“Tout commence par cette peur du vide, un ennui qui se déclenche quand ce vide s’approche de notre réalité, je me demande souvent pourquoi y a-t-il cette impulsion qui nous éloigne de la joie du simple silence, du son du vent, du mouvement des nuages, du tremblement délicat des branches d’un arbre qui portent sur elles de milliers de bourgeons prêts à éclore.

Je regarde un ciel en mouvement et avant qu’une pensée apparaisse tout semblait harmonieux et fluide. Même une tempête, avant que j’en pense quelque chose, a cette harmonie qui lui est propre.

Tout semble riche et beau, autosuffisant, libre, mais pas pour moi, entre deux moments de silence contemplatif de la vie, voilà que la pensée émerge “oui, tout cela c’est bien beau, mais je dois m’atteler aux choses sérieuses maintenant.” ça ressemble à une fausse justification pour éviter de recevoir les faits présents.

Face à la perception de ce paysage ou ce visage magnifique, l’espace se crée et un silence guérisseur circule, sauf que je remplis de nouveau ce vide naturel par un conditionnement de peur qui décide d’émerger et de boucher ce vide très rapidement. Il semble me dire :

“Hé je suis là moi, coucou, regarde-moi, occupe-toi de moi sinon je vais souffrir, être malheureux et mourir, alors fais attention à moi s’il te plaît !”

Il me demande de prendre sa voix au sérieux et que je concentre mon attention sur lui pour remplir le cahier des charges de ses désirs et exigences, il me propose ses chemins, ses méthodes et mille et une activités pour atteindre ce qu’il appelle plus ou moins subtilement le bonheur et l’épanouissement, mais il prend juste mon énergie vitale.

J’ai maintenant l’impression qu’il me fait courir après une fausse promesse simplement pour que je lui permette de vivre, de se nourrir d’émotions, de paroles de peurs cachées sous de multiples masques et de réactions dont il a lui-même établi la structure.

J’aimerais bien faire la paix avec lui, qu’il me laisse être moi-même et qu’il lâche son contrôle sur mon expérience d’être humain, mais tant qu’il signifiera ce qui est intéressant ou ce qui est ennuyant pour le conduire à la guérison, il me faudra une patience incroyable dans le cadre de son monde d’illusions et de règles limitant la créativité.

Dans ma prison, si je suis le créateur de ce qui est intéressant et que cela oriente mes choix, alors j’attire à moi des expériences illusoires qui entraînent des souffrances et amplifie les peurs. Je ne peux alors qu’avoir un rire accompagné de larmes face à ce processus sadomasochiste communément appelé “la norme”.”

Tu as tendance à constater ces jours-ci que nos deux voix n’en font en réalité qu’une, tu intègres la réalité de l’amour dans ton existence sans la séparer de ton identité, à partir de ce point central d’où émergent toutes les réponses aux questions que tu te poses.

Ton état d’être du moment présent te permettra d’avoir une réponse plus ou moins honnête à ta vérité en fonction du degré de peur ou de joie que tu laisses passer.

Je ne suis pas là pour te mettre en garde, te forcer à quoi que ce soit, ni même à t’indiquer ce qu’est le bon ou le mauvais chemin en relation avec l’objectif que tu t’es fixé toi-même.

Je suis là simplement pour te montrer ce que tu mets seul sur ton propre chemin et t’empêcher d’accéder à cet espace intérieur qui te permet de toucher à l’essence même de ta véritable identité.

Te dire qui tu es serait insensé d’un point de vue de la vérité, de l’amour, de l’unité. Quand je le fais malgré tout, tu ne reçois que des mots, des définitions, tu reçois une réponse extérieure, une autorité qui, aussi bienveillante et calme se présente-t-elle, te fais un faux cadeau piégé, une fausse relation d’aide, l’illusion de l’amour.

Si tu t’attachais à n’importe quelle réponse dans la forme en t’y identifiant, en validant, en justifiant, en organisant les réponses afin qu’elle justifie tes propres opinions sans remettre en question ton connu, tu ne serais alors qu’en train de jouer à la recherche de vérité avec toi-même dans le cadre de ton propre conditionnement.

Nous sommes donc là tous les deux en train de nous rendre compte que je n’ai rien à te dire. Tu es en train de lâcher ma main, non pas pour nous séparer, mais pour reconnaître notre unité.

Cette unité se fait dans le choix du doute de ta vision du monde, du lâcher prise des certitudes, de l’ouverture à ses propres réactions, du vide intérieur face à l’accumulation d’informations, de l’attention complète, de la liberté inconditionnelle, de la foi en l’amour, cette seule certitude d’être aimable et capable d’aimer.

Ce chemin est le moins fréquenté, car c’est celui que tu te caches le plus souvent à toi-même par le bruit de ton monde, la prison matricielle, cet univers holographique que tu as créé tout autour de tes yeux et de ton coeur.

Tu luttes avec ta tête et tes yeux pour essayer de voir la vérité dans une infinité de formes, en pensant qu’il faut trouver et séparer le bon grain de l’ivraie. Sauf que ce que je te propose c’est de te reposer, de cesser toutes tes luttes, de laisser ce que tu vois et penses être ce qui est sans chercher à changer quoi que ce soit et te préoccuper simplement de sentir la vérité avec ton coeur, de te consacrer à sa libération avant tout désir de changer les formes.

Sans le coeur, les seules choses que tu puisses faire en comprenant avec la tête les mécanismes de la relation avec l’autre et l’univers, c’est de la magie pour continuer à jouer dans le cadre de ton monde dysfonctionnel, la manipulation des formes et le cycle de la misère et de la mort.

Si c’est ce que tu souhaites, vas-y. C’est un jeu que tu connais bien et il te suffit de continuer à dormir dans ton rêve en te laissant porter par tes réactions, tes efforts, tes conflits et tes passions.

Avec un clin d’oeil, je sais très bien que ce n’est pas ce que tu souhaites, tu essayes de sortir de cette matrice depuis longtemps, elle t’use, elle te fatigue, du moins c’est l’impression que tu as dans ce rêve. Si je ne mets pas d’échelle d’importance et ne te juges pas, quoi que tu fasses, c’est qu’à mes yeux, rien n’est grave et j’ai confiance en toi quel que soit ton chemin. La culpabilité, la dualité bien/mal et la honte de l’échec font partie de ton monde et utiliser ces paramètres ne fait que le maintenir tel qu’il est.

Au niveau de réalité où je me trouve, tout va très bien, ton coeur est intact et invulnérable. Il peut simplement être caché par de multiples couches de brouillard posées par ton environnement auxquelles tu donnes constamment ton accord. Je suis à côté de toi et te regarde comme tu regardes parfois un enfant qui joue à un jeu vidéo violent en sachant qu’il ne fait pas de mal aux lignes de code qui lui permettent de faire l’expérience de la violence en toute sécurité. Sauf que tu es un enfant qui prend très au sérieux son jeu, sa matrice. J’accepte et comprends ce choix.

En fait, tu es déjà sorti, tu en sors et sortira de la matrice. Si tu y reviens aussi souvent c’est tout simplement parce que tu y es attaché. Tu l’aimes profondément pour l’expérience qu’elle te permet d’avoir : la séparation et la limitation dans le cadre d’expériences ayant lieu dans le temps linéaire et dans l’espace qui est en fait la scène invisible où se déploie ta pièce de théâtre.

Il existe une infinité d’autres expériences, mais ton seul souci c’est de vivre la tienne. Cette expérience est, si tu l’observes avec une attention entière et sans conditions, une métaphore d’un point de vue individuelle et unique de toute la création dans son univers. Tu es à la fois une individualité unique et à la fois tout l’univers.

Seule l’idée et la peur de ne pas l’être t’isole. Mais la vérité c’est que tu ne cesses de changer les formes et les points de vue. Naissances et morts dans un cycle éternel de créativités et d’expériences. L’expérience la plus recherchée, mais la plus difficile à atteindre est l’expérience de néant, du rien, du vide.

Pour la bonne raison que tu as des idées les concernant, des peurs, des émotions et ce que tu expérimentes alors ce sont les idées de peurs et les émotions découlent de ces peurs, mais pas la réalité de ce que tu cherches vraiment. Ce qu’est la mort, ce qu’est ne pas être ce que tu es, la vie.

Quoi que tu vises, l’ennui ou l’activité, le simple fait de viser, de désirer atteindre dans le temps est une fuite dans une illusion. Ton expérience dans le moment présent ce n’est ni le vide, ni le plein mais l’émotion, le désir relié au plaisir ou à la crainte de ce que tu souhaites créer.

Mais en vérité tu es un créateur en mouvement et tu ne cesses de créer ta réalité, quel que soit le concept ou l’idée que tu prépares pour l’avenir et qui a des bases dans le passé. Tu ne fais que te créer des expériences pour toi-même dans le moment présent. Vouloir arrêter d’être un créateur, de disparaître et de te transformer en ce que tu n’es pas est encore une création et une expérience.

Ce qui n’est pas création ni expérience, ce qui est la totalité de tout ce qui est et de ce qui n’est pas, c’est toi. Es-tu prêt à le remettre en question et l’entendre en même temps ?

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Michaël