Bonjour,

Maître Simon lança l’enquête suivante en mai dernier, à quelques mots près :

« Selon vous, quel mot se substituerait le mieux à l’expression « Non-violence ». Votre mot ne devra pas comporter de négation.

Ci-après vous pourrez prendre connaissance de la réponse.
Delta de la Lyre

~ ~ ~

La chronique de Maître Simon janvier 2015

Bienveillance

Que dire de cette année qui vient de s’achever ?
Pour ne regarder que par le petit bout de la lorgnette de ces chroniques, pas grand chose. A vrai dire, un record a été battu : je n’ai pondu qu’un texte de toute l’année.

Vous vous souvenez ? Je vous demandais de trouver un nom pour remplacer « non-violence ».
Vous avez été près de deux cents à répondre et je vous en remercie. Bon, d’accord, cela n’a pas été une déferlante et l’intelligence collective et créatrice est encore un peu hésitante. Défaut de jeunesse sans doute. Après tout, à trois ans Einstein ne résolvait pas encore d’équations complexes. Ni simples d’ailleurs.

Toujours est-il, que la « Bienveillance » est la notion qui est le plus ressortie et qu’à titre personnel, j’emploie désormais dans les expressions « action bienveillante » et « communication
bienveillante ».

Très fier de ce résultat, je me suis empressé de le faire savoir aux universités de la non-violence qui se tenaient cet été. Résultat intéressant.

Certains grands prêtres qui officiaient eurent plutôt l’air de prendre pour une agression et une tentative d’attenter à l’intégrité de leur combat cette volonté d’en changer l’étiquette. Mais je notais avec plaisir que parmi eux, Thomas d’Ansembourg1 utilisait déjà le terme bienveillance de préférence à celui de non-violence.

Dans le public, la proposition fut généralement bien accueillie et un certain nombre de participants exprima son malaise à utiliser l’expression « non-violence ». La proposition de changer de nom a été entendue. Laissons-la maintenant faire son chemin.

Pour regarder le monde par l’autre bout de la lorgnette, il y a peu, j’ai fait un exercice intéressant : j’ai écouté les informations sur une chaîne d’informations en continu.
Première impression : cela m’a conforté dans mon refus de m’adonner à cette pratique décervelante.

Seconde impression : la bêtise et la peur forment un moteur puissant qu’alimente généreusement ce type de média.

Conclusion : « hé bé, y’a encore du boulot pour s’en sortir ! »
J’ai éteins la télé.

Fort heureusement, à côté de cette vie médiatisée, formatée, fabriquée, il existe la vraie vie, celle des gens. De vous, de moi.

Certes, ils paraissent nombreux à ânonner le prêt-à-penser que déversent à longueur de journée dans leurs cerveaux engourdis, les discours de la pensée unique, mais je suis sûr que tout cela est aussi superficiel que l’idéal factice, qu’à leur insu, ils font leur.
Certes, ils sont plus nombreux à crier leur haine de l’autre, leur haine du système, et finalement leur haine d’eux-mêmes. Et cela se traduit par d’inquiétantes récupérations politiques.
Mais ceux-là n’expriment-ils pas la peur de l’autre, la peur du système, et finalement la peur d’eux-mêmes ?

Offrons-leur une autre voie que cette seule alternative gluante d’angoisse que leur destine la parole officielle, permettons-leur de voir la lumière qu’il y a dans « la vraie vie », dans les gens.
Dans vous, dans moi. Il ne faut pas grand chose pour cela.

Juste (mais tout est dans le « juste ») prendre le temps d’une pause, le temps de respirer et de constater que la vie n’est pas un bilan comptable, que notre bonheur ne tient pas dans l’étroite
froideur d’un compte d’exploitation, que devant sa glace le matin, personne ne voit un homo æconomicus, mais un être humain mal réveillé.

Et un humain est un être capable de s’émouvoir d’un beau geste, de pleurer de joie en entendant un concerto, de voir tout ce que cette planète nous offre de beau et de grand. Un humain n’est pas fait que pour la statistique et le produit intérieur brut. Un humain est fait pour le bonheur, est fait pour ÊTRE.

2014, avec son lot de fanatisme mortifère, de financiarisation génocidaire, de bêtise institutionnalisée, d’hypocrisie et de malheur, 2014 aura été, ou du moins je me plais à le croire, une année de transition. Une année de prise de conscience de la vanité de l’offre de société qui nous est faite, de prise de conscience qu’il nous appartient maintenant, non plus de dire NON au système, mais plutôt de dire OUI à autre chose que, de façon encore subtile, l’on commence à se représenter. Autre chose de plus humain, de plus vrai. Une autre chose dont on sent qu’elle a exactement sa place, même si l’on ne sait pas encore la nommer.

Autour de nous (j’ai dit autour de nous, pas à travers les médias), il n’est que de regarder les changements d’attitude, les changements de discours. En dépassant les basses couches de la pensée, au-delà des découragements, des peurs et des révoltes, nous pouvons voir des perles inattendues qui ne peuvent que laisser présager le meilleur.

Mêmes dans les catégories soi-disant les plus nanties de la société, beaucoup ne veulent plus jouer au jeu qui nous est imposé et cherchent autre chose. Ainsi, pour parler d’un monde que je connais bien, savez-vous quel était le thème de la seconde journée de l’université d’hiver du barreau de Paris ? Non ? : La conquête du bonheur ! Quel programme n’est-ce pas ?

Cela n’a l’air de rien, mais c’est, à mes yeux, un des signes du monde qui change, des valeurs nouvelles qui s’affirment, non pas contre, mais à côté des anciennes (2).

De plus en plus, nous voyons des gens qui se décident à passer à l’acte, à ne plus jouer le jeu et autour de moi, je vois des nœuds se défaire, des choses soudainement devenir possibles.
J’entends « des gens » heureux d’en avoir fini avec 2014 et penser à 2015 comme à une année qui les verra déployer leurs ailes.

C’est ce que, très sincèrement, je vous souhaite pour cette année nouvelle qui ne sera, vous le savez, que ce que nous en ferons.

Alors autant en faire le meilleur !

Me Simon.

(1) thomasdansembourg.com
(2) ce qui est un signe caractéristique de transition

Article connexe

Le Subconscient intègre uniquement les phrases Affirmatives

Maître Simon