Qui es-tu, quel est ton nom ?
Pourquoi m’avoir choisie sans demander pardon ?
Je ne suis qu’une simple fleur toute frêle
Ni rose, ni bleuet, encore moins immortelle.
Je poussais là, tranquille, dans ce même pré
Où je reviens depuis des années
Sans savoir si je dois, sans savoir si je peux,
Je passe les saisons en faisant de mon mieux.
On ne peut rien demander et rien espérer
Alors bien sûr, on peut toujours rêver ;
Et du début du printemps jusqu’à la fin de l’été,
Je l’ai fais jour et nuit sans jamais m’arrêter.
Je rêvais bien entendu à celui qui viendrait
Il serait grand et fort, et me protégerait
Il aurait la sagesse et le savoir
Tout ce qu’en somme, je ne pourrais avoir.
Il viendra me disais-je, il ne peut m’oublier,
Je ne suis que petite fleur mais il devra m’aimer,
Car comment pourrais-je m’épanouir
S’il ne devait jamais venir ?
Quelles folles pensées pour une pâquerette !
Ai-je simplement le droit d’émettre quelque requête ?
Quand on est fleur en la prairie,
On a parfois de drôles d’envies !
Mais le destin pourtant, curieusement nous écoute,
Il suffit d’un peu de soleil pour qu’il change nos routes
Et le citadin fatigué, en la prairie vient s’allonger ;
Les parfums des fleurs entremêlés le font rêver.
Son sommeil paisible est bercé de rêves étranges
Peuplés de femmes, de fleurs, et d’anges;
Sous son corps endormi les fleurs se couchent
L’accueillant dans leur lit et caressant sa bouche.
Il s’éveille enfin, s’étire et s’allonge
Le paysage autour de lui est celui de ses songes,
Alors d’un geste tendre, tout en épanchant son âme
Il caresse la pâquerette et … je deviens femme !
Toi qui de ta main a fait naître mon corps
Et dont le regard suffit à faire battre mon cœur
Si tu n’es point l’Amour, qui peux-tu être ?
Nul n’aurait pu mieux que Toi me faire renaître.


Tamana