L’initiative populaire demandant l’organisation d’un référendum en vue de la sortie de l’Autriche de l’Union Européenne a été remise selon les règles le 20 décembre 2011 au ministère de l’Intérieur. Elle comptait 9266 déclarations de soutien dûment paraphées, c’est à dire légèrement plus que le nombre exigé par la loi (8032 signatures).

Cette initiative est portée par une plate-forme inter-partis, et a pour présidente Inge Rauscher.

Un des premiers signataires fut le meilleur connaisseur de la Constitution autrichienne, l’ancien ministre de la Justice, Hans R. Klecatsky, professeur de droit public à l’Université d’Innsbruck (à la retraite).

Bien entendu, la grande presse ignore l’événement. Il faut aller sur les blogs pour se renseigner.

(Sources 1, 2)

Inge Rauscher, au nom de la plate-forme inter-partis, a émis le communiqué suivant :

Communiqué :

Les porte-paroles de la plateforme pour la sortie de l’UE ont rapporté le 20 décembre 2011 le dépôt officiel à 9 heures du matin au ministère de l’Intérieur de l’Initiative demandant la sortie de l’UE. La plateforme et les 9266 personnes soutenant officiellement demandent le rétablissement, par la voie démocratique et de droit public, d’une Autriche libre et neutre et d’en finir avec l’adhésion ruineuse à l’UE, qui n’a rien apporté à la population.

L’Autriche est l’un des trésoriers de l’UE et pourtant les agences d’évaluation, les nouveaux maîtres de la terre, qui ne relèvent d’aucun contrôle démocratique, ne cessent de répandre leur scepticisme envers le pays. Ce sont avant tout les petits et moyens revenus qui en paient le prix, comme cela ressort des sondages de la statistique autrichienne.

L’avenir de l’Autriche ne peut que reposer sur une réflexion concernant nos propres forces dans les domaines de l’économie, de la culture et de l’environnement et dans une perspective d’une vie à long terme en accord avec la nature pour le bien des générations futures et de l’ensemble du monde.

L’Union européenne, le bras droit des chefs des grandes entreprises marque surtout son intérêt pour se débarrasser du principal obstacle à ses flux internationaux de capitaux au détriment des populations, à savoir supprimer les Etats nationaux avec leur mission de protection sociale => « le gouvernement économique de l’UE ».

Mais une grande partie de la population ne veut plus être le soutien du plan de sauvetage, c’est-à-dire les payeurs pour ce plan de sauvetage, en acceptant du coup des réductions de leurs revenus.

Justification de l’initiative (extraits)

Un texte plus long, intitulé Justification de l’initiative populaire demandant la sortie de l’Union européenne, insiste sur les points suivants :

Sauvegarde des fondements vitaux de l’Autriche :

« C’est l’exigence première de l’initiative demandant la sortie de l’UE. Ce n’est pas qu’à partir du traité de Lisbonne, qui sert de fondement pour les activités de l’UE, mais ce fut le coup final qui fit de l’UE une fédération gigantesque (au lieu d’une confédération d’Etats), dans laquelle tous les pays membres et leurs populations ont perdu à quelques détails près le droit d’autodétermination et donc la démocratie. »

L’économie du pays

Par son appartenance à l’UE, l’Autriche ne peut plus conclure des traités commerciaux qui seraient nécessaires à la protection de l’économie du pays, du fait que toute la politique commerciale est dirigée par les centrales de l’UE. L’Autriche ne pourra retrouver sa capacité de décision dans le domaine de la politique économique en vue d’une reconstruction d’un marché intérieur à l’abri des crises, qu’en sortant de l’UE.

L’Etat social

Le principe suprême de l’UE (…) favorisent une politique de profit maximum qui cause de grands dégâts dans les populations, appliquée par la Cour européenne de justice avec constance depuis des décennies. La politique sociale n’y trouve aucune place.

Les frontières

La suppression des frontières du pays par l’UE et de fait la disparition de tout contrôle par l’Etat en ce qui concerne les personnes et les marchandises a des conséquences désastreuses, des facilités accordées à la criminalité, à l’importation sans retenue de produits dangereux et illégaux. Nous avons de nouveau besoins de contrôles frontaliers adéquats pour la protection de notre population.

La neutralité

La neutralité signifie que l’Etat mène sa propre politique extérieure (comme la Suisse), se tenant à l’écart avec conséquence de tout pacte militaire et, de ce fait, sert la paix. L’armée de l’Union européenne, à laquelle participe l’Autriche, fait de cette union un pacte militaire. A cela il faut ajouter sa proximité à l’OTAN (…) Retrouver la neutralité comme base de la politique extérieure de l’Autriche n’est possible qu’en sortant de l’UE.

Pas d’OGM en Autriche

Du fait de la totale liberté du marché, il n’est pas possible qu’un pays membre de l’UE empêche la venue de produits génétiquement manipulés.

Notre propre monnaie

L’internationalisation des monnaies ne fonctionne pas et constitue un facteur important des difficultés financières et économiques actuelles. Reprendre les déficits de pays instables par les pays stables, ce qui est le fondement de l’euro, ne fait qu’aggraver la situation.
Pour les citoyens autrichiens, il est inadmissible de vouloir à tout prix « sauver » l’euro au moyen d’une garantie sans limite de temps des contributeurs nets de l’UE comme l’Autriche pour les dettes d’autres pays. En sortant de l’UE, l’Autriche pourrait retrouver sa propre monnaie et lutter contre le renchérissement.

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