CITE DU VATICAN, 24 octobre (Reuters) – Le Vatican a appelé lundi à la création d’une « Autorité publique universelle » et d’une « banque centrale mondiale » pour réguler les institutions financières dans la période actuelle de tourmente et d’incertitudes.

Le document de 18 pages, intitulé « Pour une réforme du système financier international dans la perspective d’une autorité publique à compétence universelle« , devrait trouver un certain écho chez les « indignés » du monde entier qui protestent contre les dérives du système économique actuel.

« La crise économique et financière que traversent les pays interpelle tout le monde – les personnes comme les peuples – à effectuer un discernement approfondi des principes et des valeurs culturelles et morales qui sont à la base de la vie sociale en commun », indique le Conseil pontifical pour la Justice et la Paix dans une note.

Le Vatican met en garde contre « l’idôlatrie du marché » et « l’idéologie néo-libérale » selon laquelle les problèmes actuels seraient exclusivement d’ordre technique.

« La crise a révélé des attitudes d’égoïsme, de cupidité collective et d’accaparement des biens sur une vaste échelle », poursuit-il, ajoutant que les économies mondiales devaient assumer une éthique de la solidarité entre pays pauvres et riches.

« Si aucun remède n’est apporté aux différentes formes d’injustice, les effets négatifs qui s’en suivront au plan social, politique et économique seront de nature à engendrer un climat d’hostilité croissante et même de violence, jusqu’à miner les bases mêmes des institutions démocratiques, celles qui sont également considérées comme les plus solides et les plus sûres », peut-on lire dans le document.

Le Saint-Siège appelle à la mise en place d’une autorité supranationale à dimension planétaire et à une juridiction universelle chargée de guider les politiques et décisions économiques.

Une telle autorité devrait prendre comme référence l’Organisation des Nations unies pour gagner ensuite en indépendance.

STRUCTURES EFFICACES

A la question de savoir si ce document pourrait devenir le manifeste des « indignés », le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a déclaré : »Les gens à Wall Street doivent s’asseoir et réfléchir avec discernement pour savoir si leur gestion actuelle des finances mondiales sert les intérêts de l’humanité et l’intérêt général ».

« Nous appelons l’ensemble des groupes et organisations à s’asseoir et à repenser la situation », a-t-il dit lors d’une conférence de presse lundi.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a perdu sa capacité à réguler la création globale de monnaie et de veiller sur le montant du risque de crédit que le système assume, estime le Conseil Pontifical.

« En matière économique et financière, les difficultés plus importantes proviennent de l’absence d’un ensemble efficace de structures capable de garantir, en plus d’un système de gouvernance, un système de gouvernement de l’économie et de la finance internationale. »

Le monde a besoin « d’un corpus minimum, partagé, de règles nécessaires à la gestion du marché financier mondial. »

« On voit, sur le fond, se dessiner en perspective l’exigence d’un organisme assurant les fonctions d’une sorte de ‘Banque centrale mondiale’ réglementant le flux et le système des échanges monétaires, à la manière des banques centrales nationales », note le document.

Le Conseil pontifical reconnaît que la mise en place de ces deux instances prendra des années et se heurtera à une résistance de la part des acteurs mondiaux.

« Cette transformation s’effectuera au prix d’un transfert, graduel et équilibré, d’une partie des attributions nationales à une Autorité mondiale et aux Autorités régionales, ce qui s’avère nécessaire à un moment où le dynamisme de la société humaine et de l’économie, ainsi que le progrès de la technologie, transcendent les frontières qui se trouvent en fait déjà érodées dans l’univers mondialisé. »

Marine Pennetier