En hommage aux victimes des attentats de Paris : Vous n’êtes pas morts.

le 16 novembre 2015.

Vous n’êtes pas morts… Je vous ai vus pendant que vous montiez à la rencontre de vos doutes et de vos certitudes, tandis que des Anges discrets vous encourageaient d’un hochement de tête, à ne pas vous retourner et à avancer vers la Lumière… Ils ont dit ici que vous étiez morts, morts de la main de la fureur de ceux que nos cœurs encore lourds aujourd’hui se refusent à nommer… Pour nous qui nous tenons là… un peu hagards parfois quand nous laissons l’étonnement et la stupeur nous écarquiller encore les yeux et nous ouvrir encore la bouche… il sera peut-être long, le chemin du pardon, et peut-être même qu’il n’y a aucun pardon possible devant la fureur de certains… Je ne veux pas me cacher derrière le mince filet de quelques convictions, et croire que le pardon est à la portée de quelques entortillements de pensées et de réflexions… Parfois le pardon n’a pas l’évidence dont il peut se revêtir dans un esprit… quand on n’a pas été soi-même touché dans sa chair… C’est vers vous, et seulement vers vous que je regarde… et je ne peux voir rien d’autre que le drapé un peu vaporeux que vous laissez derrière vous, tandis que vous entrez dans la Lumière…

Vous n’êtes pas morts… Mais je ne veux pas dire cela comme on déclame quelques éclairs de modeste métaphysique, quand on se sent fort de grandes certitudes avec quelques frémissements d’expériences spirituelles… Quelques fois, nous devons mettre de côté ce que nous croyons avoir compris et intégré, et nous abandonner sans résistance à l’émoi de notre cœur, et à ce mouvement naturel qui fait que nous inclinons la tête et que nous mettons notre main sur le cœur… confiant secrètement à Dieu… à l’Eternité… le marmonnement que nous scandons dans nos soupirs… Vous savez, beaucoup d’entre nous se sont surpris à prier, alors que nous avions presque oublié le goût d’éternité qui se dégage de la prière, quand une prière émane d’un cœur un peu blessé, un peu meurtri, un peu endolori… mais qui s’incline cependant avec confiance vers le visage immense de la Vie… Quelques-uns d’entre nous vous ont envoyé de la lumière, ignorant que c’est vous qui nous envoyez de la Lumière, maintenant que vous vous tenez dans la présence des Anges… et que vous voyez s’effacer peu à peu de votre cœur, les traces superficielles des turpitudes de la vie physique que vous venez de quitter…

Vous n’êtes pas morts… Je peux vous voir, alors que vous découvrez comme des enfants émerveillés, les grandes allées blanches et les grands cyprès aux troncs étincelants des Jardins de Lumière… Certains d’entre vous ont été surpris de se retrouver si rapidement dans la Lumière, alors qu’ils venaient seulement, quelques moments auparavant, de goûter une énième fois aux joies et aux insouciances de ce monde… ayant à peine eu le temps de comprendre quel était ce crépitement assourdissant et quels étaient ces sifflements cinglants qui fendaient les airs… D’autres parmi vous se sont bien vite rappelées quelques images flottant dans leur esprit, et héritées de quelques lectures et de quelques conférences… peut-être de quelques songes et de quelques rêveries… J’ai vu les Anges… On croit toujours que les Anges accompagnent ceux qui partent dans la Lumière… Mais j’ai vu les Anges, et ils restaient là… parmi nous, invisibles et discrets, en train de déployer leurs grandes ailes de lumière autour de nous… Oui, j’ai vu les Anges, et c’était les Anges de la consolation, et c’est nous, qui nous tenons encore là… un peu dans l’incompréhension, en proie à quelques pensées un peu confuses… c’est nous que les Anges sont venus réconforter… Vous n’êtes pas morts, puisque je peux discerner votre sourire à travers la clarté du jour, et à travers le clignotement des étoiles…

Maître Kessani (maître de pratique spirituelle).

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