Docteur en anthropologie, philosophe, écrivain et fondateur des centres thérapeutiques des Foyers des Rives du Rhône, Pierre-Yves Albrecht a travaillé plus de 30 ans en maisons thérapeutiques avec des jeunes ‘marginaux’ (toxicomanes, délinquants..). Il a consacré une grande partie de son travail de philosophe et de thérapeute à l’étude de l’initiation et des rites de passage dans le développement humain.

Son constat est que tout individu, pour évoluer et donner du sens à sa vie, a besoin de passer par des étapes initiatiques qui l’aident à structurer son cheminement personnel. Il a développé de nombreux outils, basés notamment sur les arts martiaux ou le travail du mythe au travers des grands archétypes, afin d’aider les jeunes à canaliser leur énergie et à se recentrer.

Nous (les occidentaux) sommes devenus anormaux!

Riche de ses nombreux voyages et études à l’étranger, Pierre-Yves Albrecht, docteur en ethnologie, constate que certains peuples dits primitifs (comprendre “premiers”) considèrent les occidentaux comme des sous-hommes: la raison ? Nous négligeons l’importance et le rôle de l’initiation… donc nous restons des sous-êtres…

La connaissance de Soi ne peut s’obtenir que par l’initiation

« Si l’on ne se connait pas, on ne peut pas trouver le sens de sa vie » nous dit-il, et de préciser : « or la connaissance de soi-même ne peut s’obtenir que par l’initiation, c’est ainsi que toutes les sociétés traditionnelles ont fonctionné de tout temps… Seul le monde moderne ne pratique plus d’initiation et l’on constate les dégâts… ». Pour Pierre-Yves Albrecht, l’initiation est l’élément déclencheur qui permet la germination. Tout homme, toute femme est comparable à une graine en terre. Sans initiation, le germe reste sous terre et pourrit. Au contraire, grâce à l’initiation, le germe pousse en tige, sort de terre et croit en feuilles. Il rayonne et peu essaimer à son tour.
Ainsi par la méditation, la marche, le chant, le tir à l’arc, la solitude en montagne, la contemplation du désert, Pierre-Yves Albrecht a soigné des centaines de toxicomanes.

(Extraits tiré du site baglis.tv d’un exposé intitulé “Le devoir d’ivresse”)

L’engagement comme initiation

S’engager ou l’action radicale de s’offrir en gage au créancier pour garantir sa créance ; en quelque sorte, aussi, une espèce de sacrifice où l’occasion nous est donnée de produire du sacré, sacer facere, de transformer notre réalité profane en quelque chose d’initiatique.

Dans tous les cas où l’homme accède à un degré d’être qui lui donne un statut nouveau par rapport à la profondeur numineuse de la réalité, il y a engagement, initiation, ou possibilité d’initiation. Le symbolisme initiatique lui-même fait naturellement référence au processus de mort et de renaissance auxquelles succèdent des modifications ontologiques, psychiques, psychologiques et comportementales.
La contre-initiation infernale

Dans la pensée traditionnelle, le profane n’a de sens que dans ses rapports au sacré ; cela va si loin que “la condition humaine participe au sacré ou bien n’existe pas”. Dans cette perspective, l’équation s’énonce comme suit : s’engager ou ne pas être. Mais cette participation, cette mise en gage de soi-même, ne se donne pas à priori comme effective ; elle se manifeste par degrés de la naissance à la mort, révélant, au rythme des passages dans la profondeur de l’être, les modalités de la psyché prenant successivement connaissance d’elle-même, du cosmos et des dieux.

”L’homme banal”, lui, nouvel habitant de la civilisation post-moderne, évolue dans un temps vidé du tragique de l’existence : l’homme, jadis prométhéen, ne s’intéresse désormais plus aux feux intérieurs des brasiers divins, il n’a plus d’inquiétude à dérober des étincelles de cette nature. Son attention se focalise sur les feux de surface, source des puissances mécaniques qui propulsent ses jouets. Les grandes migrations de l’alliance originelle ne traversent plus aucun désert, ni mer Rouge, ni quelque terre promise censés nous conduire quelque part !
L’homme “banal” a sombré dans l’animisme et l’idolâtrie des objets, l’oubli de la leçon du mythe et de l’initiation ; ceux-ci n’ont plus pour lui que valeur d’anecdote.

Ainsi la ligne du réel est brisée, et le voyage en profondeur dans les sillons de l’âme, dans les labyrinthes du cosmos et dans le secret des empyrées n’a plus cours. Le fil d’Ariane s’est rompu en courts segments, puis en points infiniment distants l’un de l’autre. Chacun pour soi !

Et nos gosses en payent le prix !

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Keïko