…prenez, par exemple, le temps d’observer un objet sur la table devant vous, ou un tableau sur le mur. Accueillez cet objet en vous. Ne cherchez pas à l’analyser, à le décrire avec le mental pensant. Contentez-vous simplement de laisser venir en vous la perception, la laisser se déployer dans le silence de votre regard. Au lieu de regarder, laissez-vous regarder, comme si c’est l’objet qui vous regarde.Restez un moment dans cette perception dépouillée de mémoire. Laissez les impressions se dérouler à leur propre gré. Au bout d’un moment, fermez les yeux. Restez avec la perception, puis assistez à sa lente désagrégation. Habitez ce qui reste lorsque la perception a disparu. Lorsque vous avez intégré ce que signifie voir, dans son sens le plus originel, c’est-à-dire une vision dégagée de votre histoire personnelle, points de vue et opinions, vous pourrez la transposer dans votre vie quotidienne, à votre entourage, vos proches, votre contexte professionnel. Le regard est toujours le même, vision pure, libre de toute idéation. Il est la nature même de votre être. Il n’y a pas à regarder. Vous êtes vous-même le regard. Ce que l’on pourrait appeler « corruption » serait l’interprétation des perceptions, qui est déformée par le contenu de la mémoire, des expériences qualifiées de positives et négatives par l’ego. A l’inverse, la vision elle-même est complètement libre de pensée, vierge, immaculée, auto-lumineuse, quelle que soit la nature des objets perçus. Référez-vous à la vision elle-même et non pas à ce qui est vu. Dans cette unité à la vision, la peur, la colère et les autres émotions disparaissent dans la beauté que vous êtes.

Jean-marc Mantel