’’ (sur 35’03’’)

Question d’Independenza Web. TV
La France a également soutenu en 2011 Abderrahim (Qimbeladje, horthographe ?) et le quai d’Orsay (le ministère des Affaires étrangères) l’a accueilli, ou en mai 2014, et aujourd’hui on dit lutter contre le terrorisme !?

Réponse du Général Jean-Bernard Pinatel
On s’est fait totalement rouler dans la farine, et on a voulu se faire rouler dans la farine, c’est ce que je dis. Est-ce que c’est par idéologie, par méconnaissance des dossiers, c’est l’Histoire qui jugera.

Question de Web. TV
Ou par volonté ?

Réponse du Général Jean-Bernard Pinatel
Par volonté aussi.

Question
Parce que vous nous avez dit lors de notre précédent entretient qu’aucun des dirigeants français ne défendait les intérêts de la France ! Donc quels intérêts défendent ces dirigeants ?

Général Jean-Bernard Pinatel
Ils n’ont pas conscience que la France a des intérêts différents de ceux des Etats-Unis. On croit, parce qu’en retour on a de bonnes paroles, que les Etats-Unis ont les mêmes intérêts que nous au Moyen-Orient. C’est faux.

Quels sont les déterminants de la politique américaine ?

Le 1er déterminant c’est d’éviter l’Eurasie, c’est-à-dire d’éviter que l’Europe s’allie avec la Russie parce que ce serait une puissance qui leur contesterait leur primauté mondiale qu’ils ont acquise avec la chute de l’U.R.S.S.. Donc pour cela il fallait renforcer l’OTAN, et la Turquie est membre de l’OTAN, donc on ne va pas se fâcher avec la Turquie qui a été un bon allié face à l’U.R.S.S. et qu’on espère qu’il soit un bon allié face à la Russie car historiquement il y a eu quand même 52 ans de guerre avec 12 guerres entre la Russie et l’empire Ottoman ; ça reste quand même dans les mémoires profondes des peuples.

2èmement les américains, on le sait, sont dominés par le lobi militaro industriel, Eisenhower en avril 1961 après ses deux mandats a mit en garde, a dit à la nation américaine que la démocratie était en danger par le complexe militaro industriel qui possédait trop de pouvoir dans la démocratie américaine, avril 1961. Donc le complexe militaro industriel a intérêt au chao. Pourquoi il a intérêt au chao parce qu’il a besoin pour continuer à se développer de 640 milliards de dépenses militaires. Or les américains ils sont comme nous ils n’ont pas envi de payer des impôts s’il n’y a pas d’ennemi. L’ennemi il faut le créer quand il n’existe pas.

Interruption du journaliste

Question
Vous dites, par exemple, que le général américain Wesley Clark a déclaré sur CNN que Daesh est une création de la CIA et du Mossad. Que pensez-vous de ces déclarations ?

Général Jean-Bernard Pinatel
J’ai entendu ces déclarations. Ce n’est peut-être pas directement cela, mais il est certain que l’intervention américaine en Irak est la source de Daesh.

Laissez-moi continuer,
donc pour le lobi militaro industriel, le Moyen-Orient est le premier client de ce lobi d’armement.

Le 3ème élément qui est quand même important c’est qu’il y a un lobi très fort qui est israélo-américain aux Etats-Unis qui est le grand bénéficiaire aujourd’hui du chao au Moyen-Orient, c’est Israël. Pourquoi c’est Israël ? Parce que Israël n’a plus d’ennemi réellement à ses frontières. Le Hezbollah est engagé en Irak et en Syrie, La Syrie ne menace plus ses frontières, et bon, en même temps tout le monde a les yeux fixés sur Daesh, et ils peuvent continuer la colonisation des territoires palestiniens sans que personne ne crie.

Question de Web. TV
Quel est le rôle d’Israël dans ce conflit, parce que l’on a du mal à comprendre ?

Général Jean-Bernard Pinatel
D’après moi Israël laisse faire ! Pour Israël c’est tout bénèfe !

Question de Web. TV
Ils (Israël) ne participent pas ?

Général Jean-Bernard Pinatel
Non ! Ou très marginalement.

Question de Web. TV
Parce que j’ai vu qu’ils avaient bombardé.

Général Jean-Bernard Pinatel
Oui, bien entendu ils résolvent des petits trucs. Mais ce ne sont pas eux. Eux ce sont les bénéficiaires. Pourquoi voulez-vous que quand on est bénéficiaire de quelque chose on en soit l’acteur ? Ils laissent faire. C’est simplement que les Etats-Unis ont des intérêts là dedans, et moi je maintien que les Etats-Unis pour ne pas se fâcher ni avec l’Arabie Saoudite ni avec la Turquie ont fait que du contactment de Daesh. Les bombardements n’ont été que périphériques jusque, on peut dire, à la veille des attentats du 13 novembre 2015 en France, puisque les premiers bombardements sur les convois de camions d’essence qui partaient de Syrie ou d’Irak vers la Turquie ont eu lieu la veille ! La veille du 13 11.
Le 12.11 est le jour où l’état major américain a annoncé qu’il avait frappé cent camions. Avant il n’en frappait pas, et pourtant il y en avait quatre cent qui passaient la frontière turque quotidiennement.
D’ailleurs camions qui existaient du temps où Saddam Hussein ne pouvait pas vendre son pétrole. J’en rencontrai lorsqu’on faisait la route de Palmyre à Damas, on voyait un camion chaque trois cent mètres qui circulait pour évacuer le pétrole provenant de Saddam Hussein via la Syrie.

Question de Web. TV
Concrètement comment se sortir de ce conflit ?

Général Jean-Bernard Pinatel
Ca va être long, ça va être comme toujours, devoir chercher de la sueur et des larmes parce que l’on ne va pas écraser Daesh très rapidement. Une ville comme Ramadi, 300 000 habitants, les étasuniens en ont fait une priorité en Irak depuis juin 2015 : ça n’a pas avancé ; Mossoul c’est 2 millions d’habitants ! Il faudra reprendre Mossoul maison par maison. On a vu ce que c’était avec Tikrit, il a fallu que l’Iran engage ses meilleures forces spéciales.

Question de Web. TV
Comment expliquez-vous cette puissance de Daesh ?

Général Jean-Bernard Pinatel
Parce que la guerre urbaine est une guerre où il faut aller au corps à corps ! Regardez les israéliens à Gaza ils l’ont payé !
Regardez Kobané (Syrie), Sébastopol, les destructions d’immeubles favorisent la défense ! Il faut nettoyer maison par maison pour pouvoir chasser. Des caves sont créées, des souterrains aussi allants d’une autre maison à une autre maison.

Web. TV
Donc les bombardements ne servent à rien…

Général Jean-Bernard Pinatel
S’ils ne sont pas guidés sur des objectifs totalement identifiés alors ils tuent plus de civils que de djihadistes. C’est évident !

Web. TV
On a vu actuellement un hôpital qui a été détruit…

Général Jean-Bernard Pinatel
C’est évident ! Mais on le sait ça !

Question de Web. TV
Quels sont les moyens dont dispose la France ? J’ai entendu dire qu’elle emprunterait des bombes…

Général Jean-Bernard Pinatel
A partir du moment où l’on bombarde il faut de la logistique. Si effectivement on n’a pas de bombes permettant de taper des souterrains puisqu’on parle aujourd’hui du souterrain du stade de Raqqa (Syrie) et bien il faut les acheter. Parce qu’elles existent !

Web. TV
C’est pour cela que François Hollande fait un genre de marathon diplomatique pour avoir le plus d’alliés possible ?…

Général Jean-Bernard Pinatel
Oui mais, heu…

Web. TV
D’ailleurs il va tutoyer Poutine à qui il refusa de vendre des mistrals…

Général Jean-Bernard Pinatel
C’est ce que je vous dis, notre politique étrangère est une politique de suivi des Etats-Unis, elle ne correspond pas aux intérêts de la France. On le voit aujourd’hui !
La Russie a les mêmes menaces que nous. Ils ont 15 millions de musulmans, dont 10 millions sont dans huit républiques autonomes, et ils connaissent 10 000 djihadistes continuant à faire de la résistance dans le Daghestan, en Ingouchie, et en Tchétchénie, et d’ailleurs l’émire dirigeant ces 10 000 djihadistes vient, on ne l’a pas souligné ici (en France), en juillet 2015 de se rallier à al Baghdadi (Daesh).
Ils ont la même menace que nous.

Web. TV
Ils (les russes) ont fait les mêmes erreurs que les Etats-Unis en intervenant en Afghanistan dans les années 80…

Général Jean-Bernard Pinatel
Tout le monde a fait les mêmes erreurs. Les grandes puissances croient qu’avec une guerre classique ont peut résoudre le problème des guerres de ce que les étasuniens nomment guerres asymétriques. Les guerres asymétriques sont des guerres que l’ont doit d’abord gérer politiquement, et ensuite avec les pays qui sont en cause, mais on ne peut pas se substituer (au pays en guerre) ! C’est pourquoi aujourd’hui on a compris, on ne peut pas mettre des troupes au sol, on peut placer quelques troupes spéciales, mais ce sont les pays qui sont menacés qui doivent faire face à la menace parce que c’est par les troupes au sol que l’on reconquerra les villes qui ont été prises une à une.
Il n’y a aucune raison que le sang français coule pour reconquérir Mossoul.

Question de Web. TV
Est-ce que selon vous les politiques au pouvoir ont une responsabilité dans ce qui c’est passé le 13 novembre 2015 à Paris ?

Général Jean-Bernard Pinatel
Les hommes au pouvoir évidemment ont une responsabilité, puisque c’est eux qui ont choisi notre politique étrangère ! Ca va au-delà de 2012 : diminution des effectifs de la police, de la gendarmerie, des armées en croyant que l’ont était dans un monde où tout le monde est beau tout le monde est gentil, alors que les prémisses de tout cela … on s’est trompé sur le diagnostique, je le répète la base de l’erreur c’est qu’un certain nombre d’intellectuels en France ont vu dans ce qui se passait en Tunisie le début d’un printemps arabe comme on a pu croire à la révolution française en 1789 etc. Après ils ont appliqué ce schéma alors qu’ils ne connaissaient absolument pas la réalité sur place à tout ce qui se passait dans les autres pays alors que bien souvent c’était des choses qui étaient manipulées. Même si effectivement je ne défends pas les dictateurs qui étaient en place il y avait un grand principe de la politique française qu’avait édité le Général de Gaulle c’était la non intervention dans les affaires intérieures d’un Etat.
Si l’on n’était pas intervenu comme Chirac l’avait fait en Irak, on n’aurait certainement pas eu les morts du 13 novembre 2015 au Bataclan. Maintenant ils peuvent nous raconter tout ce qu’ils veulent en disant il y a une menace, il y a une menace pourquoi parce qu’on a fait parti dès le premier jour de la coalition avec les Etats-Unis. Regardez bien dans d’autres pays européens qui se sont planqués, qui continuent à se planquer il ne se passe rien chez eux.

Web. TV
Comme la Suisse où il ne se passe jamais rien.

Général Jean-Bernard Pinatel
Tout-à-fait. Cela dit ce n’est pas pour autant qu’il faille ne pas lutter contre le radicalisme islamique. C’est un problème concernant plus d’un milliard de musulmans dans le monde. Ce sont les musulmans qui en sont les premières victimes !
En Irak, mensuellement il y a entre 600 et 800 morts par attentats, dont 200 à Bagdad !
Chaque mois je publie sur mon blog l’évaluation de la situation militaire et sécuritaire de l’Irak.

Web. TV
Ca devient tellement quotidien qu’on n’en parle quasiment pas !

Général Jean-Bernard Pinatel
On n’en parle quasiment pas, donc il y a un Bataclan par semaine en Irak !
Ce sont les musulmans modérés qui sont les premières victimes des islamistes radicaux.

Comment expliquez-vous que des membres anciennement proches de Saddam Hussein, des baasistes, soient aux côtés de Daesh ?

Général Jean-Bernard Pinatel
Parce chez Daesh il n’y a pas plus de pratiquants qu’ailleurs, ce ne sont pas des pratiquants ce sont des terroristes !

Web. TV
On nous dit que ce sont des salafistes !

Général Jean-Bernard Pinatel
Quand vous écoutez les grands docteurs de l’Islam qui ont fait des études sur l’Islam, qui ont fait l’exégèse du Coran, les hadjis aussi (ceux ayant réalisé le pèlerinage à la Mecque), tous affirment que ceux de Daesh sont des incultes, sont des terroristes ! Ils se servent de la religion comme les nazis se servaient de Dieu : « gott mit uns » (Dieu avec nous).
D’ailleurs entre le nazisme et le terrorisme il y a une filiation : lorsque les nazis entrèrent en Bosnie Herzégovine ils levèrent une division SS avec l’appui du grand mufti de Jérusalem qui était déjà un salafiste !

Web. TV
Là la filiation est avec les étasuniens mais pas avec les nazis.

Général Jean-Bernard Pinatel
Elle n’est pas qu’avec les nazis également. Non, les américains n’ont jamais rien compris à rien. C’est quand même Clinton … (arrêt transcription à 28’05’’)

Ci-dessus transcription internet partielle depuis la vidéo ci-dessous – Delta de la Lyre – Décembre 2015

Source vidéo – IndependenzaWebTV

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« SCOOP – EN SYRIE, DES MILICES ARMÉES PAR LE PENTAGONE COMBATTENT CELLES ARMÉES PAR LA CIA !! »

L’EDITO DE CHARLES SANNAT

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Non mes chers amis, vous avez beau lire cet article un 1er Avril – date qui disons-le prête toujours à la prudence –, je peux vous assurer que ce titre n’est pas une blague mais vient de la traduction d’un article paru il y a quelques jours dans le très sérieux Los Angeles Times qui a donc titré son papier ainsi .

Même aux États-Unis, il finit par être difficile de cacher des réalités hallucinantes de bêtises. Vous devez comprendre d’ailleurs que sur le front économique, les aberrations sont globalement aussi importantes.

Dans ce monde devenu complètement fou, les taux d’intérêt sont négatifs et il va falloir payer pour prêter son argent.

Dans ce monde devenu complètement fou, la récession se nomme “croissance négative”, un krach boursier de la simple “volatilité”, une guerre civile plus de “vivre ensemble”, une régression sociale et la suppression des droits acquis “une réforme et le progrès social”… Dans ce monde devenu complètement fou, pour assurer la liberté il a été décidé de supprimer vos libertés. Dans ce monde de grands malades, pour lutter contre le chômage il a été décidé de rendre plus facile les licenciements.

Dans ce monde de fou, il est un secret de Polichinelle que nous armons, avec nos armes et bagages, des milices qui finissent par se retourner contre nous, ce que tout le monde sait plus ou moins depuis le départ.

Dans ce monde de tarés, de psychopathes, les milices armées par le Pentagone affrontent celles armées par la CIA.

Dans ce bain de sang, des milliers de vies sont volées, des centaines de milliers de morts, et des enfants qui meurent noyés ou, très récemment désormais en Syrie, qui meurent de faim.

Il n’y a là-dedans ni complotisme, ni antiaméricanisme primaire ni anti quoi que soit. Il y a uniquement des faits, froids, des réalités, glaciales, sur ce que nous faisons, nous, les Occidentaux. Cela ne justifie rien. Cela ne pardonne rien. Mais rien n’arrive par hasard non plus. Nous sommes des prédateurs et le chef de la meute c’est le pouvoir américain. La prédation se fait sur les ressources partout dans le monde avec comme unique objectif de maintenir l’hégémonie US à tout prix à travers un système économique devenu inhumain et dont les dégâts environnementaux sont irréversibles à échelle humaine.

Nous vivons dans un monde fou, et « ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société malade… ». Soyez fiers, soyons fiers de ne pas être adaptés à cette société profondément malade.

Alors prenez le temps de lire cet article traduit en exclusivité pour vous.

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En Syrie, des milices armées par le Pentagone combattent celles armées par la CIA

Source ci-dessus et source traduction française ci-dessousCharles Sannat – Insolentiae.com
31 mars 2016

Source originelle ci-dessousNabih Bulos , W.J. Hennigan, Brian Bennett – Los Angeles Times

Des milices syriennes armées par différentes factions de la machine de guerre US se combattent désormais mutuellement dans les plaines situées entre la ville assiégée d’Alep et la frontière turque. Cet événement montre à quel point les officiers des services secrets américains et de l’armée ont peu d’emprise sur les groupes qu’ils ont financés et formés dans cette guerre civile amère longue de 5 ans.

Les combats se sont intensifiés durant ces 2 derniers mois alors que les unités armées par la CIA et par le Pentagone se canardent mutuellement tandis qu’elles manœuvrent dans les territoires contestés du nord d’Alep, ont confirmé officiels américains et leaders des rebelles.

À la mi-février, une milice armée par la CIA baptisée Fursan al Haq, ou les Chevaliers de la Vertu, s’est fait bouter de la ville de Marea, à environ 35 km au nord d’Alep, par les Forces Démocratiques Syriennes, appuyées par le Pentagone, en provenance de régions contrôlées par les Kurdes à l’est.

« Toute faction qui nous attaque, peu importe ses sponsors, nous la combattrons, » a déclaré le major Fares Bayoush, leader des Chevaliers de la Vertu.

Des combattants rebelles ont décrit des accrochages similaires dans la ville d’Azaz, un lieu de transit clé pour les combattants et le ravitaillement entre Alep et la frontière turque, ainsi que dans le quartier Sheikh Maqsud d’Alep en date du 3 mars.

Les attaques d’un groupe soutenu par les États-Unis contre un autre ont lieu dans un contexte de combats intenses en Syrie. Elles illustrent les difficultés de coordination entre des douzaines de groupes armés soutenus par les USA qui tentent de renverser le gouvernement du président Bashar El-Assad, combattant l’État islamique tout en se combattant aussi mutuellement.

« Il s’agit d’un énorme challenge, » a déclaré Adam Schiff, membre du Congrès démocrate qui siège au House Intelligence Committee, qui a décrit les accrochages entre les différents groupes soutenus par les États-Unis comme étant « un phénomène relativement nouveau ».

« Cela fait partie de l’échiquier à 3 dimensions qu’est le champ de bataille syrien, » a-t-il déclaré.

La zone nord de la Syrie, autour d’Alep, la seconde ville du pays, est le théâtre non seulement d’une guerre entre le gouvernement Assad et ses opposants, mais aussi de batailles régulières contre les membres de l’État islamique qui contrôlent la majorité de l’est de la Syrie ainsi que certains territoires au nord-ouest de la ville, mais aussi de tensions qui ne datent pas d’hier entre les différents groupes ethniques qui habitent la région (Arabes, Kurdes et Turkmènes).

« Il s’agit d’une guerre compliquée, à plusieurs camps dans laquelle nos options sont très limitées, » a déclaré un officiel américain non autorisé à évoquer le sujet publiquement. « Nous savons que nous avons besoin d’un partenaire sur le terrain. Nous ne pouvons vaincre l’État islamique sans cette variable de l’équation, donc nous essayons de forger ces relations. »

Ce mois, le président Obama a autorisé un nouveau plan du Pentagone visant à former et à armer des combattants rebelles syriens, relançant ainsi un programme qui fut suspendu à l’automne à la suite d’une série de revers embarrassants, notamment la prise en embuscade de recrues forcées de remettre la plupart de leur armement et de leurs véhicules américains à des membres affiliés à Al Qaïda.

Suite à ces revers, le Pentagone a déployé environ 50 hommes des forces spéciales dans les zones contrôlées par les Kurdes, au nord-est de la Syrie, afin de mieux coordonner les milices locales et s’assurer que les groupes rebelles soutenus par les États-Unis ne se battent pas entre eux. Mais de telles escarmouches sont devenues banales.

L’année dernière, le Pentagone a favorisé la création d’une nouvelle coalition militaire, les Forces Démocratiques Syriennes. L’objectif était d’armer ce groupe et de le préparer à reprendre des territoires contrôlés par l’État islamique dans l’est de la Syrie ainsi que de fournir des renseignements au sol pour des frappes aériennes.

Ce groupe est dominé par des uniformes kurdes, un groupe connu sous le nom d’YPG (les unités de protection du peuple). Quelques unités arabes ont rejoint ce groupe afin d’éviter de le faire passer pour des forces kurdes d’invasion. Des armes et des équipements leur ont été parachutés. Ils ont également reçu l’assistance des forces spéciales américaines.

Le général Joseph Votel, désormais commandant des opérations spéciales, a déclaré ce mois qu’environ 80 % des combattants des Forces Démocratiques Syriennes sont kurdes. Le soutien apporté à des forces armées kurdes a créé un point de tension entre le gouvernement turc, habitué à écraser les rébellions kurdes, qui ne souhaite pas voir des Kurdes contrôler davantage de territoires au sud de sa frontière.

En attendant, la CIA dispose de son propre centre des opérations en Turquie, d’où elle fournit une aide directe aux groupes rebelles en Syrie en leur fournissant notamment des missiles antichars TOW en provenance d’un arsenal saoudien.

Tandis que les actions du Pentagone s’inscrivent dans le cadre d’un effort des États-Unis et de ses alliés contre l’État islamique, le soutien de milices par la CIA représente une opération secrète américaine dont l’objectif est de maintenir la pression sur le gouvernement Assad dans le but de le pousser vers la table des négociations.

Au départ, les 2 groupes de combattants intervenaient dans des régions différentes. Les Forces Démocratiques Syriennes du Pentagone opéraient dans le nord-est du pays tandis que les groupes appuyés par la CIA s’activaient à l’Ouest. Mais durant ces derniers mois, les frappes aériennes russes contre les combattants anti Assad dans le nord-ouest les ont affaiblis. Cela a créé une ouverture qui a permis au groupe mené par les Kurdes d’étendre leur zone de contrôle jusqu’en périphérie d’Alep, multipliant ainsi les conflits avec les troupes soutenues par la CIA.

« Les combats autour d’Alep montrent à quel point il est difficile pour les États-Unis de gérer ces conflits très localisés, parfois le fruit de rivalités de longue date », a déclaré Nichlas A. Heras, expert de la guerre civile syrienne du Center for a New American Security, un think tank de Washington. « Empêcher les accrochages est l’un des sujets récurrents de la salle d’opération commune avec la Turquie. »

Au cours de la guerre civile syrienne, la ville de Marea fut en première ligne des tentatives de l’État islamique d’avancer dans la province d’Alep en direction du nord du pays.

Le 18 février, les Forces Démocratiques Syriennes ont attaqué la ville. Un combattant de la brigade Suqour Al-Jabal, liée à la CIA, a déclaré que les officiers du renseignement de la coalition qui combat l’État islamique savent que leur groupe s’est accroché avec des milices entraînées par le Pentagone.

« Le MOM sait que nous les combattons, » a-t-il déclaré, faisant référence au centre d’opérations commun qui se trouve dans le sud de la Turquie, utilisant l’acronyme de son nom turc, le Musterek Operasyon Merkezi. « Nous combattrons tous ceux qui ont pour but de diviser la Syrie ou de faire du mal à sa population, » a déclaré le combattant sous le couvert de l’anonymat.

Marea est la ville d’origine de nombreux combattants islamistes qui prirent les armes contre Assad durant le printemps arabe en 2011. Il s’agit depuis longtemps d’une plaque tournante importante de l’approvisionnement et des combattants en provenance de Turquie et à destination d’Alep.

« Les tentatives de prise de Marea par les Forces Démocratiques Syriennes furent une grande trahison perçue comme un nouvel exemple du complot kurde contre les territoires arabes et turkmènes, » a déclaré Heras.

Ces accrochages ont poussé les officiels américains et turcs au « bras de fer », a-t-il ajouté. Après des pressions diplomatiques américaines, la milice s’est retirée jusqu’en périphérie de la ville en signe de bonne foi, a-t-il précisé.
Mais la poursuite des combats entre les différents groupes soutenus par les États-Unis pourrait être inévitable, d’après les experts de la région.

« Dès qu’ils franchissent la frontière syrienne, vous perdez substantiellement le contrôle de leurs actions, » a déclaré de Jeffrey White, ancien officiel de l’Agence du renseignement de la Défense durant une interview téléphonique. « Alors que les groupes se disputent les territoires et le contrôle du nord d’Alep, le risque de voir ce problème s’envenimer est bien réel. »

En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

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Photo – GraduateInstitute.ch

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Source présent article – Delta de la Lyre

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