Le réacteur n°3 de Fukushima qui vient d’être secoué par une explosion fonctionne au MOX. C’est là une différence majeure avec Tchernobyl qui utilisait des combustibles nucléaires traditionnels.

Les officiels japonais nous expliquent que le risque à Fukushima n’est en rien comparable à celui de Tchernobyl.

C’est sans doute vrai mais pas forcément dans le sens que l’on pense.

Et il y a même deux raisons qui poussent à penser que le scénario en cours à Fukushima est malheureusement potentiellement plus grave pour les populations environnantes que ne le fut Tchernobyl.

En effet le réacteur n° 3 de Fukushima est un réacteur utilisant un combustible nucléaire spécial appelé MOX.

MOX est l’acronyme de mélange d’oxydes car ce combustible est composé d’oxydes d’uranium et de plutonium, issu de déchets nucléaires recyclés.

Il est fabriqué dans des centrales spécialisées dans la « Surgénération » de combustibles traditionnels (Uranium et Plutonium) usagés provenant d’autres centrales.

En France les centrales de la Hague et de Marcoule fabriquent du MOX.

Sur les 58 réacteurs français, 20 réacteurs nucléaires d’EDF utilisent ce combustible

Mais revenons au Japon.

Il faut savoir que le MOX est un combustible plus réactif que les combustibles standards. Cela rend la maitrise du réacteur plus délicate et qui pourrait laisser penser que les deux explosions de Fukushima ne sont pas de même nature.

Celle du réacteur n°1 de Fukushima (à combustible traditionnel) est très vraisemblablement due à de l’hydrogène comme le disent les autorités. Le flash blanc et la vapeur blanche qu’on voit sur la video sont typiques de la combustion de l’hydrogène.

Le parement du batiment est soufflé dans tous les sens sans orientation particulière ce qui indique que l’explosion a bien concerné des gaz contenu par le haut du batiment. le reste du batiment a gardé ses murs.

De plus une fois la poussière dispersée rien ne fume plus.

Tout cela confirme la thése avancée par les autorités japonaise : L’hydrogène s’est accumulé dans le haut du batiment, hors du reacteur et s’est mélangé à l’air, mélange explosif qui détone à la moindre étincelle.

La détonation souffle les murs et le toit mais pas les poutrelles : le souffle est réparti et n’affecte que les surfaces larges.

L’explosion du réacteur 3 est différente.

Le flash est rouge et l’explosion orientée ver le haut.

On voit très nettement des élèments solides enormes projetées verticalement à une altitude beaucoup plus haute que les cheminées et retomber sur la centrale.

Le Flash est rouge entouré de fumées noires ce qui ne colle pas avec la combustion de l’Hydrogène.

Tout cela ressemble plutôt à une cocotte minute qui vient de perdre son couvercle à cause de la pression. La thèse la plus probable c’est que l’enceinte de confinement (en forme de bouteille) qui entoure le réacteur a cédé.

Il est cependant possible que le réacteur soit encore indemne mais il est improbable que ses équipements de contrôle soient encore indemnes après un tel choc.

La difficulté à refroidir le combustible (ce fameux MOX) ne fait donc que croitre.

Si le MOX ne fuit pas déjà du réacteur, il n’est plus correctement refroidi et finira par fondre et percer le fond de sa cuve.

Il coulera au fond de l’enceinte de confinement dont le couvercle n’est plus là pour empêcher l’expusion de particules dans l’air.

A cette contamination de l’air s’ajoute la possibilité que le MOX perce le fond de l’enceinte de confinement (syndrome de Three Miles Island) et aille contaminer la mer ou la nappe phréatique.

Or le principal défaut du MOX c’est qu’il est extrêmement toxique, bien plus que les autres combustibles nucléaires. Même de très faibles doses sont dangereuses : Une seule particule inhalée peut provoquer un cancer du poumon.

Fukushima n’est donc effectivement pas comparable à Tchernobyl.

Mais malheureusement pas à son avantage…

Fukushima : explosion du réacteur N°1, (12 mars 2011)

Fukushima : explosion du réacteur N°3, (le 14 mars 2011)

Romios