Déclaration de ma candidature à l’élection présidentielle..
Samedi 13 Février, palais des congrès, Brazzaville.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs
Chers compatriotes,
Chers frères et sœurs,
Distingués invités

Vous comprendrez mon émotion de me retrouver en cette circonstance particulière dans cette enceinte naguère appelée Palais des congrès où l’on entend encore, comme un murmure, tous les messages de la Conférence Nationale Souveraine, moment décisif de l’histoire de notre pays, où des générations entières, au nom d’un Congo nouveau et d’un meilleur rêve posaient les jalons d’une espérance aujourd’hui trahie.
Je pense en ce moment, à Monseigneur Ernest KOMBO qui à chaque instant de reprises des travaux dans la grande salle voisine, me disait toujours : « Que Dieu protège ce beau pays ».
Je n’oublie pas mon frère et aîné Jean-Pierre THYSTERE TCHICAYA, qui un jour, excédé par le récit et les témoignages insoutenables liés aux pratiques du parti unique, s’est écrié, les larmes aux yeux : « Plus jamais cela ».
Ils sont pour la plus part partis rejoindre les leurs, c’est-à-dire nos premiers bâtisseurs. Je pense à l’Abbé Fulbert YOULOU, Jacques OPANGAULT, Félix TCHICAYA, Stéphane TCHITCHELE, Alphonse MASSAMBA-DEBAT, et Marien NGOUABI.
Au moment où je décide, moi aussi, de porter devant vous, ma part de rêves pour ce pays, je croise les regards dans les couloirs de cette même enceinte de mes ainés comme le vieux Yacinte BAKANGA, David Charles GANAO, André MILONGO, Stéphane BONGO NOUARA, Bernard KOLELAS, Augustin POIGNET, Ambroise NOUMAZALAYE et tant d’autres.
Mes Chers compatriotes,
Depuis plus de quarante-cinq ans, l’histoire du Congo est jalonnée de tragédies récurrentes, de violences politiques aveugles dues essentiellement à l’action de notre classe politique qui privilégie ses intérêts au détriment du peuple.
Dans cette mésaventure, notre peuple a perdu des milliers de vies humaines, une qualité innommable de biens matériels. Mais bien plus grave, notre pays y a perdu son honneur, son identité, son âme, et la foi en son devenir, bref sa dignité.
• Le retour insidieux de la pensée unique et du Parti-État :scation du pouvoir par le Parti-État, et à la faveur de la chute du communisme, notre peuple fidèle à sa tradition de lutte contre l’oppression, dans un sursaut national salutaire, a imposé la tenue de la Conférence Nationale Souveraine en 1991.
Ce haut moment de notre histoire récente affichait à la face du monde la volonté et l’ambition du Congo d’aller droit et sans retard vers la réalisation de ses idéaux de liberté, de progrès, de justice et de développement dans la démocratie pluraliste.
La force publique, dans un esprit républicain, a pesé de tout son poids pour assurer et garantir une transition sereine et pacifique qui s’est conclue par l’organisation d’élections libres, transparentes, crédibles et unanimement reconnues.
Vingt quatre ans plus après, le Congo a malheureusement renoué avec les vieux démons de la mauvaise gouvernance et se retrouve devant une impasse qui requiert un nouveau sursaut national.
En effet, le climat politique actuel est marqué par :
• Le retour insidieux de la pensée unique et du Parti-Etat :
• L’organisation d’élections non transparentes :
• La résurgence du climat de peur malicieusement entretenu par des discours haineux et discrets, d’une caste politique en mal de légitimité agitant sans vergogne le spectre de la guerre :
• Le repli identitaire et clanique de plus en plus marqué dans les la gestion des affaires publiques :
• L’émergence d’une oligarchie égoïste et dispendieuse qui contrôle tout, confinant l’écrasante majorité de la population dans un océan de misère :
• L’aggravation de la pauvreté des populations qui contraste avec l’opulence insolente de ceux que le peuple appelle ironiquement les nouveaux riches :
• Pour le soldat que j’ai été, un constat amer : Une force publique qui connait une érosion accélérée de ses valeurs républicaines.
Autant de signes qui montrent la nécessité d’un nouvel ordre politique.
Mes Chers compatriotes,
Face donc au désarroi et au désespoir de notre jeunesse, qui ne voit plus son salut que dans le mirage d’une expatriation souvent illégale :
Face à l’accentuation de la pauvreté de nos sœurs, de nos mères réduites à la survie :
Face à l’humiliation de nos pères contraints à la mendicité au crépuscule d’une vi souvent de dur labeur :
Face a la fracture sociale béante qui divise le Congo entre nantis et démunis :
Face aux sollicitations pressantes de nombreux compatriotes de tous horizons et des forces de progrès.
J’ai décidé de prendre le parti du peuple, en me portant candidat à l’élection présidentielle du 20 mars 2016.
APAISER, RASSURER, RASSEMBLER telle est la ligne directrice de l’action que j’entends mener si le peuple me fait confiance.
Je le ferai confiant dans le génie créateur du peuple et dans sa combativité. Le temps du devoir et de la responsabilité a sonné pour tous. Il exige une véritable prise de conscience citoyenne à tous les niveaux et un engagement sans faille. Le repli identitaire, le sectarisme, le communautarisme nous ont conduit là où nous sommes, c’est-à-dire vers le déclin de la Nation congolaise.
C’est pourquoi, je demande à toutes les filles et tous les fils du Congo de se joindre à moi pour la reconquête des valeurs morales et éthiques qui ont longtemps fait la fierté de notre peuple, le prestige et la renommée de notre pays.
Je demande à la jeunesse abandonnée, aux femmes accablées, aux cadres ignorés et exclus, aux entrepreneurs, aux fonctionnaires et travailleurs délaissés, aux paysans marginalisés, à l’ensemble de nos communautés diverses, de se rassembler pour projeter l’avenir, ensemble.
Projeter l’avenir, pour moi c’est :
1. Restaurer l’autorité de l’État bafoué et privatisé :
2. Impulser une dynamique de rupture d’avec les mauvaises pratiques et de changement des mentalités :
3. Défendre l’unité nationale menacée :
4. Garantir la paix et la sécurité des biens et des personnes sans discrimination :
5. Rendre à la force publique sa dignité et son caractère national .
Projeter l’avenir, c’est enfin engager la jeunesse et tout notre peuple dans le chemin de la reconstruction nationale, dans la voie de la dignité par le travail et le mérite.
Je ne terminerais pas cette déclaration sans me tourner vers mes compatriotes qui sont à l’étranger.
A tous les Congolaises et Congolais de la diaspora, j’ai envie de leur faire la promesse qu’en son temps, Victor Hugo, disait a ses amis, de son exil : « Je ne rentrerai au pays que lorsque la liberté rentrera ». Je me suis engagé, mes chers compatriotes, pour également préparer le retour de cette liberté confisquée, voila pourquoi je vous demande d’espérer.
Mon ambition est de rendre au Congo la foi en son devenir, son honneur, sa dignité et la fierté d’appartenir à une Nation respectée.
Vive Le Congo !
Vive la République !
Jean Marie Michel MOKOKO

Jean Marie Michel Mokoko