L’autorité désigne le droit licite et légitime de commander, d’imposer l’obéissance, découlant de la supériorité de la conscience, donc fondé sur la sagesse, l’humilité, le détachement, la pureté d’intention et la sincérité. A…insi, l’autorité naturelle appartient à l’être sage, intègre, authentique, loyal, qui s’est conquis lui-même et jouit de la maîtrise spirituelle.

Pour cette raison, au sens du commun des mortels, elle implique simultanément autant les notions d’une légitimité d’exercice, de pouvoir d’imposition, de commandement adéquat et de soumission relative. En cela, sa source de légitimité peut se fonder sur le rapport de force ou de compétence. En spiritualité, on préfère affirmer qu’elle découle de la supériorité avérée de la conscience, donc qu’elle doit s’appuyer à la fois sur la l’amour, la sagesse, la vérité, l’intégrité, la sincérité, l’humilité, le détachement, la pureté d’intention, le sens de la collaboration et la juste perception du destin évolutif de l’humanité. Ainsi, l’autorité naturelle ne peut appartenir qu’à l’être équilibré, harmonieux, honnête, authentique, loyal, qui s’est conquis lui-même et jouit de la maîtrise spirituelle.

L’autorité repose sur la solidité, la valeur, la compétence et l’expérience et elle suppose une préparation, une épreuve, une émergence, un passé ou une antériorité. Mais qui n’a pas été brimé, dans son élan vital, par une autorité ou une autre? Un paquet d’interdictions s’imposent à l’être humain, de la naissance à la transition, que bien des personnes ont incarnées. Derrière chacun de ses gestes se profile un personnage autoritaire, incarné par un individu ou un groupe, dont il dépend pour la satisfaction de ses besoins.

En prenant de l’âge, qui devrait conduire à la sagesse plus qu’à la sénilité, chacun devrait se demander si, en priorité, il doit vivre sa vie ou la passer à satisfaire d’autres personnes, comme priorité. Chacun gagne à savoir se libérer de toute autorité extérieure et de toute contrainte externe, même de celle de ses proches ou de ses guides spirituels. Dans notre monde, celui qui croit savoir sait s’entourer d’artifices (argent, pouvoir, possession, sensualité, etc.) et il gagne en pouvoir. Autrement dit, son pouvoir augmente en raison directe des apparences dont il s’entoure. Mais, dans un monde fondé sur la vérité, l’autorité doit être en rapport avec le degré de conscience. En principe, l’autorité découle du Savoir, d’où elle ne devrait pas résulter d’une élection ou d’une nomination. Tous ceux qui gouvernent sans cette compréhension sont des imposteurs dangereux.

Il faut fuir tout ce qui décide de la route qu’on doit suivre, comme de tout ce qui juge et condamne à partir d’une échelle de valeurs extérieure à soi. Il existe mille voies pour parvenir au sommet de la Montagne sacrée. Pourquoi s’imaginer que celle-ci n’offrirait que deux versants opposés, l’un sacré et l’autre profane? Plusieurs personnes peuvent marcher différemment dans une même direction.

Du reste, l’autorité devrait traduire un souffle naturel qui jaillit de l’âme, par le cœur, et qui procure à un être toute sa noblesse et sa prestance, révèle sa stature, puis lui instille un réel impact sur ce qu’il approche au point que personne ne puisse songer à le mettre en doute. Il s’agit d’une puissance authentique qui ne s’accapare, ne s’usurpe pas, ne sombre jamais dans le despotisme ou la tyrannie. Elle résulte moins d’un pouvoir que d’un état de maîtrise.

Pour ce qui a trait à l’autorité, le pire à craindre, c’est le recours à l’autoritarisme à défaut de détenir une véritable autorité. En pareil cas, un être devient dominateur, voire impérieux, parce qu’il ne parvient pas à imposer naturellement son ascendant : il domine physiquement ou psychiquement dans la volonté pure de s’imposer ou pour le plaisir gratuit de dominer. Mais un être ne devient tel que lorsque le confronte des forces qui reproduisent en lui et autour de lui la crainte et la sempiternelle envie d’obtenir quelque chose qu’il ne possède pas et qu’il ne parvient pas à se procurer autrement. L’autoritarisme découle de la peur de ne pas être suivi, probablement parce qu’on ne se sent pas très fort ou convaincant dans ses positions. Pourtant, une autorité ne peut pas indéfiniment tenir si elle ne relève pas d’abord du mérite et de l’ascendant naturel, qu’on appelle le charisme. Une autorité imposée par la séduction, la contrainte, l’imposition du respect et de la confiance, d’une apparente véracité ou même, de l’élection, ne peut tenir longtemps, car toute autorité doit d’abord favoriser la croissance et l’accomplissement.

Nul ne gagne à se laisser mettre en état d’infériorité par l’autorité d’autrui et nul ne devrait tolérer pareille situation. Hélas, bien souvent un être s’infériorise lui-même par sa crainte et par les propres pensées limitées qu’il entretient à son sujet. Combien d’êtres humains parviennent à émettre, dans l’intimité du foyer ou d’un cercle amical, des opinions très sages sur nombre de sujets. Mais, dès qu’ils se présentent en public, ils figent, privant les autres de leur perspicacité et de leur clarté d’expression. L’apparente autorité d’autrui les perturbe. Cela se produit souvent dans les rencontres et les cours de spiritualité comme dans les cercles fermés. On y voit nombre de candidats s’exprimer librement, avec brio, sur des points d’enseignement, d’affaires publiques ou privées, mais il suffit que l’instructeur ou un ancien se présente pour qu’ils battent en retraite, tout confus, se réfugiant dans un silence embarrassé.

Combien de fois, en société ou dans le milieu de travail, agit-on ainsi. On prive les autres de ses pensées vierges, fort constructives, dès que se fait sentir l’influence lourde de ceux que la société désigne comme supérieurs ou compétents. On cache des idées qui peuvent être sensationnelles, mais qui ne seront jamais mises à l’essai, privant son milieu de possibilités extraordinaires. En agissant ainsi, on condamne le meilleur de soi à rester dans l’oubli simplement parce que des personnes considérées en autorité, donc qui ont des études ou des années d’expérience, pourraient désapprouver ses propos ou ses remarques. Ne conviendrait-il pas de se demander quelle est la qualité de l’autorité à laquelle on rend hommage, devant laquelle on se contraint à rejeter ses propres idées? Et surtout, ne devrait-on pas s’interroger sur ce qu’est vraiment une autorité?

Pensons-y un peu : celui qui a poursuivi des recherches approfondies dans un domaine de connaissance ou d’expérience, qui a appris tout ce que l’expérience humaine a découvert dans ce domaine de connaissance, qui a maîtrisé ce qu’il a appris, c’est cela une autorité ou une sommité. À titre d’autorité, il est accepté parce qu’il a concentré sa pensée et ses efforts sur son sujet de connaissance et parce qu’il est capable de répéter ce qui est connu, à ce jour, sur le sujet dans lequel il est spécialisé. Mais le bon sens d’un être simple ne peut-il pas compléter ces découvertes en ce domaine? Et ne serait-ce pas un service à lui rendre que de le faire, se fichant des réactions qu’il pourrait avoir? On se sentirait soi-même valorisé et on trouerait sûrement des appuis pour l’avoir fait. Après tout, si cette autorité ne veut pas se servir de ses observations, d’autres sauront fort bien les retenir et s’en servir. Surtout, on leur offrira un modèle de puissance affirmative.

La considération et l’admiration que l’on porte à une autorité ne doivent jamais étouffer la pensée personnelle et brimer son droit de parole. N’est-ce pas la manière d’intervenir qui compte, non une retenue indue qui signale une infériorisation?

Bien souvent, on ignore le fait que les plus grandes autorités tiennent leur prestige uniquement du fait qu’elles savent tout sur ce que d’autres ont fait, dit ou accompli, ce dont elles peuvent se servir pour manipuler ou impressionner. À l’inverse, ceux qui ont assis leur autorité sur leur propre expérience ont dû veiller à mettre en œuvre leurs idées nouvelles et originales, donc précieuses. Par conséquent, si on a une idée, qu’importe la mesure dans laquelle elle s’oppose aux idées acceptées des experts ou des maîtres, dans la mesure où les faits peuvent la démontrer, il faut l’exprimer. C’est la même chose pour une idée intuitive. De telles idées s’élèvent à l’égal de celle de n’importe quelle autre compétence. Et peu importe dans quelle mesure elle est connue, approuvée ou rabrouée par l’autorité. Peu importe l’humilité de sa position ou son degré d’instruction, on doit éviter d’accepter son tort tant que ceux qui le clament ne l’ont pas prouvé et démontré. Il faut savoir affirmer sa vérité, malgré la peur du ridicule, l’amour-propre, la raillerie, même si on n’est pas couvé par le regard complice d’une autorité.

Chacun gagne à partager une idée valable, car nul ne peut la vider de son potentiel. La grandeur d’un homme se mesure à la grandeur de ses idées et de son idéal. En prenant un rôle d’inférieur et en refusant d’exprimer une idée valable, pour une raison ou pour une autre, on s’habitue à n’entretenir que des pensées insignifiantes, inconséquentes, superficielles, car on rejette ce qui est mieux. Pour chacun, ses pensées déterminent ses actions et ses actions deviennent sa caution, faisant de lui un être éminent ou un être perdu dans l’anonymat de la foule.

Tout compte fait, plus le temps coule, plus il faut laisser son Soi spirituel et intuitif devenir sa seule autorité. Il doit devenir son point de référence absolu pour tout ce qu’on vit, car personne d’autre ne peut démontrer la justesse ou la fausseté de ce qu’on vit. Dans la nouvelle ère, le principe de direction de la conscience, c’est d’agir de sa propre autorité, refusant de suivre toute instruction qui ne convient pas ou qu’on ne souhaite pas. Cela revient à dire qu’il faut suivre sans hésitation son Esprit intime. En apprenant à cheminer dans cette voie, on découvre qu’on a déjà tout ce dont on a besoin puisque tout réside en soi. Et c’est en entrant en soi qu’on le découvre par soi-même.
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Dans ce contexte, l’autorité de vie réfère à une cérémonie où l’âme reçoit le droit de vivre sans tutelle et où l’Esprit de Vie devient le directeur d’une expérience en incarnation. Dans le «Tarot», l’autorité royale favorise l’ascension au Paradis terrestre par la révélation des Petits mystères initiatiques. Quant à l’autorité spirituelle, elle y favorise l’ascension au Paradis céleste par la révélation des Grands Mystères initiatiques. Mais cette autorité se définit comme le droit de commander conféré par la Hiérarchie synarchique cosmique conformément à un haut degré de maîtrise personnelle. Ce droit, qui découle du Pouvoir, acquis par le Savoir, permet d’imposer l’obéissance, en toute discrétion, dans une juste alliance de la douceur (miséricorde ou clémence) et la fermeté (rigueur ou sévérité), dans le respect du libre arbitre de chacun. Il découle d’une supériorité ou d’une suprématie acquise au niveau de la conscience et d’une compétence acquise par filiation disciplique. Dans cette désignation, il n’y a nulle place pour l’arbitraire, les privilèges, les jeux de séduction ou de pouvoir, la manipulation subtile, la contrainte. Ce droit découle plutôt du mérite personnel, de l’ascendant naturel, de l’aptitude au respect mutuel, de la confiance spontanée, de la qualité de la vérité intime.

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Bertrand Duhaime