D’un cœur qui aime vers un cœur qui est aimé.

Te dire « je t’aime » ne suffit pas… parce que les mots deviennent finalement… seulement des mots, quand aucune parole ne vient leur donner vie, et quand aucun langage ne vient les ouvrir à leurs richesses secrètes… Non, te dire « je t’aime » ne suffit pas… L’Amour m’invite à offrir ces mots comme un premier jet de pinceau, et comme un premier effleurement sur les cordes d’une guitare… Je veux te dire la beauté de tes yeux, quand tu te perds dans la forêt de tes pensées, entre des sourires involontaires au passage d’une image ou à la remémoration d’un souvenir, et des plissements de paupières qui racontent des explorations intérieures dont je ne saurais rien d’autre, que ce que m’en diront tes petits rires aux sonorités pures comme le bonheur… la beauté de tes yeux encore, quand tu les écarquilles un peu devant un bouquet de fleurs qui comptent plus de roses que tes paupières ne comptent de cils…

Si les mots se transformaient en maisons… dans « je t’aime » tu verrais peut-être un beau chat à la robe soyeuse, ou encore des candélabres disposés comme les constellations dans le ciel… Je te ferais entrer dans mes bureaux personnels… où il n’y aura dans la bibliothèque que des livres de poètes, qui ont aimé comme des hommes et qui sont morts comme seul peut mourir le parfum d’une fleur qui fusionne avec l’immensité sans forme du ciel et de la lumière… Je te montrerais ma table de travail… et les feuilles éparses, dont certaines encore chaudes de la chaleur de mes murmures et de mes chuchotements… et sur chacune de ces feuilles, seulement des mots qui essaient de rendre compte de l’infinie richesse de l’Amour qui vit en moi… et qui a ton sourire pour visage… Et je te montrerais la fenêtre de mon bureau, fenêtre qui est tout ciel et tout jardin… J’ai appris ton nom à quelques colombes et à quelques hirondelles, et elles viennent de temps en temps à la fenêtre quand elles m’entendent penser… penser à toi…

C’est l’Amour qui me donne l’envie de te confier dans d’humbles mots, l’indicible de mon cœur… mais dire « je t’aime » ne suffira jamais… parce qu’on ne peut pas résumer l’Amour, de même qu’on ne peut pas dire l’espace illimité en désignant une étoile filante qui trace une route de feu au-dessus des nuages… L’Amour m’incline tout entier à me pencher sur ta main… mais ce ne sont pas tes doigts que je voudrais caresser, c’est ton cœur que je voudrais sentir en appliquant mon oreille dans le creux de ta main… Les battements de ton cœur résonnent dans mes oreilles, comme les joyeuses disputes des oiseaux qui s’échangent des lyriques d’arbres en arbres… Tel oiseau fait vibrer quelques sonorités aigues qui ressemblent aux sifflements des premiers âges, lors de la naissance des premières étoiles… tel autre oiseau répond en faisant saillir dans un seul trait de voix, le voyage solitaire d’une comète, d’un bout de la galaxie à l’autre… J’entends battre dans ton cœur toutes les vies que tu as vécues… et toutes les joies que tu as éprouvées… Et ce sont toutes ces vies et toutes ces joies que je voudrais embrasser…

Je voudrais te dire ta beauté… quand tu parles, et que ta voix résonne dans les cavités de mon cœur, comme la voix d’une cantatrice au sein d’une cathédrale silencieuse… Il y a plus de pouvoir dans le son chaleureux et légèrement chantant de ta voix, qu’il n’y a de pouvoir dans le chœur d’un groupe de moines cherchant le divin dans les aigus et les graves de leurs mélopées… Est-ce que c’est mon cœur qui est ainsi fait, que chacune de ses cellules s’ouvre à tout ce qui émane de tes yeux et de ta voix… comme un tournesol s’ouvre à la recherche du soleil qui flâne au-delà des nuages ? Mais tandis que le soleil demeurera à jamais dans les hauteurs du ciel, laissant la fleur à la crinière vive soupirer indéfiniment… toi… toi… tu te tiens à portée de regards… à portée de doigts… remplissant mes yeux et mon cœur… Quand tu me regardes, l’apparition la plus éblouissante d’un Ange passerait inaperçue… parce qu’il n’y a pas de lumière plus belle que la joie et la chaleur de ta présence… Je voudrais te dire « je t’aime »… mais c’est seulement là le premier mot de tout ce que j’aimerais te dire…

Maître Kessani (maître de pratique solaire).

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