Lisez avec votre coeur.

Qui me dira ce qu’est l’Amour ? J’ai vu des hommes ramper jusqu’au bord de l’abîme, avançant avec une prudence infinie, puis se relever et faire un pas dans le vide… parce que quelque mirage leur était apparu dans la gloire et dans l’obscurité… J’ai vu des hommes reculer encore et encore, serrant les poings et créant entre leurs dents des roulements sourds de tonnerre et de fureur… parce que l’ombre de l’Amour s’étirait devant eux, et qu’ils n’en comprenaient pas la lumière et la chaleur… Une ombre ne doit-elle pas toujours être sombre ? Montrez-moi l’ombre du soleil sur le sol… et peut-être que l’envers de l’Amour sera autre chose qu’une autre forme du sourire et de la vie… Qui saura ce qu’est l’Amour… s’il n’a pas encore trouvé l’infini de la Joie derrière le sourire d’émerveillement d’un cœur qui essaie de se prolonger lui-même afin de s’écouler plus loin que la rivière… ?

J’ai vu des hommes danser sous la lueur de la lune… et danser les yeux fermés et les pas effrénés… puis j’ai vu ces mêmes hommes battre des mains sur leur poitrine, et rallumer le feu qui ne s’est jamais éteint dans le cœur volcanique de leur âme… Oui, j’ai vu ces hommes… se mettre à briller comme des étoiles au sein de la nuit, et les regarder était comme regarder le soleil… le puissant soleil des grands étés… derrière la fine membrane des paupières closes… Pourquoi l’Amour serait-il autre chose que la vie de l’âme brûlant au sein de la vie qui respire et qui bat… cette vie qui clame à l’infini sa joie et son émerveillement… ? Ne dites rien de l’Amour, tant que l’Amour ne sera pas venu de lui-même déposer une braise ardente sur votre langue… et ne dites encore rien de l’Amour, tant que l’Amour n’aura pas fait couler de la lave incandescente jusqu’au centre de votre poitrine… Appelez donc l’Amour… comme s’il était un feu couvant dans les profondeurs de votre âme… et l’Amour vous répondra…

Maître Kessani (maître de pratique spirituelle).

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