LES SECRETS DE KOKOPELLI

Cet article est tiré de Nexus No 65.

Il s’agit d’un entretien avec Raoul Jacquin, une personne qui parle comme j’aime, d’une façon brute, mais tellement juste, et censée.

L’association Kokopelli a été crée en France en 1999 dans le but de préserver la biodiversité à partir de semences naturelles. Aujourd’hui elle compte entre 4 000 et 5 000 variétés de légumes, de céréales, et de fleurs, et expédie ses semences dans le monde entier.

Voici l’interview de Nexus avec Raoul Jacquin, responsable du jardin de l’association.

Nexus :
Vous dressez un constat alarmiste de la situation alimentaire…

R.J :
Je pense qu’en Europe nous ne sommes pas à l’abri de connaître, peut être pas les grandes famines du Moyen Âge, mais tout est en place pour que nous soyons en état de disette, c’est évident.

Nexus :
Pourquoi doit-on craindre une prochaine disette… ?

R.J :
Alors que le France est un pays de cocagne ou l’on peut tout produire, on n’est plus du tout en mesure d’avoir une assiette variée : Il n’y a qu’à lire les étiquettes pour constater la provenance de ce que nous mangeons.

En cas de vraie pandémie mondiale, avec des restrictions sur les transports, nous allons vivre une crise dramatique.

Si on ne met que du blé ou du maïs dans notre assiette, nous serons autosuffisants, surtout si l’on éradique une partie des troupeaux qui en consomment. Mais pour la multiplicité et la diversité biologique de notre assiette, donc de nos apports alimentaires, il est évident que nous ne sommes plus autosuffisants.

Plus inquiétant encore, les constructions génétiques actuelles défendues par nos gouvernements et les multinationales semencières nous placent en état d’insécurité alimentaire, en hypothéquant gravement, contrairement à ce qu’ils veulent nous faire croire, la souveraineté alimentaire de la planète.

Nexus :
De quelle façon… ?

R.J :
Prenons l’exemple du maïs. Sans même parler des OGM, l’industrie ne produit plus que des variétés hybrides, c’est à dire des clones.

Le peuplement d’un champ de maïs, c’est à peu près, 100 000 pieds à l’hectare, si l’on prend le 1er pied à l ‘entrée du champ et le dernier à la sortie, ils sont parfaitement identiques génétiquement, ce qui signifie qu’au niveau mondial, tous les pieds cultivés d’une même (pseudo) variété, (elles portent désormais des numéros matricules et plus des noms) possèdent strictement le même patrimoine génétique.

Si un seul plan est attaqué par une virose ou un parasite, comme les schémas génétiques sont exactement les mêmes pour les milliards de plans de cette variété sur la planète, tous les autres le seront aussi et les récoltes seront détruites ! Vous imaginez les répercutions…

Nexus :
Certes, c’est inquiétant…

R.J :
Sans compter que le plus grand danger des semences de maïs hybride est qu’elles ne sont pas reproductibles fidèlement à elles-mêmes, ce qui signifie synthétiquement qu’un paysan qui prélèverait une partie de sa récolte pour la ressemer l’année suivante n’obtiendra pas de récolte. Donc là encore, s’il y a un problème majeur au niveau mondial, et que les semences ne peuvent plus circuler, nous serons dans une situation de disette et de famine.

Et ce sera d’autant plus imparable dans les pays dits ‘’ industrialisés ‘’ que nous n’avons plus aucune porte de sortie.

Dans les pays qu’on voudrait ‘’ émergents ‘’, il y a encore des semences de pays reproductibles. Mais en France, par exemple les hectares de maïs reproductibles cultivés cette année peuvent se compter sur les doigts de la main.

Sans entrer dans les notions de nouvel ordre mondial ou de théorie du complot, on peut quand même se demander si tout n’est pas mis en place pour affamer la population mondiale, sachant que ce qui vaut pour le maïs, existe pour le blé, le riz, et le soja, quatre piliers de l’alimentation de l’humanité !

Nexus :
Peut-on faire autrement … ?

R.J :
Notre maïs fait partie des grandes fiertés de ce jardin. Nous sommes dans les Alpes de Haute Provence. Tout le monde sait que ce n’est pas du tout une terre d’élection ou de prédilection du maïs, par manque d’eau. Or, nous sommes le 31 aout 2009, après 2 mois de chaleur intense et pourtant, voilà un maïs parfaitement vert, en pleine floraison mâle et femelle, il y a fécondation, avec du pollen partout sur les feuilles, sans que nous ayons irrigué !!

Donc les gens qui racontent que le maïs exige au moins 3 M³ d’eau par kilo, se trompe. La raison est que l’on ne parle plus de la même chose, on ne parle plus du ‘’ maïs ‘’ en tant que plante divinisée des Amérindiens qui avec la pomme de terre ont sauvé l’Europe de la famine.

Cependant, et ce depuis plus d’un siècle, l’industrie semencière a entièrement détruit cette sublimissime plante et l’a transformée en une chimère génétique.

Nexus :
Comment le maïs est il devenu une chimère génétique … ?

R.J :
L’hybridation et maintenant les manipulations transgéniques ont appauvri son patrimoine génétique à un point tel que cette plante qui était cultivée par les Amérindiens dans les déserts est devenue une culture strictement irriguée qui a extrêmement besoin d’eau !

Dans notre jardin, nous prouvons que le contraire est possible. Et puisqu’aujourd’hui il faut parler de façon bassement matérielle, nous obtenons, de plus, du rendement, sur une plante qui n’a rien demandé d’autre que l’énergie du Soleil, du cosmos, et ce qu’elle peut puiser dans le sol, sachant que nous l’avons légèrement aidée en ajoutant un peu de compost de brebis, et que les plans sont paillés pour le maintien de l’humidité.

Une plante, quand elle a soif, cherche à y remédier. Que fait-elle ?
Elle pousse ses racines toujours plus profondément, qui vont chercher l’humidité et les nutriments du sol. Si on l’arrose, elle n’a plus besoin de ‘’ travailler ‘’. On l’empêche alors de se développer et, de fait, plus on l’arrose, plus elle aura soif.

Nexus :
Donc le maïs pourrait se passer d’irrigation… ?

R.J :
Absolument.
C’est une plante d’avenir, surtout si on ne prélève que la partie grain et que l’on restitue au sol l’ensemble des pailles. Au lieu de déstructurer les sols et ‘’ bousiller ‘’ nos nappes phréatiques, le maïs s’avère en fait un précieux reconstituant des sols, parce qu’il laisse beaucoup plus de carbone à l’hectare qu’il n’en prélève.

C’est donc une plante de solution à la sécheresse, à condition que nous parlions de maïs et non pas de ce clone que vend l’industrie, qui ne mérite pas ce nom de « maïs ».

Nexus :
Et les tomates, un légume phare chez Kokopolli ?

R.J :
Cela fait 33 jours que ces tomates n’ont pas été arrosées et il n’a pas plu depuis 2 mois. Elles sont pourtant très loin d’avoir soif.

Nexus :
Comment expliquez-vous cela ?

R.J :
On a tout simplement oublié que nous vivons sur quelque chose d’  » approprié « , la Terre mère, un être vivant et nourricier, et qu’une plante ne vit pas d’une culture hydroponique et d’un raisonnement trilogique NPK 2 + pesticides.

Une plante se nourrit du sol et de l’air, et puisqu’on est sur ce sujet qui me tient vraiment à cœur, qui est la capacité d’une plante à s’adapter à son milieu, à comprendre, à évoluer, à co-évoluer avec son jardinier et son environnement, hé bien nous, avant de soigner les plantes, nous soignons le sol. A partir du moment où la terre est en bonne santé, les plantes le sont forcément aussi.

Ce sol par exemple a été complètement anéanti et déstructuré jusqu’à il y a 2 ans lorsque nous avons repris ce jardin, après 50 ans d’agriculture intensive, productiviste, chimique, tassé, compacté, complètement exsangue en humus, il ne demandait qu’à revivre, à passer du système anaérobie dans lequel il avait été contraint à un système de vrai sol , avec des bactéries, des vers de terre et tant d’autres choses…

Nous avons juste passé une sous-soleuse, une espèce de grand couteau que l’on enfonce jusqu’à 40-45 cm, pour que l’air se réapproprie le sol, que les pluies descendent et alimentent les couches profondes…

C’est alors un grand levain qui se remet en place, une grande alchimie qui se prépare de nouveau pour permettre au sol de nourrir la plante, ce dont il est parfaitement capable.

Et il faut sortir de cette espèce d’inféodation de la nature. Car en fait, nos plantes ici ne sont pas vraiment des plantes cultivées. Elles coopèrent avec les éléments et nous faisons partie des éléments, nous, êtres humains.

Quelque part, nous pouvons considérer qu’elles ont aussi envie de nous faire plaisir, elles savent que nous avons besoin d’elles pour notre alimentation, car je pense qu’elles sont en capacité de le comprendre et de répondre favorablement à nos attentes.

Nexus :
Ce n’est pas le cas des plantes cultivées chimiquement … ?

R.J :
A partir du moment où, comme le fait l’agriculture intensive, on exerce des moyens qui sont uniquement coercitifs, les plantes n’ont aucune envie de donner le meilleur d’elles-mêmes. Peut-être se disent-elles que quitte à être assistées et contraintes à ne pouvoir vivre qu’avec des béquilles chimiques, autant aller jusqu’au bout de notre délire, donc là aussi elles ont envie de nous faire plaisir, elles abondent dans notre sens en demandant systématiquement des pesticides et des produits chimiques.

Les plantes peuvent se suffire de la nature, il suffit de regarder autour de nous. Aujourd’hui, les sols agricoles sont malades de l’homme. Ils ne demandent qu’une chose, c’est de produire, produire, et encore produire.

Le problème c’est qu’un sol en bonne santé ne rapporte rien à personne, ni aux lobbys politico-chimico-industriels, ni au Crédit Agricole qui ne peut consentir des prêts à court terme pour acheter des engrais …

Un sol vivant, rend indépendant ceux qui vivent dessus et, dans notre société c’est ingérable pour les politiciens de savoir que les gens peuvent se suffire à eux-mêmes, donc on essaie de rendre aussi la nature incapable de s’autogérer.

Nexus :
Que faut-il faire ?

R.J :
Il est essentiel de continuer à faire vivre ces variétés naturelles qui nous ont rendus indépendants et dont on est en train de priver les générations à naître. Le mot est peut être un peu fort, mais je l’assume, nous sommes dans une dictature semencière.

Il y a des gens en situation de monopole qui veulent aller jusqu’au bout de cette ineptie. Et ce qui me révolte le plus, c’est que nous imposons cette catastrophe à des générations qui ne sont même pas là pour s’exprimer, et qui ne pourront revenir en arrière si nous ne résistons pas.

Nexus :
Bien sûr on va vous objecter les rendements…

R.J :
Alors sur ce sujet, je suis très embêté pour nos détracteurs. Ce jardin est aussi un jardin expérimental, donc nous pesons tout ce qui en sort.

A la fin de la récolte, d’ici un mois, nous pourrons produire des chiffres de rendement, mais d’ores et déjà nous avons des pieds sur lesquels nous avons cueilli plus de 8 kilos de tomates et il en reste encore à peu près 4 à 6 kilo, ça dépendra de l’arrière saison.

Ces plants vont donc rendre 12 kilos minimum, sachant que c’est un rendement net, parce que si on m’objecte celui des serres de grandes productions ou les tomates sont en hydroponie et coutent une fortune en ingénierie fossile, il va falloir intégrer ce qu’on appelle pudiquement les ‘’ dégâts collatéraux ‘’.

En effet il faut mettre en parallèle le pseudo rendement de l’agriculture industrielle et productiviste avec les coûts de dépollution et ceux induits sur la santé humaine.

Des professeurs comme Jacques Testard ou Henri Joyeux, tendent à prouver que notre alimentation est potentiellement dangereuse pour notre santé.

Pierre Rabhi dit : ‘’ Avant, on se souhaitait bon appétit, maintenant, il faut se souhaiter bonne chance ‘’.

Hippocrate déjà disait : ‘’ Que ton aliment soit ton médicament ‘’.

La réalité aujourd’hui, c’est que ton aliment t’oblige à prendre des médicaments. Nous sommes même obligés de consommer des compléments alimentaires. Non seulement notre alimentation est carencée, mais elle devient dangereuse pour la santé et tout prouve qu’elle l’est pour la planète.

Si 86% des eaux de surface sont polluées, les eaux résiduelles et les eaux des nappes phréatiques aussi, il y a forcément une cause, et on la connaît en grande partie.

Voilà ou nous en sommes et je pense que, malheureusement, ce n’est que le début. Il faut se rappeler que tout a commencé et a été érigé en dogme pendant les 30 glorieuses, mais s’il y a un constat à faire, c’est un constat d’échec.

Nous sommes effectivement malades de notre alimentation et la planète l’est aussi.

Nexus :
Reste-il des raisons d’espérer… ?

R.J :
Chez Kokopelli, nous sommes très optimistes parce qu’en fait nous avons encore toutes les solutions possibles. Il ne faut donc absolument pas sombrer dans la sinistrose, car nous sommes en passe de prouver qu’il est possible de pratiquer une agriculture respectueuse de l’environnement et du consommateur, et que notre aliment soit réellement notre médicament.

C’est aussi offrir aux générations à venir le mot ‘’ futur ‘’.

Fin.

J’aime beaucoup cette phrase du texte que je reprends donc en conclusion :

C’est ingérable pour notre société de savoir que les gens peuvent se suffire à eux-mêmes, donc on essaie de rendre aussi la nature incapable de s’autogérer.

Plus d’infos ici sur le site de l’association : Kokopelli

Et comme toujours c’est à vous de juger.

Retranscription internet

Merlin
30 décembre 2009

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Source originelle

Merlin sur Homme-et-Espace.over-blog.com

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Source secondaire

LesMoutonsEnrages.fr

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Merci à

Graffitique pour la suggestion

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NOUVELLE SPECIALE DE KOKOPELLI : AVAAZ, BAS LES MASQUES !

ATTENTION : KOKOPELLI DENONCE LA CAMPAGNE FRAUDULEUSE D’AVAAZ CONCERNANT UNE PRETENDUE « BOURSE AUX GRAINES » MONDIALE

Cher(e)s ami(e)s de Kokopelli,
L’organisation américaine AVAAZ a lancé il y a quelques jours une nouvelle campagne de levée de fonds, intitulée « La meilleure manière d’arrêter Monsanto », et diffusée largement sur Internet et par mail, visant supposément à créer le « tout premier eBay pour semences à but non lucratif ».

L’association KOKOPELLI n’est absolument pas à l’origine de cette campagne et ne connaît aucune organisation française ou européenne qui y participerait.

De plus, le courriel faisant la promotion de cette campagne prétend que « une coalition de 20 groupes et personnalités de l’agriculture durable tels que le Center for Food Safety et l’activiste Vandana Shiva sont prêts à lancer le projet. » Nous ne connaissons pas ces groupes, qui ne sont pas nommés, mais nous avons contacté Vandana Shiva à ce sujet et elle nous a répondu ceci : “I am not involved in this initiative, have never been contacted or consulted about it.” (je ne suis pas engagée dans cette initiative, et n’ai jamais été contactée ou consultée à son sujet) !!! Elle a également manifesté son indignation face à la récupération de ses noms et notoriété sur son blog SeedFreedom.

Si, sur ce blog, l’organisation américaine Center for Food Safety endosse ces manœuvres grotesques et parle « d’erreur » et de « malentendu », nous n’y croyons pas du tout. De quel type d’erreur peut-il s’agir lorsqu’il est question de lancer une campagne mondiale, dans 17 langues, pour récolter plusieurs centaines de milliers de dollars, voire des millions – car les sommes globales récoltées sont soigneusement occultées, mais ce sont déjà plus de 55.000 personnes qui ont donné – ?

Nous remarquons, de plus, que le texte de présentation de la campagne est très mal rédigé ; que ses termes sont particulièrement évasifs ; qu’il n’existe aucun site Internet relatif au projet évoqué ; que les “fermiers” et “organisations” partenaires ne sont pas nommés ; que les éventuels fournisseurs et bénéficiaires des semences ne sont pas identifiés ; que les actions projetées ne tiennent aucun compte des contraintes réglementaires qui nous obèrent depuis 60 ans, etc.

Tout cela n’est pas sérieux, et il semble donc que cette campagne soit une nouvelle imposture de l’organisation AVAAZ – dont nous-mêmes, et d’autres, avons déjà dénoncé le caractère plus que douteux par le passé – destinée seulement à récolter des fonds auprès d’internautes généreux mais bien trop crédules.

Nous demandons donc le retrait immédiat de cette campagne – ou bien le détail exact et complet du projet évoqué dans celle-ci, s’il existe – et la transparence la plus totale sur l’utilisation des sommes récoltées, ou leur restitution aux donateurs trompés !

Nous vous recommandons donc la plus grande prudence vis-à-vis de cette campagne, et, de manière générale, vis-à-vis de l’organisation AVAAZ, et vous invitons à faire circuler ce message au plus grand nombre de destinataires possible.

L’équipe de Kokopelli – le 16 juillet 2014.

Source originelle

kokopelli-semences.fr

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Merci à

SOIS.FR l’été 2014 pour l’information
SOIS.fr

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LA MILPA

La MILPA : un exemple indigène d’agro écologie millénaire

Il y a environ 6000 ans, les mayas…….

Les mayas cultivaient le maïs (zea mays) principalement ainsi que les haricots (dontphaesolus vulgaris) et les courges ou citrouilles (cucurbita pepo) en utilisant le système sur brûlis ou milpa.

Cette technique Maya est un terme dérivé de la phrase Nahuatl mil-pa signifiant

« Ce qui est semé dans les champs »

Le Popol Vuh, livre sacré des Mayas, fait référence à cette triade agricole et alimentaire.

La milpa est le plus ancien modèle agricole de Mésoamérique ainsi que le plus répandu qui demeure encore vivant de nos jours.

Au Mexique cette tradition est toujours pérenne et préservée avec force car elle permet aux peuples de vivre pratiquement en autosuffisance et de perpétuer leurs traditions ancestrales qui sont toutes et toujours liées au culte du maïs. Les milpas de traditions maya existent également au Guatemala.


(Ci-dessus – Milpa dans l’Oaxaca)

Comment procèdent-ils ?

– L’essartage : il s’agit du défrichage de la parcelle de terre boisée ( à l’époque les mayas ne possédant que des outils en pierre, ce travail était très pénible) : les broussailles sont coupées ou arrachées, laissées à sécher sur le col puis ensuite brûlées.

– Le semis :

1. On forme de petits monticules aplatis de 30 cm de haut environ, espacés en tous sens de 50 cm.
2. On sème les graines de maïs en poquets au centre de chaque monticule.
3. Quand le maïs atteint 15 cm de haut, on sème les courges et les haricots tout autour en alternant les deux espèces.

– La jachère : Ce procédé permet à la terre de se reposer et de se régénérer, les mauvaises herbes ainsi repoussent dans la jachère en étant en compétition avec les plantes établies et sélectionnées. Ce système permet avec le temps l’extinction des plantes inutiles dont la durée de maturation est inférieure au temps de jachère. Les jachères de nos jours impliquent deux années de culture suivis de huit années de croissance en jachère ou secondaire.

Association positive des trois espèces

Le maïs qui nécessite une bonne irrigation et un fort apport en azote pour sa croissance bénéficie de celui-ci dans le sol grâce aux plants de haricots qui se servent eux des tiges de maïs pour grimper. L’espace horizontal , le sol, quand à lui est occupé par les plants de courges ou de citrouilles qui offrent une couverture végétale évitant l’érosion, conservant l’humidité et captant les insectes.

Souvent la milpa est associée à un jardin potager (solar) dans lesquels les campesinos cultivent les poivrons, les piments et les herbes médicinales, le cacao et le café.

Tous les avantages de la milpa

– Le système de rotation des parcelles agricoles dans le système d’abattis-brûlis permet la régénération de la végétation secondaire, la création d’écosystèmes favorables à la gestion traditionnelle des forêts et de la chasse de subsistance.

– Dans les zones de jachère on peut trouver un habitat pour les oiseaux et les petits mammifères ce qui préserve la biodiversité

– Tous les besoins de la communauté agricole sont couverts y compris les cultures vivrières de subsistance, les cultures fourragères (pulpe de courge entre autre), le matériel de construction en milieu rural, le bois de chauffage, la végétation secondaire pour l’apiculture, la chasse.

– Les milpas sont de tailles réduites (moins de 2 hectares en moyenne) et permettent l’utilisation optimale des ressources naturelles.

– La milpa permet l’utilisation minimale de produits agrochimiques toxiques promus par les programmes de développement gouvernemental.

– Les variétés traditionnelles sont perpétuées par une conservation génétique.

– L’association de culture intercalaire de maïs/haricots/courges augmente la fixation biologique d’azote et le contrôle des insectes et des maladies

– La diversité génétique des cultures est élevée dans les communautés utilisant les systèmes de milpa avec plus de 15 variétés locales de maïs, 5 de haricots, la courge et 3 des 6 piments.

– Parfois des plantes aux feuilles comestibles comme l’amarante (qui est le pire ennemi du maïs en monoculture) sont préservées pour servir d’aliment ou de fourrage.


(Ci-dessus – Milpa dans le Yucatan)

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Les trois sœurs des Iroquois et des amérindiens du Nord

Les Amérindiens voyaient aussi leur esprit comme trois sœurs qui aimaient rester l’une près de l’autre: l’esprit du maïs, l’esprit du haricot et l’esprit de la courge. Les plantes que ces esprits représentaient étaient considérées comme des cadeaux du Créateur. Selon la croyance iroquoise, ces trois plantes «sœurs » devaient vivre en symbiose. Certains prétendent qu’au clair de lune, elles prenaient des formes humaines féminines et dansaient à l’ombre des champs de maïs, chantant des louanges à leur mère, la terre.

Après les semences, ils priaient l’Esprit du tonnerre de ne pas brûler la terre et de donner aux trois sœurs toute l’eau dont elles avaient besoin. Plus tard, alors que la moisson était mûre, ils fêtaient la croissance des trois sœurs. A la pleine lune qui suivait, ils dansaient en l’honneur de la moisson. Le cycle de la vie était complété. Ce jour-là, les femmes chantaient: «Les trois sœurs sont heureuses parce qu’elles sont de retour à la maison après avoir passé l’été dans les champs».

Légende des trois sœurs

La légende raconte que ces trois sœurs inséparables vivaient dans un champ. La plus petite vêtue tout de vert rampait depuis sa naissance, la seconde portait une robe d’un jaune brillant, elle avait le don de se cacher du soleil ardent et du souffle du vent. La troisième des sœurs, était très grande et mince. Elle avait une posture d’une droiture incomparable. Sur ces épaules, elle portait un châle d’un vert pâle et sa longue chevelure blonde flottait au gré du vent. Les trois sœurs s’aimaient beaucoup, elles ne pouvaient s’imaginer un instant d’être séparer l’une de l’autre.

Un jour un étranger vint leurs rendre visite dans le champ. D’une allure fière comme l’aigle, ce jeune amérindien marchait d’un pas rassurant en direction des trois sœurs. On pouvait apercevoir dans son regard, la force et la sagesse de l’ours. Ses longs cheveux couleurs de jais, contrastaient avec la couleur de ses vêtements garnis de plumes de faisans et de dindes sauvages. Les sœurs étaient bien intriguées de le voir aussi près d’elles. Il portait sur son épaule, un carquois et des flèches. Il s’assit tout près d’elles afin de sculpter avec minutie des objets en bois avec un petit couteau taillé dans la pierre. Elles se demandaient avec une intense curiosité, ce qu’il pouvait faire à cet instant et où partirait-il la nuit venue. Vers la fin de l’été l’amérindien revint une nouvelle fois, mais lorsque la noirceur fût tombée à la fin de la journée, la plus jeune des sœurs avait disparu en même temps que lui.

Les deux sœurs avaient tellement de chagrin de la disparition de la cadette, qu’elles pleurèrent jusqu’à l’automne. Pour la seconde fois, l’homme revint ramasser des roseaux afin de fabriquer des flèches. Les deux sœurs épiaient avec admiration le moindre de ses gestes. Quand il passa près d’elles, elles s’émerveillèrent devant l’empreinte de ses pas laissée dans la terre fraîchement mouillée de rosée.

Le soir venue la seconde sœur disparût ne laissant aucune trace. Que de peine pour l’aînée qui se retrouvait seule au champ. Pendant plusieurs semaines elle resta là sans se cambrer malgré son immense chagrin. Chaque jour, elle appelait ses sœurs d’une voix remplie de tristesse en espérant les retrouver.

Lorsque le temps de la récolte d’automne arriva, elle sentit de nouveau la présence du jeune homme près d’elle. Il fût tellement attristé par les plaintes qu’il entendit, qu’il prit la troisième sœur dans ses bras et l’apporta chez lui. Que de joie elle eut quand elle vit ces deux sœurs en sécurité et à l’abri dans la demeure de l’amérindien. Ces deux sœurs lui expliquèrent qu’elles l’avaient suivi par curiosité et qu’une fois entrées à l’intérieur elles avaient aimé la chaleur confortable de cet endroit. Elles faisaient tout leur possible pour apporter de l’aide au jeune amérindien. Les trois sœurs avaient pour tâche de veiller à ce qu’il y ait toujours de la nourriture pendant la période hivernale. L’haricot la plus jeune des sœurs veilla à garder les casseroles pleines tandis que la courge séchait patiemment afin de garnir un repas au cours de l’hiver. L’aînée des sœurs le maïs apporta son aide pour broyer le grain afin de subvenir au besoin du jeune amérindien.

Caroleone
20 Novembre 2012

Source

Caroleone sur cocomagnanville.over-blog.com

Sources bibliographiques
Chichilan.org, bio-logiques.org, les moissons du futur MM. Robin sur arte ; pour le conte : création otsitsia.com

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Source globale du présent article, révision orthographe et ponctuation –
(Rectificatif : « Lao-Tseu » est corrigé par « Hippocrate »)

Delta de la Lyre

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