« Je crois devenir de plus en plus conscient de mon inconscience. Je découvre que je suis satisfait de cet endormissement de ma réalité, les faits ne m’intéressent pas.

Je voyage dans mon imagination, je crée un monde rempli d’activité et de devenir, je suis confortablement installé dans les idées d’un demain que je souhaite expérimenter un jour.

Je suis entouré d’une multitude, mais je n’arrive pas à voir autre chose que des êtres isolés, nous sommes seuls dans nos histoires, même s’il y a des groupes et des alliés qui se réconfortent et ajoutent ensemble de la densité à une histoire, je vois seulement de l’isolement et de la folie collective.

Moi, l’individu qui respire et marche sous le soleil je ne sens que de la solitude et de l’envie, rien de sombre, mais je n’arrive pas à me contenter de l’idéal d’un monde parfait.

J’ai besoin d’amour, d’espace pour exprimer mon identité, de créativité illimitée, de relations saines, de travail et partage cocréatif. Je veux plein de choses, mais je ne sais pas vraiment quoi exactement. Je sais ce que je ne veux plus, fuir dans des illusions des réactions conditionnées et des relations humaines qui ne soient que de la manipulation bienveillante et inconsciente. »

Tu exprimes l’existence d’un manque et un désir qui devrait être comblé par une expérience. Tu cours d’une expérience à une autre, puis tu cultives la répétition de celles qui t’apportent du plaisir, avec la crainte et la frustration liée à l’échec. Quel mal y a-t-il à cela ? C’est ce que tu es et c’est ce que tu fais dans l’expérience plus large d’un être humain individuel, tu expérimentes et te crées toi-même inconsciemment.

Ce que tu es en réalité n’est pas une expérience, il n’y a rien à combler, à atteindre, à faire pour être ce que tu es vraiment. Alors, pourquoi juger le manque et le désir comme étant un problème quand tu crées toi-même des limitations illusoires te cachant ce que tu es pour pouvoir l’expérimenter ?

La création est un acte de joie, un acte d’amour, un acte de vie, tu es là, ici sur terre, pour ne rien faire d’autre que te créer toi-même à partir de l’inconnu de ce que tu es déjà. Pour créer l’inconnu et ainsi un bac à sable de nouveaux potentiels créatif infini, tu as ajouté un élément qui ne t’es pas naturel mais utile, tu as créé l’expérience de peur.

Dans ce jeu il y a un faux risque, c’est de te perdre temporairement dans le jeu lui-même. Cela ne veut pas dire que le jeu de création peut échouer, seules certaines expériences de hasard, d’échec et de destruction sont valables dans le contexte plus large du jeu. Les outils de création de ton être individuel, les outils cocréateurs du collectif conscient des êtres vivants et les lois physiques de ton univers avec l’espace et le temps fonctionnent à merveille, il n’y a aucun risque de dysfonctionnement de ce côté, tu crées et créeras toujours ta propre réalité et expérience d’évolution dans ton propre espace.

Ce qui dysfonctionne selon ta perception qui souhaite aller dans une direction d’harmonie, c’est que tu as perdu de vue une chose très simple, ce que tu es vraiment en relation avec la création et l’inexistence de l’expérience de la peur.

Il y a eu un renversement intérieur nécessaire pour introduire la peur dans ton expérience introduisant à ta réalité tout un tas d’expériences de misères, de problèmes, de pauvreté, de coercition, de corruption et de violences qui t’ont fait perdre de vue ton véritable pouvoir, ta magie naturelle.

Tu crois maintenant subir la création par l’extérieur, que tout ce que tu vis est lié par un hasard mécanique où seul le plus habile et le plus fort s’en sortira indemne avec des médailles. Une réalité où il n’y a pas d’autres alternatives que des relations d’attaque ou de défense. Qu’on ne peut avoir que raison ou tort.

Une expérience instable où tout repose sur des sécurités illusoires, des murs d’aciers et de béton qui sépare les corps les uns des autres, des idéologies et des certitudes qui séparent les esprits les uns des autres.

Cette expérience à laquelle tu es attaché ne semble pas trouver d’issue de secours, car évidemment il n’y en a aucune. Quand l’amour, la joie, la paix, la philosophie et la spiritualité s’installent dans ton monde avec les outils de peur, l’expérience de l’hypocrisie est créée.

Un monde de menteurs, de dépressifs, d’inconscients, de futés, de bourreaux, de victimes et de troublés cognitifs qui se cachent derrière le mur de la respectabilité, de la responsabilité, la culture de l’humilité, la bienveillance, la tolérance, l’art politique et le divertissement.

Il s’agit d’un théâtre de passions et d’alliances qui cachent habilement un autre théâtre de jalousies, de désirs, de conflits, d’agressivité et de problèmes qui cachent grossièrement de nombreuses souffrances et peurs qui se cachent eux-mêmes pour éviter de découvrir ce que tu es vraiment et n’as pas besoin de se cacher puisque tu es partout et tu vas très bien.

Une multitude de couches, de fragments et d’illusions qui coupent l’accès aux faits et à la vérité de ce que tu es vraiment. Il ne s’agit en fait que d’une seule illusion et cette illusion n’existe pas. Nous pouvons l’appeler Ego, mais le nommer est encore une ruse de ce même jeu.

En attendant que tu découvres la vérité qui n’a que faire du temps qui passe, de l’agitation ou de l’urgence. Tu continues à créer du temps pour attendre, que tu remplis de masques, de misère et de destruction, que tu remplis aussi d’une expérience d’évolution, que tu appelles l’ascension spirituelle.

Tout cela, c’est encore le jeu, le résultat n’est pas garanti ailleurs que dans le présent, c’est un choix de création collectif où la détérioration et la mort sont toujours une expérience désirée par un grand nombre d’entre vous.

Qu’est-ce qu’il y a de mal à tout ça ? Rien, c’est l’expérience que tu as choisie, que tu acceptes dans sa totalité et que tu accompagnes jusqu’à son dénouement et sa transformation dans une nouvelle forme et expérience. C’est l’expérience que tu te crées.

Pourquoi ? Comment ? Pleins de questions émergent et ces questions sont importantes si tu as le désir honnête de devenir conscient et attentif à ta façon d’utiliser les outils que tu as perdus de vue. Toutefois, les réponses n’ont pas d’importance, seul le doute te permettra de passer à travers les nombreuses couches qui entourent ton cœur.

Une réponse ne fait que présenter une définition, des mots, un fragment. Qui résoudra peut-être un problème, mais très certainement en fera apparaître cent nouveaux. Aucune réponse ne te libérera. Une réponse ne servira qu’à créer du temps linéaire qui repoussera le moment où tu écouteras et créeras ta propre réponse.

Tu es là pour créer ce que tu es. Non pas pour répéter mécaniquement les créations extérieures des autres. L’autre est un miroir pour te voir toi-même, si tu juges, manipules ou admires l’autre, tu te juges, te manipules et te nies toi-même. Si tu es hypnotisé par ce que tu vois, tu peux essayer de t’y attacher, de bloquer le processus de connaissance de soi, d’accumuler des objets, des formes et des idées qui te donneront un certain sens d’identité et de sécurité.

Mais tu ne créeras rien, tu auras simplement perdu le contact avec ta propre réalité et tu choisiras de te contenter de subir tes réactions et répétitions conditionnées courant après des gratifications qui justifient à tes propres yeux la validité de ta vision erronée du monde.

Vous êtes nombreux à dormir ainsi dans un brouillard de peur, à vrai dire, pratiquement tous les êtres humains, car vous êtes liés les uns aux autres. Confortablement installé dans de fausses prisons conceptuelles, les mains sur les yeux et criant « aidez-moi, aidez-moi » ou « j’ai réussi, j’ai réussi ». En criant et en attendant la réponse extérieure, en luttant dans la prison illusoire que vous avez vous-même créé, vous ne faites que rendre les outils de peur plus dense et réelle à vos propres yeux. Vous ne faites que demander à l’univers une expérience bloquée sur elle-même : « S’il vous plaît, que rien ne change, j’aime cette expérience. ».

La difficulté avec cette expérience illusoire c’est qu’elle ne peut être fixée éternellement, elle se transforme inévitablement sur le passage de la vérité, aussi dense et lourd semble être un mur, il n’est que vibration de lumière. L’attachement à une forme, à une illusion est en fait une expérience de peur et quand cet attachement est remis en question par la vérité. Toutes les souffrances qui étaient cachées par l’illusion émergent.

Quand une souffrance émerge, on peut choisir d’y répondre par la vérité et l’amour en l’observant entièrement sans la fuir, sans la juger, en l’acceptant et l’invitant à la communion avec son cœur, soit la cacher de nouveau par une réaction, une forme, une illusion. L’un est guérison, l’autre est répétition, accumulation et attachement à la peur.

Si nous sommes là tous les deux et que tu viens à moi en frères, sans faire de moi ton maître ou ton guide, c’est que tu souhaites comprendre le chemin de guérison. Tu éprouves certaines joies à créer dans ce monde en gardant un équilibre ego/vérité. Beaucoup d’expériences t’attirent dans le cadre de ce monde de dualité et tu souhaites les vivres.

Et cela est très bien, si c’est ce que tu souhaites vraiment, vis tes rêves. Va au bout de ce que ton cœur te dit, tu es sur la voie, la tienne.

Si tu es là maintenant, c’est aussi que ton cœur demande : « Je veux guérir ce monde ». La médiocrité, la manipulation, la violence t’exaspère et particulièrement depuis que tu as découvert que tout se trouvait en toi, le meurtrier, l’escroc et le menteur étaient simplement cachés par de nombreux masques de politesse ou de culpabilité.

Tu souhaites guérir, non pas en te débarrassant de quoi que ce soit qui ne ferait que rajouter des fragments et des séparations, mais intégrer, réunir et réconcilier toutes les parties de toi que tu ne voulais pas accepter.

Tu ne sais pas qui tu es, où tu vas ni ce que tu veux ? Alors, écoute simplement le silence de ton cœur, le bruit du vent qui ne s’interprète pas, laisse-toi inspirer par la vérité qui éclaire toutes les couches de tes illusions et agitations, offre-toi cette opportunité de te créer de nouveau, réincarne-toi de ton vivant.

Tu n’es pas là pour guérir le monde des formes extérieures, tu es là pour le guérir en toi, en créant un nouveau monde à l’écoute de la vérité de ce que tu es vraiment.

Un ange incarné dans l’expérience d’un être humain vivant ici et maintenant.

Dans cette inspiration nouvelle, libéré de ton conditionnement, tu commences un travail de création qui sera aussi un travail d’équipe cocréatif qui te mènera toi et les êtres qui t’entourent vers le cœur de ce que tu es vraiment, des êtres de relation et d’amour.

Quels que soient les rêves que tu aies dans les formes, rien ne te sera impossible en choisissant de ne plus choisir entre deux illusions. Tu ne vivras pas tes rêves dans le temps impermanent, mais dans l’instant présent éternel.

Michaël