« La floraison de tous ces nouveaux « maîtres », ces prétendus « enseignants authentiques », est symptomatique de l’époque. Il faut respecter ce phénomène comme tout le reste. Ces gens-là ne savent pas qu’ils symbolisent les valeurs de « moha » et de « duhkha », l’illusion et l’égarement, nécessaires aux époques de dégénérescence.
Personne ne peut être un maître.
Il existe quelques exceptions que tout le monde connaît, comme Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj, Mâ Ananda Moyî, Gopinath et Krishna Menon.

La recherche d’un maître est une fuite. Ce dont nous avons besoin, c’est de découvrir nos prétentions, nos peurs, nos défenses. Pas besoin d’aller chercher un maître. Ces choses-là sont toujours avec nous !

Quand clairement, on fait face à ses restrictions sans la prétention de changer, un éclaircissement survient ; progressivement apparaît une forme d’autonomie affective. Dans cette autonomie, il n’y a plus de fabrication mentale, plus de réflexion. Seul demeure un questionnement constant, sans question : un ressenti. Dans cette disponibilité, la vie va s’écouler et la mort être accueillie. C’est la grâce de tous les être humains.

Quand je ne prétends plus avoir un projet ou trouver une solution à ma vie, une humilité se fait, un « je ne sais pas ». Ce « je ne sais pas » contient non pas les réponses, mais la résorption de toutes les questions. Il reste un questionnement sans question et, surtout, sans réflexion. On ne peut plus comprendre la pensée et le raisonnement métaphysiques. Il ne reste que la beauté. C’est ce dont nous parlons ici.

Rencontrer un maître ou, comme chez certains fantaisistes, devenir un maître, c’est un conte de fées, une souffrance assurée pour ces malheureux. Vivre dans le devenir, c’est l’enfer. Devenir libre ou vouloir une Mercedes, c’est la même chose : toujours demain. La vie est maintenant. Tout le reste n’est que fantasme. On ne peut pas être heureux demain. La tranquillité est maintenant. Elle est constamment disponible, sauf quand on prétend qu’elle dépend de quoi que ce soit.
Vivre avec cela. Cette résonance, c’est le maître intérieur. »

Eric Baret