Ce n’est jamais le temps qui passe… Vous vous tenez au milieu du courant du temps, comme un objet en chute libre se tient entre le néant d’en haut et le néant d’en bas : si l’objet avait des yeux tout autour de lui, il ne se verrait pas en train de tomber, mais il verrait les mondes défiler sans jamais ralentir… et toujours dans la même grande direction… Mais voici : ce n’est pas un objet qu’il faut se représenter… mais un oiseau… un oiseau dont les ailes s’étendent à l’infini de part et d’autre de sa volonté et de son désir, un oiseau dont les ailes ne servent pas à voler, mais à prendre la mesure du défilement des mondes par ses battements… Quand les ailes battent lentement, les mondes semblent défiler à des vitesses vertigineuses… mais quand les ailes battent avec la célérité de la lumière, les mondes semblent prendre leur temps, et s’éloigner comme une procession religieuse qui donnerait l’impression que vous pouvez la rattraper à tout moment…

Il ne faut pas se représenter le temps comme un fleuve… parce que vous êtes un oiseau, et les oiseaux se meuvent en amont et en aval du fleuve, et c’est seulement le miroitement de leur image qui sillonne la surface des eaux… Si le temps était un fleuve, alors vous pourriez sauter d’un tronc qui flotte négligemment à la surface des eaux, à la pierre qui se fait lisser à la frontière de la berge… Vous pourriez vous élever jusqu’à ce que le file de l’eau perde le tremblotement de votre image, et jusqu’à ce que vous vous confondiez avec la clarté vive du soleil… Vous pourriez plonger dans les eaux du temps, et remonter à la surface et vous élever de nouveau dans les airs, avec au bout des plumes quelques gouttes du passé, et au bout du bec quelques gouttes du futur… Le présent n’existerait pas, parce que vous ne seriez pas comme une feuille encore verte qui flotte et qui dérive à la vitesse du courant… le présent ne saurait rien retenir d’autre, sinon le reflet libre et fugace de votre envol… le reflet de vos ébats sans limites dans le ciel…

Mais le temps n’est pas un fleuve… Le temps est comme l’espace vide, sans être ni espace ni vide, mais c’est l’espace vide qui est une image de la quintessence du temps… Vous êtes un oiseau dans le vide, et tandis que vous tombez du néant d’en haut vers le néant d’en bas… on pourrait tout aussi bien comprendre que vous êtes propulsé de l’infini d’en bas vers l’infini d’en haut… Ne vous fiez donc pas aux limites de l’image, essayez de rassembler toutes vos pensées dans un grand bouquet d’incertitudes et d’interrogations, dans un grand bouquet de croyances et de convictions… et laissez la Joie brûler ce grand bouquet, jusqu’à ne rien en laisser… pas même de la cendre et de la fumée… Vous essayez de battre des ailes… et vous le faites quand vous essayez de revenir dans le passé : afin de revivre ce qui a fait chaviré votre cœur, afin de changer ce qui a blessé votre cœur… et vous le faites encore quand vous essayez de bondir dans le futur : afin de découvrir ce que le monde sera au sein d’une nouvelle lumière et d’un nouvel esprit, afin d’échapper à la monotonie du présent et de danser dans le dépaysement des grands demains… Vous essayez, et si vous n’y parvenez pas, ce n’est pas faute à un manque de science ou de pouvoir…

Dans le vide, rien ne viendra supporter vos ailes, et vous ne pouvez pas danser dans les airs à la manière d’un navire muni de grands-voiles… La vérité est que c’est la Joie qui vous propulse : de l’infiniment vivant vers l’infiniment lumineux… de l’infiniment mystérieux vers l’infiniment glorieux… Le temps ne passe pas, parce que le temps est comme un espace absolu et vide : il est seulement rempli de la Joie du Divin… et cette Joie n’est pas substance, elle transcende la substance et l’absence de substance… elle est avant la matière première qui a servi à modeler les mondes et les êtres… Les mondes sont des sphères absolument fixes dans l’infini… et ce ne sont pas les mondes qui défilent : c’est vous qui êtes propulsé depuis le néant duquel le Divin vous a tiré, vers la plénitude à laquelle le Divin vous destine… C’est le secret du temps qui passe, car le temps ne passe pas : c’est vous qui êtes mis en mouvement par la puissance de la main du Divin… c’est vous qui êtes propulsé du néant vers l’absolu, de l’infiniment rien à l’infiniment divin…

Et cependant… vous demeurerez immobile dans le temps, si vous ne respirez pas au rythme de la Joie… si vous n’embrassez pas par vous-même l’élan perpétuel que vous imprime la main du Divin… Voyez : le temps signifie seulement l’infiniment possible, l’infiniment ouvert, l’infiniment perfectible… Et si vous êtes propulsé, ce n’est pas comme un bolide dans les airs… mais comme un poussin dans un nid : le soleil et la brise viennent constamment nourrir la force de ses frêles ailes… et la nuit et la fraîcheur viennent constamment renouveler le souffle de ses narines… Mais si l’aiglon n’embrasse pas l’horizon infini avec son cœur, il restera une petite boule de poils et de plumes au fond du nid… Il n’y a pas de magie à l’œuvre dans le temps… pas de magie qui ferait de vous, sans la participation de l’élan permanent de votre cœur, un oiseau d’envergure qui s’épanouit au milieu des étoiles… Ressentez le secret du temps qui passe : c’est la douce stimulation constante qu’exerce sur votre cœur : la main infiniment puissante du Divin…

Kessani Iwen (énergéticien).

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Kessani Iwen (énergéticien), Publication By L.b