A la tête de l’Institut Hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille, le Professeur Didier Raoult vient d’annoncer, à la suite d’un essai clinique sur vingt-quatre patients, l’efficacité de la hydroxychloroquine contre le coronavirus.

Il a peu goûté aux accusations de « fake new » suite à ses récents propos évoquant l’efficacité de la chloroquine, un antipaludique connu depuis les années 1930, contre le coronavirus. Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, se référait alors à une étude chinoise selon laquelle ce traitement réduirait à quatre jours le temps de portage du virus, contre 14 à 20 jours sans traitement. Mais faute d’une cohorte suffisamment large et d’une analyse poussée des effets secondaires, cette étude a été décriée par certains chercheurs et la nouvelle a même été présentée comme une fake news par des médias français et, pendant plusieurs heures, par le site du ministère de la Santé.

Après six jours de traitement, le virus a disparu chez 75 % des patients testés

Pas de quoi décourager le professeur classé numéro un mondial parmi les experts des maladies transmissibles selon la dernier classement Expertsace. Au contraire, celui-ci a lancé au sein de son établissement un nouvel essai clinique incluant 24 patients, avec des doses administrées plus faibles que l’essai chinois : 600 mg par jour contre deux fois 500 mg en Chine. Et les résultats sont très encourageants. Au bout de six jours de traitement par Plaquenil – un des noms commerciaux de l’hydroxychloroquine -, seuls 25 % des patients sont porteurs du virus, contre 90 % dans le groupe témoin. Mieux, lorsque l’on associe à l’hydroxyhloroquine de l’azythromycine, un antibiotique connu pour ses effets antiviraux, ce chiffre est presque nul. « Or, tous ceux qui meurent, meurent avec le virus. Ne plus avoir le virus change le pronostic ». Et ce délai de portage raccourci a bien sûr un impact sur le risque de contagion. La bonne nouvelle est aussi que ce traitement est peu coûteux et facile à produire. Quant aux effets secondaires, ils existent mais sont relativement connus et maîtrisés selon les posologies adoptées, assure le professeur.

Mais cette piste est loin d’être la seule dans laquelle s’engage l’Institut. Ainsi, ses chercheurs sont parvenus à isoler 143 souches du virus. « Nous allons pouvoir séquencer les génomes pour corréler la sensibilité au traitement et l’évolution de la maladie ». L’idée étant de pouvoir « évaluer des stratégies thérapeutiques et en découvrir de nouvelles ». Une avancée permise grâce à un microscope électrique, « notre nouveau joujou », se félicite le professeur Raoult.

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Un hôpital de recherche à la pointe de la technologie

Des joujoux dans lesquels cet hôpital de recherche investit fortement afin d’assurer sa mission : celle de concentrer en un lieu les moyens de lutte contre les maladies infectieuses.

Depuis sa création en 2016, l’Institut s’est illustré par son importante collection de microbes. Il a ainsi isolé 40 % des 2 700 bactéries connues chez l’homme. L’innovation se trouve également dans l’architecture du lieu, pensé pour éviter la contagion des maladies qui y sont traitées grâce notamment à des chambres sous pression.

En pleine crise du coronavirus ce lieu joue un rôle central, d’où le choix d’installer les premiers rapatriés mis en quarantaine dans les alentours, à Aix-en-Provence et Carry-le-Rouet. Chaque jour, l’IHU réalise 1100 diagnostics du virus. Didier Raoult fait également partie du conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement sur l’épidémie, ce qui ne l’empêche pas d’interroger la stratégie mise en l’œuvre actuellement, et en particulier l’absence de recours systématique au test. « Si quelqu’un est malade, est-ce qu’il fait ce qu’on lui dit, à savoir rester chez lui en attendant que cela passe, jusqu’à ce qu’il ait une détresse respiratoire ou bien est-ce qu’il se fait tester et traiter ? C’est une vraie question ». A l’inverse, il cite l’exemple de la Corée du Sud qui a systématisé le diagnostic, se plaçant deuxième en nombre de tests par habitant, loin devant la France qui occupe la vingtième place. Et d’en appeler à rattraper ce retard pour endiguer au plus vite l’épidémie. Il ajoute que le frein au test généralisé n’est pas technologique mais avant tout logistique. « C’est un test PCR banal que tout le monde fait. Il faut prendre des mesures pragmatiques ». Quitte à envisager, pourquoi pas, l’auto-prélèvement.