PARIS/MORZINE, Haute-Savoie (Reuters) – Le gouvernement français et le président Nicolas Sarkozy devaient mettre la dernière main durant le week-end à un nouveau plan d’austérité, avec peut-être un nouveau taux de TVA et une possible nouvelle journée travaillée pour l’Etat.

Alors que des réunions devaient se dérouler à Paris, le Premier ministre, François Fillon, en déplacement en Haute-Savoie, a parlé « d’heure de vérité » et présenté comme inévitables les sacrifices pour un retour à l’équilibre des comptes publics.

Ce sera le second plan d’austérité depuis fin août après une série de nouvelles taxes décidées à l’époque sur les boissons sucrées et avec édulcorants, certains alcools, le tabac, les assurances complémentaires de santé et certains hauts revenus afin de dégager 11 milliards d’euros de recettes nouvelles en 2012.

Ce plan a été rendu insuffisant par la révision de la prévision de taux de croissance de 1,75% à 1% en France pour 2012, ce qui nécessite selon le gouvernement de trouver six à huit milliards d’euros supplémentaires par an. Ces chiffres sont considérés comme encore optimistes par certains économistes, qui annoncent plutôt une récession de 0,1%.

S’exprimant devant 800 élus locaux à l’assemblée générale des maires de Haute-Savoie à Morzine, le Premier ministre a blâmé les gestions passées. « Nous avons perdu une part de nos richesses du fait de la concurrence, sans rien changer à notre façon de vivre, alors, nous nous sommes endettés », a-t-il dit.

« L’heure de vérité a sonné, il n’est pas utile de s’en prendre aux agences de notation, aux banquiers, aux spéculateurs ou à je ne sais quel bouc émissaire, pas utile de faire croire qu’il y a des trésors cachés pour financer nos dépenses publiques », a-t-il ajouté.

« Quand on a le record de la dépense publique et qu’on détient le record des prélèvements obligatoires par rapport à la richesse produite, il n’y a pas d’autre recette pour réduire l’endettement que de réduire les dépenses », a-t-il ajouté.

Il a promis que le budget de l’Etat pour 2012 serait un des plus rigoureux depuis l’après-guerre.

HAUSSE DES IMPÔTS ET JOURNÉE DE TRAVAIL

Nicolas Sarkozy, qui avait promis comme candidat à l’Elysée de ne pas augmenter les impôts et dont la cote de popularité est toujours en berne, se trouve politiquement en difficulté sur le sujet, qui sera laissé à François Fillon avec une conférence de presse lundi.

L’opposition lui reproche en effet les nombreuses exemptions fiscales votées au début du quinquennat, comme la baisse de la TVA sur la restauration de 19,6% à 5,5%, qui coûte jusqu’à trois milliards d’euros par an à l’Etat sans résultats clairs sur l’emploi et les prix.

Pour le nouveau plan de rigueur, le gouvernement français envisage de créer une deuxième « journée de solidarité » où les salariés travailleraient au bénéfice du budget de l’Etat, croit savoir le Journal du Dimanche.

Une première journée de ce type a été instaurée par le gouvernement Raffarin en 2003 au bénéfice de la politique en faveur des personnes âgées, après la canicule meurtrière de l’été qui avait tué 14.800 personnes.

D’abord fixée au lundi de Pentecôte, elle est depuis 2008 fixée généralement au choix des entreprises ou des salariés, qui peuvent par exemple sacrifier un des jours de congés compensateurs de la réduction du temps de travail hebdomadaire à 35 heures, s’ils en ont.

Cette « journée de solidarité » est critiquée depuis sa création puisque par définition, elle ne pèse que sur les salariés, et non sur les professions libérales et les retraités.

Le gouvernement pourrait aussi, dans le cadre du plan d’austérité, créer un taux intermédiaire de TVA à 7% sur certaines activités comme le BTP et la restauration, ou relever le taux de 5,5% sur tous les produits.

Il est possible aussi, selon des « fuites » dans la presse, que soit augmenté le taux de l’impôt sur certaines grandes sociétés, ou sur toutes, de 33 à 36%.

Thierry Lévêque, avec Catherine Lagrange à Morzine, édité par Jean-Loup Fiévet

Reuters