J’étais assis sur un tronc couché sur le sol, j’étais là, et je te regardais. Tu flottais sur un air si doux et si tranquille que je ne le sentais pas. Que dis-je, tu flottais ? Non, tu dansais. Sur une musique silencieuse et chaude, la même qui entrait dans mon nez et ma bouche, qui emplissait mes poumons. J’étais là, je te regardais, mais qui était-ce en moi qui faisait cela ? Je ne sais pas, je ne me souviens pas de ce « moi ». Tes pas de danse semblaient libres de toute contrainte, tu finis par m’aspirer, oui m’aspirer vers le haut, vers toi, et je me sentis léger comme toi, et je me sentis danser comme toi. L’air nous enveloppait et nous portait dans les mêmes rythmes, ou peut-être était-ce cette lumière, ces rais droits comme des flèches de soleil que laissaient passer les branches et les feuilles de ces grands arbres. Ces rais, bien qu’aussi droits que des traits tracés à la règle n’étaient pas continus. Il me semblait voir les milliards de petits points, petites étoiles qui les composaient. Tu sinuais entre eux, sans te presser, rien ne te pressait, sur les cordes d’une harpe de lumière tu dessinais la vie et je ne te lâchais pas des yeux. Tu dessinais la vie et cela me parlait, j’ignore par quel phénomène, mais je t’entendais me parler. Ou peut-être était-ce un ensemble, toi plume d’ange, l’air chaud de l’été, le soleil au travers du tamis des feuilles, les particules de poussière qui t’accompagnaient dans ta danse, tel un orchestre géant. C’était un ensemble, si grand qu’il était vain de chercher à en faire l’inventaire, c’était un ensemble et j’en faisais partie, tant de choses en deçà ou au-delà dansaient avec nous. Le plus grand orchestre du monde, jouant une symphonie éternelle, animant ce qui était inerte, réveillant ce qui voulait dormir.

Ron Uribe