« La tranquillité, ou la joie, est sans cause, impensable, inatteignable, sans chemin, sans maître, sans autorité. Dans cette paix on ne souhaite pas de changement, on ne souhaite même pas la tranquillité ; on ne souhaite que ce qui est là. »

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« Méditer n’est pas une activité, encore moins une activité programmable à laquelle il faut s’adonner comme si c’était un pensum afin de « réaliser le Soi ». Il faut laisser ces fadaises aux grandes barbes blanches ou aux beaux crânes chauves et bien polis qui en ont visiblement besoin pour se rassurer et faire marcher leurs affaires. »


« La vérité est que rien ne libère l’homme.
Dans un regard désencombré, il n’y a pas de place pour la moindre démarche de libération.
Vouloir devenir libre c’est encore vouloir. Or, vouloir c’est toujours vouloir autre chose que le réel.
Les stratégies interventionnistes exigent d’exciser certains éléments de sa vie afin de trouver la tranquillité et la liberté. Elles nous enjoignent de changer nos habitudes, notre manière de penser, notre alimentation, notre sexualité, de nous purifier, de nous améliorer, de mériter le prix à venir. Elles reposent toujours sur le leurre d’une transformation personnelle délibérée.
Les habiles politiciens à la tête des ermitages modernes, ces hauts lieux de l’âge des ténèbres actuel, savent discourir de la grâce et appuyer leurs arguments avec d’habiles citations et de jolies anecdotes, mais c’est chaque fois pour mieux récupérer leur public hébété et l’enfermer davantage dans l’infantilisme d’une progression spirituelle personnelle. Regardez bien les adhérents, interrogez-les, observez leur vie : vous reconnaîtrez l’arbre à ses fruits.
Si vous sentez qu’il vous faut suivre l’enseignement de quelqu’un (ou, dans les cas aigus, propager cet enseignement), adopter une manière de vivre particulière, une idéologie, si vous êtes convaincu qu’il vous faut vous libérer, alors vous devez le faire… et en remercier aussi le ciel. C’est votre chemin à vous pour finalement comprendre qu’il n’y a pas de chemin.

La simplicité est possible : vivre sans prétention, sans arrogance et sans but. Au lieu de s’exténuer à vouloir corriger son corps, son mental et sa vie, on demeure simplement admiratif de la vie telle qu’elle est, tout à fait recueilli. On reste dans l’étonnement silencieux plutôt que de le piétiner avec des réponses et des tâches à accomplir.

Le changement profond dans la vie d’un être humain est la conséquence de la tranquillité et non l’inverse.
La tranquillité, ou la joie, est sans cause, impensable, inatteignable, sans chemin, sans maître, sans autorité. Dans cette paix on ne souhaite pas de changement, on ne souhaite même pas la tranquillité ; on ne souhaite que ce qui est là.

La joie est le parfum même de l’existence et il n’y a rien à faire pour y arriver. Désirer des choses pour soi, vouloir se changer, s’améliorer, se libérer, devenir réalisé, tout cela n’est que peur et refus de ce qui est là. Un être qui vit la liberté intrinsèque et qui ne se prend pour personne ne peut que pointer cela en vous. Mais si on tient à vous libérer, si chaque jour on met lourdement l’accent sur un but et un chemin, alors vous pouvez justement passer votre chemin et vous n’y perdrez rien.

Les approches interventionnistes tentent de régler un problème inexistant. Les faux gurus se sentent très menacés par cette vérité et ils défendent leur gagne-pain en argumentant que l’être humain ne sait pas cela et que, pour le savoir, il doit suivre le chemin dont ils détiennent le brevet.

La liberté commence par la liberté, non par l’esclavage. Comment vivez-vous quand vous ne suivez aucune démarche, quand vous ne choisissez aucun point de vue, quand vous n’adhérez à aucune doctrine, quand vous n’adoptez aucune attitude pour faire face à ce qui est là dans votre vie ? Comment vous sentez-vous quand vous ne portez plus rien ? « (Lire plus…)

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« Se libérer c’est constater qu’on n’avait pas à se libérer. « (Lire plus…)

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« Il n’y avait personne qui courrait et quand il n’y a personne qui court, ça court drôlement bien ! C’est la vie qui courait. » (Lire plus…)


 » Cette prétendue sadhana (pratique spirituelle), c’est de la violence, c’est un profond mépris de l’existence. « 

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« J’ai personnellement été témoin du désolant spectacle d’êtres humains captifs d’un système de méditation et d’une idéologie de libération personnelle ; j’ai vu des gens à première vue très brillants être complètement subjugués par la pensée d’un malheureux « être réalisé » affligé du besoin compulsif d’être approuvé et admiré. Je les ai vus adhérer à une doctrine et suivre la ligne du « parti » avec le même aveuglement que les Jésuites ou les gardes rouges chinois du temps de Mao. Il faut avoir vu les romantiques adeptes de tels groupuscules sectaires s’agglutiner pendant des années dans des lieux exotiques pour se concentrer. Il faut avoir vu tous ces gens se retirer dans ces camps de concentration et même souvent se mettre des bouchons dans les oreilles pour « méditer », afin de ne pas entendre la rumeur du monde, qui n’est rien d’autre que la rumeur de Dieu. Je puis témoigner que vingt, trente ans plus tard, ces dormeurs posent toujours les mêmes questions et reçoivent toujours les mêmes réponses formulées de la même manière et avec les mêmes mots. Derrière les barbelés psychologiques dressés par leur guru autour du camp, les croyants se sentent toujours aussi frileux devant la vie et ses grands espaces ouverts.
Je remercie les dieux de m’avoir mis en contact avec cette caricature, où le maître est incapable d’entendre la moindre critique ou suggestion d’une autre approche et où les disciples se sentent immédiatement menacés à la suggestion d’un autre système ou, suprême horreur, de l’absence de système. Ce fut pour moi une grande leçon : j’ai vu comment naissent les sectes – toutes les sectes, dont la plus grosse est l’Église catholique -, les systèmes, les encadrements et les structures. J’étais assis aux premières loges.
Mettre lourdement l’accent sur une quelconque technique et sur une idéologie pour se libérer, c’est une stratégie pour ne plus ressentir sa vie telle qu’elle est. Ce réflexe pathologique face à la peur et à la souffrance (qui n’est rien d’autre qu’avoir des problèmes avec la réalité) est, bien sûr, un ajournement.
De grâce, soyez un peu sérieux ! Si vous avez la capacité d’entendre cela, alors vous n’en serez plus réduit à aller faire la queue pendant des heures pour recevoir l’accolade d’une figure exotique qui flatte les images romantiques populaires. Vous ne ressentirez plus le besoin de ce genre de pitreries. Vous serez libre de cette frilosité qu’est la religion sous quelque forme que ce soit. Les religions, les idéologies, les groupes hiérarchisés, avec leurs leaders, leur autorité, leurs dogmes, leurs promesses, leurs techniques et leurs programmes pour vous éviter de ressentir la misère de ce que vous avez échafaudé dans votre vie, sont des calamités dont vous pouvez très bien vous passer tout de suite, sans autre simagrée. Dans tous les groupes religieux, autour de toutes les autorités spirituelles, on retrouve invariablement les mêmes promesses de mieux-être pour plus tard. Vous devez accepter de penser et de vivre de telle manière, de pratiquer tel rituel ou telle méditation, de marmonner tel mantra, toutes choses qui vous insensibilisent et vous rendent stupide maintenant dans le but de vous libérer plus tard. Croyez-vous vraiment que toutes ces singeries peuvent vous être de quelque utilité pour voir clair et vous comprendre ? Je ne dis pas qu’il ne faut pas se sentir en résonance avec un courant spirituel quand une évidence se présente, mais s’identifier à un groupe, vouloir faire carrière dans le bouddhisme ou le christianisme, c’est un symptôme de peur ou d’ennui. Vous seriez mieux de ressentir votre peur ou l’ennui de votre vie et d’y voir clair, au lieu d’aller vous cacher et grelotter en groupe derrière une doctrine de libération future.

Qu’y a-t-il donc derrière cette névrose très ancrée qui consiste à s’en remettre à une technique, à un autre être humain, à une façon de penser ou à une nouvelle drogue ? La peur ! La peur de sentir qu’en fin de compte on n’est absolument rien, du moins rien de tout ce qu’on a pu imaginer, y compris les images infantiles qu’on se crée sur « Dieu » ou sur « le Soi ». Ce n’est pas un blâme à l’endroit de ceux qui croient qu’une technique ou un guru va les dispenser de se voir et de se comprendre : l’être humain en est réduit à de telles âneries parce qu’il n’a pas le choix, parce qu’il n’a pas la force et l’humilité d’être simple, direct et honnête avec lui-même. Ainsi, vous ne pouvez demander à un enfant de trois ans de comprendre ce qu’un adulte peut comprendre. Il n’y a rien à imposer à qui que ce soit. Il n’y a aucun jugement ici, simplement une constatation. Par contre, si vous avez l’humilité d’entendre cela sans peur, sans retourner dormir devant un « éveillé », dans un groupe ou derrière une idéologie, alors vous allez peut-être découvrir vous-même que tout est beaucoup plus simple et infiniment plus beau que ce que votre mémoire vous inflige.
La méditation n’a vraiment rien à voir avec une technique. Méditer c’est regarder pour la première fois, alors que pratiquer une technique consiste à répéter pour la nième fois. Se concentrer c’est se couper de la vie, c’est un manque de respect envers ce qui est là. Qu’est-ce donc que vous ne voulez pas voir dans votre vie au juste et pourquoi ? Il n’y a pas à se concentrer ; il n’y a qu’à écouter, regarder.

La méditation, c’est le respect total de ce qui est là, le respect de la vie telle qu’elle est.
À un moment donné, il vous apparaît étrange de rechercher autre chose que ce qui est là, autre chose que ce qui est offert par la vie.
Vraiment, cela paraît très étrange.
Voyez les enfants – tant ceux des êtres humains que ceux des animaux -, voyez comme ils ne sont que regard, écoute, sensibilité, attention.
En méditation vous n’êtes tenu à rien, surtout pas de « méditer » ! Demeurez simple. Il n’y a rien à suivre, rien à refuser. Laissez venir, laissez aller. Vous assistez à ce qui est là, y compris à ce que votre mémoire nomme « rien ». « Rien » est un autre concept. Il n’y a jamais « rien » : vous êtes toujours là en tant que pur regard. Mais n’essayez pas de voir ce « pur regard » ! Vous réalisez que vous êtes perdus dans vos pensées ? Et alors ? Vous assistez à cela, sans plus. « 
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« Cette prétendue sadhana (pratique spirituelle), c’est de la violence, c’est un profond mépris de l’existence.
Je regarde la vie de grands penseurs et je ne trouve pas grande tranquillité là. Je contemple celle d’un grand nombre de ceux qui se présentent comme des gurus et des instructeurs spirituels et je vois des tricheries et des manipulations. Je leur souhaite vraiment, dans le secret de leur chambre, de découvrir honnêtement où ils en sont en termes de paix intérieure.
Simplement en lisant un livre, ont ne peut pas dire où l’auteur en est en lui-même et de toute façon cela n’a que très peu d’intérêt. Ce n’est pas difficile d’écrire un très beau livre spirituel. Quelqu’un de très intelligent qui connaît le jargon spirituel peut faire de très beaux discours, sans les vivre. Beaucoup de gens se font passer pour des grands gurus, en Inde ou en Occident. A première vue, ils peuvent impressionner, surtout si on n’a jamais rencontré quelqu’un de sérieux. Ces gens sont généralement très intelligents, ont la parole extrêmement facile et sont passés maîtres dans l’art de nous démontrer, en plus de tout leur savoir combien ils sont humbles. Mais si on fouille un peu, ou si on attend quelques années, on découvre que tout cela était fondé sur un mensonge et que derrière la mascarade de « l’être réalisé » se cachait un ego frileux et très soucieux de son image, de sa gloriole et de son petit pouvoir sur les êtres généralement sincères mais crédules qui les entourent.
La pratique n’a rien à voir avec le fait de s’asseoir deux fois par jour pour « devenir libre ». Cela paraît étrange. Faire un mouvement comme ceci, un autre comme cela, et espérer être libre ainsi…Changer telle habitude pour telle autre. Tout cela est tellement ridicule ! Tout ce qu’ont veut faire, c’est conditionné : pourquoi attendre la liberté de cela ? Pourquoi attendre la paix de cette violence ? Pourquoi attendre le raffinement suprême de cette grossièreté ? « 
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« Quand on sait vraiment ce qu’est «le Dieu», on n’a plus besoin de croyances ni de «volonté» et on peut laisser la «loi d’attraction» aux malheureux qui ont encore besoin de ces sucreries du Nouvel Âge. « 

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Site de Jean Bouchart d’Orval.

Jean Bouchart D’orval