Cette merveilleuse et bienveillante agressivité, c’est la plante sauvage, à l’apparence si frêle, si ténue, si démunie, que la contraindre et la serrer entre 2 doigts suffirait à en faire sortir la sève et à la détruire, qui réussit pourtant à percer le béton le plus dur.
« Méchante » la plante sauvage ? « Malveillante » ? « Dangereuse » ? Tous mots synonymes d’agressivité. Quelle personne sensée dirait cela de cette plante si ténue ?
« Belliqueuse » cette plante sauvage ? Il n’y a aucune colère, aucune hostilité en elle, seulement la puissance de Vie qui la traverse et la presse d’exprimer sa nature. Si ténue et pourtant si puissance qu’elle vient à bout de l’une des plus grandes fierté de l’être humain pour lui dire dans ses villes de contraintes, d’enfermements, de douleurs et de misères : « j’existe », « je vis » et « toi aussi ».
C’est la mère qui presse l’enfant de sortir de son ventre maternel et nourricier. L’expulse. Le Pousse. L’extirpe. Le déloge. « Mauvaise » la mère qui pousse son enfant à sortir de son sein ? « Batailleuse » ? « Malveillante » ? La Vie. Encore et toujours. La Vie en mouvement qui presse la mère et l’enfant à une nouvelle naissance, une nouvelle expression de la Vie. Une coopération vibrante, ardente, déterminée, aimante de la mère et de l’enfant à vivre une nouvelle Vie.

C’est le malade qui veut guérir. Qui veut se sortir de la boue de ses non-dits, sortir de sa colère refoulée, sortir de sa rancune, de son amertume, de ses frustrations. Sortir de son auto-destruction. Sortir de l’enfermement de conditionnements sociaux maladifs et contre nature.
« Menaçant » le malade qui veut guérir ? « Dangereux » ? « Hostile » l’être humain qui veut retrouver sa nature d’être vivant, pleinement vivant ? Qui veut retrouver son enthousiasme, son dynamisme, son élan, son entrain, sa vigueur, sa gaité, sa Vie. Merveilleuse, bienveillante et guérisseuse agressivité.

Notre société est malade de son incompréhension de l’agressivité.

Pourquoi y-a-t-il tant de personnes dépressives dans une société que l’on dit « développée », « civilisée » et « avancée » ? Pourquoi tant de consommation de psychotropes ? Pourquoi le nombre de maladies ne cesse-t-il d’augmenter ?
Parce que l’agressivité intrinsèque au mouvement de la Vie a été déformée, niée et condamnée !
Dans cette négation c’est l’être humain et son intégrité qui est nié.
Nous vivons dans une société schizophrène qui a perdu le contact avec la réalité simple de la Vie qui court en chacun, pressant, comme la mauvaise herbe, comme la mère et l’enfant dans leur magnifique coopération, chacun d’entre nous à exprimer sa nature.
En niant l’agressivité de la Vie qui coule en lui, cette merveilleuse agressivité créatrice, l’être humain en est arrivé à avoir peur de lui-même et des autres ; à s’enfermer dans les obsessions maladives, dans une négation de soi-même et des autres qui crée derrière les apparences une société et des relations interpersonnelles d’une violence inouïe.

Dans le dictionnaire tous les synonymes d’agressivité sont négatifs ( méchanceté, malveillance, inimitié, hargne) sauf un seul : ardeur. Enfin une lueur d’espoir. Parce que remplacer le mot agressivité si mal compris par ardeur c’est redonner à l’être humain : chaleur, passion, vivacité, enthousiasme, animation, élan, force, entrain, vigueur, énergie, activité, mouvement, cœur, courage, amour, dynamisme, vitalité. C’est lui redonner la Vie.

L’agressivité naturelle c’est celle qui consiste à s’opposer. Malheureusement dans notre société trop souvent l’opposition est considérée comme un témoignage d’hostilité.
Tous les exemples d’agressivité ci-dessus témoignent de l’absence totale d’hostilité, la plante n’est pas hostile au béton bien qu’elle s’y oppose. Ni la mère ni l’enfant ne sont mutuellement hostiles bien qu’elle cherche à l’expulser dans un élan de vitalité naturelle. Le malade qui veut guérir qui fait preuve d’agressivité, cet élan, cette énergie, cette force dynamique, pour s’en sortir est au contraire extrêmement bienveillant avec lui-même ! Il n’est pas étonnant de voir tant de malades apathiques face à leur maladie tant notre société refuse toute forme d’agressivité. Les malades eux-mêmes s’attendent à ce que cela passe sans leur participation active ! Ainsi il est entre les mains du médecin tout puissant dont la violence des traitements, elle, est inouïe. Ce n’est pas par hasard si on a appelé les médecines parallèles « médecines douces ».

Quand enfin, on rendra à l’être humain le droit à son agressivité naturelle, alors même « les médecines douces » n’auront plus besoin d’exister parce que ce n’est pas de « médecines », pas même de « médecines douces » dont l’être humain a besoin mais de vies douces.
Seule la compréhension de l’agressivité naturelle permet de vivre des vies douces parce que naturellement équilibrées, sans hostilité mais pas sans opposition, ce mouvement perpétuel de la Vie qui pousse au changement et à l’évolution, qui chasse l’ancien pour le nouveau et le neuf.

Dans la nature chaque forme de vie a sa place. Chaque forme de vie fait preuve de l’agressivité naturelle qui pousse chacune à exprimer sa nature. Pourquoi nous sentons-nous bien dans la nature ? Parce que nous y ressentons la paix, l’harmonie et l’équilibre qu’ils manquent dans nos villes et nos réunions « sociales » qui derrière les apparences des sourires polis cachent l’animosité d’une agressivité naturelle non reconnue.

D’où vient que l’on en soit arrivé à nier l’agressivité naturelle, la force de la Vie en chaque Etre qui pousse chacun à exprimer sa nature ?
Parce que dans notre société sont valorisés : la bienveillance, la douceur, l’humilité et la modération, les contraires du mot agressivité.
Il n’y a là aucun équilibre. On voudrait une société sans aspérité, pas un mot plus haut que l’autre, pas une herbe folle pour ennuyer le jardinier méticuleux. C’est invivable. Et c’est ce que nous vivons : une société invivable.
Comment faire preuve de cette merveilleuse agressivité créatrice qui demande force, courage, ardeur, enthousiasme, passion quand ne sont valorisés et acceptés comme bien et bon que la douceur et la modération ??
Impossible. C’est juste impossible.

Quand on comprend l’agressivité naturelle alors on comprend qu’elle pousse chacun au changement et à l’évolution, qu’elle est créative et force de Vie !
C’est au contraire en refusant l’agressivité naturelle derrière une façade de pseudo-bienveillance que la colère, et que la violence, la vraie violence destructrice pour soi et pour les autres couvent pour finir par exploser directement ou par personnes interposées dans des jeux télévisés cyniques et pervers, des crimes et des guerres, des maladies en tout genre.

Humilité ? Notre société est malade de l’humilité qu’elle enjoint à chacun de faire preuve.
Humilité : 1. Disposition à s’abaisser volontairement (à faire telle ou telle chose) en réprimant tout mouvement d’orgueil par sentiment de sa propre faiblesse. 2. Grande déférence (à l’égard de quelqu’un.)
3. Caractère de ce qui a peu d’importance, peu d’envergure, peu d’éclat.

Et voilà une société où l’instinct naturel de Vie, cette merveilleuse agressivité créatrice est nié et refusé. Tandis que de l’autre côté on encourage l’abaissement, la déférence et la petitesse.
Il y a vraiment de quoi devenir malade !
Nous ne sommes pas petits. Bien au contraire nous sommes grands.
Si Jésus-Christ avait fait preuve d’humilité, s’il avait fait preuve de modération, jamais il ne se serait exprimé. Pas plus que Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela. Pas plus que que Mozart, Léonard de Vinci ou Picasso. Ils ont tous sans exception laissé s’exprimer cette merveilleuse agressivité créatrice de la Vie qui pousse chacun à exprimer sa nature.
Nous sommes grands.
Chacun d’entre nous porte cette grandeur en lui.
C’est ce conditionnement à la petitesse sous prétexte d’humilité qui empêche les individus d’accéder à cette grandeur qu’il porte en eux.
Ce n’est pas faire preuve d’humilité que de croire que l’on n’est pas grand. C’est un orgueil à l’envers. C’est de la négation de Soi.
L’orgueil ce n’est pas de dire « je serais le nouveau Mozart » si on a les talents pour ça. L’orgueil c’est de ne pas le devenir.
Notre société est malade de son incompréhension de l’agressivité naturelle et par là de sa séparation avec la réalité de la Vie elle-même qui coule en chacun et qui presse chacun de s’exprimer et d’être qui il est dans sa nature profonde.

C’est cette négation de l’agressivité naturelle qui fait prendre pour de l’hostilité ce qui n’est que le mouvement naturel créatif et permanent de la Vie qui coule en soi et de l’expression de sa Grandeur.

Chantal Attia
L’Union de la Science et de la Spiritualité
Aller de l’avant, Retrouver son Bien-Etre, Se Réaliser
Auteure de « Rappelle-toi que tu as une Ame. Créer sa vie dans la pleine conscience de son Pouvoir Créateur. »
« Réaliser l’Union. Un processus de conscience« 

Chantal Attia