Interviewer : Vos discours sont percutants, mais toutefois intrigants et bouleversants pour la plupart des gens. Vous paraissez vivre dans un « autre monde » que celui que nous côtoyons quotidiennement. Peut-être pourriez-vous nous parler de cet univers qui est le vôtre ?

Nassrine Reza : Dans « mon monde », il n’y a pas de questions, pas de recherche, pas de karma, pas de mémoire, pas de but à atteindre, pas de mission de vie, pas d’éveil, pas de désirs, pas de souffrance, parce que dans « mon monde », il n’y a personne à qui tout cela pourrait arriver.

I : La mort ne fait pas partie de votre expérience non plus ?

N : La mort apparaît uniquement à celui qui croit être en vie. Dans « mon monde », il n’existe rien qui puisse se proclamer comme étant « un être à part entier et agissant » et de ce fait, rien n’est jamais menacé.

I : Cette profonde paix qui vous habite, est-elle la conséquence de cet état de conscience que vous expérimentez ?

N : Dans « mon monde », il n’existe pas de « cause à effet », parce que tout est « manifestation spontanée ».

I : Mais cette manifestation, telle que la paix, ne peut-elle pas être attribuée à votre capacité à vivre uniquement dans le moment présent, dans lequel tous les problèmes s’effacent naturellement ?

N : Dans « mon monde » le moment présent a été englouti par la vacuité du temps.

I : Je vous avoue que vous m’intriguez encore plus qu’au début de notre conversation. Mais malgré nos différences, je sens que quelque chose de profond nous unit en un point central.

N : Seule l’illusion de séparation crée le désir d’union. Croyez-vous véritablement converser avec quelqu’un maintenant ?

I : J’en ai la forte impression !

N : En effet, il s’agit d’une simple impression.

I : Pourquoi ai-je l’impression de vous voir et de converser avec vous ?

N : Parce que vous avez l’impression d’être en vie maintenant et d’épouser un corps périssable qui génère l’illusion de séparation.

I : Mais comment vivez-vous notre rencontre, Nassrine ?

N : Il n’y a jamais eu de rencontre, parce que la personne que vous croyez être est une illusion.

I : Je ne sais plus quoi dire, mais je sens qu’il y a un élan intérieur qui aimerait rejoindre « votre monde ».

N : La bonne nouvelle, c’est que vous ne pouvez pas rejoindre « mon monde », parce que vous n’en avez jamais été séparé…

Nassrine Reza

Publié par Karen (Profil & Articles associés)