Le 28 novembre 2012 à 11h03 :

« Je suis sous le choc ». Jugée depuis lundi, Françoise Dercle, soupçonnée d’être le gourou d’une secte, a pris la parole à la sortie du tribunal correctionnel de Lisieux (Calvados). D’une voix fragile, elle dit « ne pas comprendre » les accusations portées contre elle. « On m’a rejetée en me disant : tout le monde a peur de vous », explique-t-elle au micro de « RTL ». Entre 2002 et 2007, Françoise Dercle, 56 ans, a fait subir des violences sexuelles et physiques aux membres de la secte qu’elle dirigeait. « Oui, j’ai demandé à des mères d’avoir des rapports sexuels avec leurs fils, mais on était dans une vibration, on était dans une autre dimension, la cinquième », aurait déclaré l’accusée durant le procès, rapporte son avocat. Pour excuser ses actes, elle évoque une espèce de « transe » dans laquelle le groupe était plongé. La femme-gourou est également accusée d’avoir soutiré près de 400 000 euros à ses adeptes.

« Une prison mentale »

« Les anciens adeptes rapportent avoir connu l’enfer d’une prison mentale sur fond de violences morales, physiques et sexuelles, fruit d’une emprise totale de la part du gourou », a plaidé de son côté Pascal Rouiller, l’avocat d’une des victimes présumées et de sa famille, constituées parties civiles.

En 2004, ce sont les parents d’une des victimes, originaire d’Angers, qui, les premiers, ont dénoncé les agissements de Françoise Dercle en déposant plainte. Deux ans plus tard, une autre victime parle à son tour, en confiant son calvaire au maire de Lisieux. La femme-gourou qui se faisait appeler « la Reine » sera finalement arrêtée en juin 2007. Le procès se termine ce mercredi par les réquisitions du procureur.

elle.fr

le 16 Octobre 2013 à 22h27 :

condamnée mercredi 16 octobre en appel à Caen à cinq ans de prison ferme, soit douze mois de plus qu’en première instance, pour avoir été le gourou d’une secte à Lisieux dans le Calvados, où elle imposait des rapports sexuels parfois incestueux à ses adeptes.

La cour a aussi délivré un mandat d’arrêt car Françoise Dercle était absente à l’énoncé de l’arrêt mercredi après avoir comparu libre lundi et mardi. Selon « Ouest-France », elle a été appréhendée par la police à son domicile. L’avocat général avait requis mardi une peine de cinq ans ferme, la peine maximale encourue, contre cette ancienne professeur d’anglais.
Madame Dercle ne pouvait ignorer qu’elle imposait aux autres ce qu’elle n’aurait nullement aimé qu’on lui impose », avait déclaré l’avocat général Marc Faury.

« Destructuration d’individus et de familles, contrôle des correspondances, infantilisation, soumission par le travail, délations écrites, humiliations sexuelles : […] voilà les fruits des entreprises de Mme Dercle », avait-il poursuivi.
Une prévenue très sûre d’elle

Les enfants de la prévenue ne fréquentaient pas la secte et elle même avait une vie normale en dehors de la secte où elle faisait et défaisait les couples selon son bon vouloir lors de séances de « navigations » (rapports sexuels de plusieurs couples dans une même pièce), selon le parquet général. « Un des summum, c’est que vous avez obligé une mère à avoir des relations sexuelles avec ses enfants [adultes, NDLR] dont un était lourdement handicapé », avait dit lundi le président de la cour, Henri Ody.

« Dans cette effusion de l’esprit [où nous étions], beaucoup de notions changent », avait déclaré la prévenue, très sûre d’elle, face à la cour, retournant les questions et demandant aux avocats s’ils étaient là pour lui faire la morale, avant de pleurer apparemment pendant le réquisitoire.

Françoise Dercle a perçu au moins 400.000 euros des membres de son association. Elle a été condamnée en première instance le 22 janvier en correctionnelle à Lisieux à quatre ans de prison ferme pour abus de faiblesse, dans le cadre de la loi About-Picard de 2001 contre les dérives sectaires, qui inclut notamment les sévices physiques, moraux et sexuels.
« On est persuadé qu’elle recommencera »

« Je crois que les victimes peuvent être satisfaites et nous le sommes aussi. Certaines victimes attendaient une reconnaissance depuis 2004. Reste la reconstruction de ces personnes », a déclaré Catherine Picard, ex-députée PS à l’origine de cette loi et présente à l’énoncé de l’arrêt en tant que présidente de l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes). Interrogée avant l’arrestation de celle-ci sur l’absence de la prévenue au procès, Catherine Picard a répondu :
Je fais confiance à la police. Ca peut mettre un mois. Nous avons des cas de gourous de secte qui sont récupérés en Irlande, en Espagne, et qui nous sont rendus très très rapidement. »

L’une des neuf parties civiles au procès s’est aussi dit satisfaite mais a souligné, avant d’apprendre l’arrestation de Françoise Dercle, la nécessité, d’arrêter rapidement la gourou. « On est persuadé qu’elle recommencera. Elle est dangereuse », a dit cet homme d’une trentaine d’années. A Lisieux, une vingtaine de personnes étaient parties civiles. L’audience d’appel était publique. Le procès en première instance à Lisieux s’était déroulé à huis clos. Les faits incriminés se sont déroulés entre le 1er janvier 2002 et juin 2007.

Interrogé par téléphone, Me Eric Schneider, l’avocat de Françoise Dercle n’a pas trouvé « surprenant » les cinq ans de prison mais il s’est étonné en revanche que la cour n’ait pas ordonné d’obligation de soin comme l’avait fait le tribunal de Lisieux. « Dans cinq ans, elle sort et rien n’aura été fait pour l’aider à descendre de l’arbre », a-t-il dit.

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