En enquêtant sur les causes de la dépressurisation récente de la sonde Soyouz MS-09, les membres de la commission spéciale de Roscosmos, l’Agence spatiale fédérale russe, sont arrivés à la conclusion que les astronautes étasuniens auraient pu percer intentionnellement un trou dans le revêtement pour faire revenir sur Terre leur collègue malade avant la date prévue.

Roscosmos a demandé à la NASA de fournir les rapports de santé des astronautes étasuniens et les données de leurs caméras vidéo. Les chances d’obtenir ce genre d’informations sont extrêmement faibles, car elles sont considérées comme un secret médical.

Si cette version de l’incident est confirmée, les relations russo-étasuniennes risquent de sombrer dans de nouveaux abysses. Dans le contexte de l’aggravation des relations entre les deux pays, l’espace était jusqu’à présent resté pratiquement le seul domaine où il était possible de maintenir une coopération fructueuse entre la Russie et les États-Unis.

Les fonctionnaires de Roscosmos ont refusé de commenter la version susmentionnée. Vladimir Ustimenko, porte-parole officiel de l’entreprise d’État, a déclaré que Roscosmos n’avancerait aucune hypothèse avant que la commission spéciale ne dévoile les résultats de ses travaux.

L’incident à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS), s’est produit le 30 août, quand la pression dans le vaisseau Soyouz amarré a commencé à chuter. L’équipage a trouvé un petit trou dans la coque de l’engin spatial et a résolu le problème à l’aide de résine époxy. Le 31 août, les astronautes ont renforcé le patch avec une couche d’enduit supplémentaire.

Quelques jours plus tard, les représentants de Roscosmos ont déclaré que la dépressurisation du vaisseau spatial était due à un défaut de fabrication. Russian Space Corporation Energia a lancé une enquête interne sur l’incident, avec la participation d’une commission spéciale de Roscosmos.

Le 4 septembre, le chef de Roscosmos, Dmitri Rogozine, n’a pas exclu la possibilité d’un sabotage de l’ISS. Le cosmonaute Maxim Suraev, qui a passé 167 jours à bord de l’ISS en 2014, a soutenu cette hypothèse. Selon lui, « Quelqu’un là-bas était peut-être très fatigué de rentrer, et ils ont voulu revenir plus tôt. Ils ont percé un trou, et s’il n’avait pas été découvert, l’équipage serait revenu sur Terre avant la date prévue. »

La veille, Dmitri Rogozine a déclaré aux journalistes du Forum économique de l’Est, à Vladivostok, que les résultats de l’enquête menée par la commission spéciale de Roscosmos n’avaient pas fourni une image objective de ce qui s’était passé. « La situation s’est révélée beaucoup plus compliquée que prévu, » a reconnu le dirigeant de l’entreprise d’État.

On pense pour le moment que le trou dans le revêtement du vaisseau Soyouz est apparu après l’amarrage du véhicule à l’ISS. Des traces montrant que quelqu’un a fait plusieurs tentatives de perçage, ont été trouvées autour du trou. Le foret peut laisser ce genre de traces sur la coque de l’engin spatial quand il est utilisé dans le vide.

Le Soyouz s’amarre à l’ISS près du module ‘Dawn’, à côté du sas donnant sur la partie étasunienne de la station. On ne peut accéder au vaisseau spatial qu’avec la permission du commandant, mais on peut aussi y entrer secrètement. La mission de contrôle aurait ordonné au commandant de l’équipage russe de ne pas laisser les spécialistes étasuniens aller dans la partie russe de l’ISS sans son autorisation.

Il y a actuellement six personnes à bord de l’ISS : Andrew Feustel, Richard Arnold et Serena Aunon-Chancelier (tous citoyens étasuniens), Alexander Gerst (Allemand), Oleg Artemiev et Sergei Prokopiev (Russes).