Témoignage public ultime : Partie 1 : Qu’est-ce que la Réalisation? Des efforts sont-ils nécessaires?

Fin janvier 2020 Bernard dans un de ses messages m’annonçait que lors de ma prochaine visite, il en profiterait pour accorder un dernier témoignage public, avec trois autres chercheurs très proches, dont il voulait bien qu’il soit filmé, afin que le film soit vu par les chercheurs sincères qui le désireraient. Et il ajoutait :

« Le samedi premier Février 2020,ce sera mon dernier témoignage public … Pourquoi ?J’ai tout dit sur mon cheminement, ma Passion, et mon expérience du But ultime…

Pourquoi continuer de répéter sans cesse les mêmes paroles ?Je ne suis ni un Guru, ni un conférencier, heureusement !Témoigner n’est pas un métier mais un geste d’Amour et je l’ai accompli avec tout mon Amour parce que je vous Aime !Pour achever mon Témoignage et parce que j’ai entendu des horreurs sur YouTube en voulant rechercher des petits films ou vidéos sur RAMANA et NISARGADATTA, je voulais préciser encore une fois et j’espère avec des mots nouveaux certaines particularités de la recherche que certains “éveillés” salissent au quotidien…
Ils n’ont pour excuse que leur ignorance et devraient se taire car le chemin vers la RÉALISATION, et non l’éveil , est quelque chose de très sérieux…Le But ultime de notre recherche est une Merveille que j’essaie depuis plus de 20 ans de décrire au mieux mais nos pauvres mots restent impuissants et c’est finalement normal »

Ce témoignage a donc eu lieu le Premier Février 2020 en présence seulement de 4 chercheurs très proches de Bernard . Il sera donc en partie monté sur un film par deux d’entre eux spécialisés en cette matière, et de mon côté je tenais à en faire partager l’essentiel sur ce site dédié à Bernard. Ce témoignage avec ces 4 chercheurs qui seront nommés dans le texte C1, C2, C3, C4, s’est déroulé sur plusieurs heures et sera pour la commodité du lecteur expurgé des points trop intimes et partagé en plusieurs parties numérotées regroupées sous un thème.

Il va sans dire que ces textes ont été soumis avant parution à Bernard et qu’il les a approuvés vivement en disant justement à quel point ce pouvait être un trésor pour certains chercheurs.
Bernard a également fortement insisté et je me dois de le signaler, sur le fait :
QU’EN AUCUN CAS TOUTES LES PAROLES EXPRIMÉES PAR LUI N’ÉTAIENT : « UN ENSEIGNEMENT ».

Je sais d’ailleurs depuis que je le connais à quel point il a horreur de ce mot, qui évoque tant pour lui toutes les contraintes qui ont été imposées aux chercheurs. Il pense à juste titre et surtout à notre époque, qu’un bon nombre des interventions et des écrits sur la recherche spirituelle, est essentiellement produit pour convaincre et faire des adeptes.
Il ne s’est jamais situé à ce niveau qui lui est intrinsèquement étranger et m’a toujours dit qu’il consentait à ce que je relate ses dires, à la condition de préciser qu’il s’agissait d’un TÉMOIGNAGE, qui en aucune façon n’avait pour but de convaincre qui que ce soit.
Étant moi-même proche de lui depuis pas mal d’années maintenant, je peux témoigner à mon tour que ceci est profondément vrai et j’ai souvent écrit à quel point j’avais éprouvé en sa présence un tel sentiment de respect et de liberté, sans me sentir à aucun moment aliéné à un mode de pensée quelconque.
Cette liberté extrême peut d’ailleurs décontenancer dans un premier temps car elle est vertigineuse et oblige le chercheur à se prendre totalement en charge.
Mais je dois ajouter que si aucun enseignement n’est donné, en revanche l’Amour lui, n’est même pas donné : il coule à flots ! De ce fait, que l’on s’en rende compte ou pas, ces paroles de témoignage sont un cadeau précieux de sa part, qui je l’espère sera entendu à sa juste valeur. De tout cœur et bonne lecture : Alain.

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C1 : On entend parler de la Réalisation du Soi : qu’est-ce que c’est la Réalisation du Soi ?

Bernard : Je ne sais pas ! (Rire général). C’est vrai que je n’aime pas appeler cela le Soi car pour moi ça ne parle pas beaucoup ! D’ailleurs vous le savez ! Je préfère appeler cela LA BASE. C’est comme ceux qui disent qu’ils méditent sur le Soi : je ne sais pas comment ils font ! C’est en effet une appellation comme une autre, mais je préfère appeler cela LA BASE. Réaliser LA BASE . J’allais dire : Réaliser notre Vraie Nature, mais ça je ne le dis plus non plus, à cause de ce que j’entends sans arrêt, que l’on est déjà LA BASE, que c’est déjà là. Oui bien sûr on en provient. LA BASE qui est la Vie dans sa totalité crée les vies particulières, mais pour qu’une vie particulière existe il faut qu’elle sorte de LA BASE et qu’elle arrive dans un espace-temps, à partir de ce moment-là elle n’est plus dans LA BASE. C’est facile à comprendre quand même !
On continue de dire pourtant que l’on est déjà dedans…On en provient oui mais on en est sorti pour faire une existence particulière, une vie particulière dans un espace-temps, et il reste en nous quelques traces (pour certains pas mal !) qui nous rappellent nos origines, mais il va falloir faire le chemin inverse pour pouvoir y retourner. C’est pour cela que j’utilise l’image de la poupée de sel de Ramakrishna (il ne l’employait pas pour cela lui ) mais moi je l’emploie comme cela pour le retour. Elle est sortie, elle en provient, mais il va falloir qu’elle fasse le chemin inverse pour y retourner Et pour Réaliser cette Base ou LE Soi (il y a plusieurs noms bien sûr) il va falloir qu’elle plonge dedans. Il faut qu’elle y aille dedans : ça ne se fera pas tout seul, contrairement à ce que l’on entend beaucoup maintenant ! Evidemment la poupée de sel qui plonge dans l’océan, vous imaginez ? Et bien c’est ce que vous allez faire de toutes façons…

C2 : Mais tu dis que ça ne se fera pas tout seul, alors comment cela peut-il se faire ?

Bernard : Par la Recherche !

C2 : Oui mais comment cela peut-il se faire de retourner…

Bernard : Comme vous êtes en train de le faire j’espère tous les jours et depuis pas mal d’années ! Vous vous donnez du mal et vous cherchez et pour moi c’est différent selon chaque personne, personne n’a besoin des mêmes conseils, des mêmes pratiques. On entend même sans arrêt qu’il n’y a pas besoin de pratiques, eh bien qu’ils ne fassent rien et puis on verra ! Pour moi non ! Encore une fois ce n’est pas un enseignement que je donne, je témoigne et dans mon parcours, on ne peut pas dire que je n’ai rien fait ! (Rires) Rien faire…Moi je réponds : IL FAUT TOUT FAIRE !
Mais que signifie ce « Tout faire » ? Je vous ai déjà expliqué tout cela : c’est selon chaque personne en fait. Mais il faut d’abord savoir pourquoi on cherche surtout. Tout simplement parce que la vie est nulle ! Elle finit : c’est quand même triste ça ! Il n’y en a pas beaucoup qui s’interrogent là-dessus ! Moi je trouve que c’est nul la vie et on ne va pas dire que c’est formidable ! D’un autre côté bien sûr je dis que c’est magnifique et qu’il y a des choses magnifiques, mais en réalité la personne, quoi qu’elle fasse, (et les trois quarts des habitants de cette pauvre planète en bavent quand même) finira entre quatre planches ! Vous en avez vu en Inde il y en a pas mal quand même, dans les pays pauvres où c’est très dur….

C4 : Alors oui mais une question que l’on peut se poser, c’est pourquoi LA BASE s’est-elle démultipliée dans quelque chose d’aussi nul et pénible ?

Bernard : Parce que toi tu vois un but et une raison, mais c’est pour rien bien entendu !

C4 : Pour rien donc ?

Bernard : Evidemment : tout ce qui est Vrai est pour rien ! On a besoin pour vivre, pour avancer, de faire quelque chose pour quelque chose en fin de compte, On fait le travail pour pouvoir vivre etc…Donc on pense que le monde a sûrement une raison d’être et un objectif. Eh bien non ! Le monde n’a pas conscience d’être, ce n’est pas un intellect.

C4 : Donc c’est automatique : LA BASE d’elle-même se démultiplie. Elle ne peut pas faire autre chose en fait.

Bernard : LA BASE donne la vie pour rien ! C’est sa nature ! C’est comme d’aimer, le véritable Amour ce n’est pas pour quelque chose. Si c’est pour quelque chose ce n’est pas l’Amour. On en a parlé hier et on en reparlera car j’ai oublié de le préciser. L’amour particulier, qui n’est pas à blâmer bien entendu, il fait ce qu’il peut, mais il est limité parce qu’il va s’arrêter. Cet amour particulier, limité vient quand même de LA BASE qui est l’Amour total. J’en reparlerai s’il y a une question là-dessus, et ça c’est la merveille bien sûr !

C3 : Vous dîtes Bernard que l’on est la poupée de sel qui provient de l’océan, et pourtant beaucoup affirment que l’on est déjà ce que l’on cherche, que c’est notre véritable nature, que l’on est déjà ce que l’on cherche. Alors qu’il y a la poupée de sel d’un côté et puis il y a l’océan.

Bernard : (riant : il fait exprès !) Eh bien bonne chance à ceux qui disent cela et puis on verra ! Mais il me semble que je viens de l’expliquer cela …

C3 : Quelque part je le vis comme une contradiction entre ceux qui affirment que l’on est déjà ce que l’on cherche, qu’il n’y a rien à faire puisque c’est déjà là et puis ce que vous nous dîtes là aujourd’hui, c’est-à-dire que la poupée de sel, elle provient de l’océan mais qu’elle n’est pas l’océan. Il y a donc bien un chemin à faire pour que la poupée de sel rejoigne l’océan, qu’elle a été jadis certes mais qu’elle n’est plus !

Bernard : C’est évident ! je ne devrais même pas avoir besoin de l’expliquer. Pour qu’une vie particulière prenne vie (c’est le cas de le dire) elle vient de la Vie totale, qui elle est évidemment sans limites et produit les vies particulières. Mais pour que la vie particulière devienne particulière, elle ne peut pas rester dans le non-manifesté. Pour se manifester il faut bien qu’elle sorte de cela, pour nous c’est la terre et bien elle est sur la terre, ce n’est pas le même endroit, c’est tout ! Elle se débat dans le monde, y vit, est malade et ensuite meurt ! Et puis il y a quelques personnes, il y en a pas mal, qui se mettent en recherche et certains Réalisent, cependant c’est tellement vilipendé que j’ai l’impression qu’il y a pas mal de confusion…
Mais après avoir regardé internet, je me dis que maintenant c’est simplement comme ça : il y a de tout. Je suis allé sur You Tube depuis ma télé dans mon fauteuil et puis j’en ai vu !!! (rires)…Une belle canadienne blonde mignonne avec l’accent et tout c’est joli mais ça m’a fait mal quand même ! Elle dit par exemple que nous sommes tous Réalisés mais que la plupart ne le voit pas. Alors tu te dis que si un jour ça lui arrive de Réaliser, elle va voir que l’éléphant dont parlait Ramana ce n’est pas une connerie ! Être Réalisé sans l’avoir vu (moue dubitative) …Moi j’étais là(montrant l’endroit où il est tombé en Réalisant).

C4 : Oui justement ce que tu dis est important car il y a beaucoup de pseudo réalisés en ce moment…

Bernard : Remarque je suis content parce qu’eux ils disent éveillés, et moi je n’ai jamais utilisé ce mot, parce que je ne dormais pas avant de Réaliser…(en riant)

C4 : Il y en a beaucoup en ce moment (et j’en ai encore entendu un récemment) qui disent que la Réalisation c’est différent pour chaque personne, et que pour lui notamment (celui dont je parle et tairai le nom) il déclare qu’il n’a rien ressenti de spécial, mais qu’il a compris après-coup qu’il avait Réalisé

Bernard : Il a eu une compréhension après ?

C4: Oui ! C’est comme si la Réalisation n’avait même pas été remarquée et que par la suite il s’est rendu compte qu’il avait Réalisé, ceci n’a donc pour toi aucun sens ?

Bernard : Eh bien écoute c’est son truc, moi je ne comprends pas mais en tout cas je n’ai absolument pas l’expérience qu’il dit, moi je ne parle que de mon expérience : confirmée par Ramana ce qui me fait plaisir quand même, puisqu’il dit que la Réalisation c’est comme un éléphant qui rentre dans une hutte, et moi j’avais même rajouté : un troupeau ! Mais « ne rien se passer » non ce n’est pas possible :il n’y a pas plusieurs Réalisations, c’est la façon d’en parler qui change. Les gens vont en parler avec leur culture, avec leur chemin et tout cela est normal.

De toutes façons dès que l’on se met à en parler CE N’EST JAMAIS CELA. Je te l’ai déjà dit et j’essaie toujours de chercher comment le dire, mais ce n’est jamais ça ! Même tout ce que je vous dis là en ce moment ce n’est encore pas tout à fait ça. Moi je suis en train de parler comme je le fais mais ma VRAIE NATURE NE PARLE PAS ! C’est tout bête de dire ça mais t’as vu on en parlait hier et j’essaie de chercher le mot qui va être plus juste et tout ça, et malgré tout on n’y arrive pas.


Partie 2 : Différence entre individu et Être Réalisé.

C2 : Bernard est ce que du coup ce serait possible de parler de ce qui se passe dans la Réalisation et de ce qui se passe dans l’individu ? Pourquoi les gens confondent-ils comme ça ? Parce qu’il y en a peut-être qui sont honnêtes et qui se racontent des histoires de manière honnête en croyant avoir Réalisé, mais toi est ce que tu pourrais nous partager ce qui fait vraiment la différence

Bernard : Entre quoi alors ?

C2 : Entre un individu encore identifié et un être qui est Réalisé ?

Bernard : (Silence) …C’est tellement énorme que je ne sais pas comment le dire autrement…..Eh bien c’est moi avant c’est-à-dire Bernard dans son corps, comme un individu normal comme tous ceux que vous connaissez, qui aspirait fortement au BONHEUR, ce paradis dont on me parlait tant enfant, qui change de nom au cours de la recherche bien entendu, le paradis ne s’appelle plus comme cela et puis à la rencontre de Ramana, moi qui étais jusque-là très chrétien, j’ai compris que je pouvais trouver cela maintenant.
C’est une bonne nouvelle extraordinaire : je n’ai pas besoin d’être mort, d’être jugé, et puis enfin toutes ces croyances qui vont avec et qui avec le temps et la passion tombent…Alors on continue de chercher et après on lit qu’il faut se désidentifier, que l’on n’est pas que le corps et l’on prend tout cela.
Mais il n’y a pas à chercher à se désidentifier, car ça tombera tout seul cela, avec la ferveur de la Recherche. Ce que l’on recherche, ce qu’ils appellent notre Vraie Nature, c’est quoi ? C’est ce que j’appelle LA BASE, qu’en Inde ils appellent l’Atman me semble-t ’il, LE SOI. Je le répète mais j’aime bien le mot LA BASE parce que c’est de là que l’on vient, c’est ce qui donne la vie à tout ce qui est particulier autour de nous et puis ailleurs, tout l’univers en provient. Notre Vraie Nature c’est cela et Réaliser LA BASE c’est la poupée de sel qui tombe dans l’océan. Je ne vais pas dire : la personne que l’on a cru être car pour moi ce n’est pas une erreur, j’insiste bien là-dessus, puisque là-dessus on n’entend que le contraire et ce n’est pas mon expérience.

L’individu dans son corps et dans le monde existe pour moi. Je veux bien qu’en Inde ils disent que c’est irréel, mais je préfère dire temporaire et j’insisterai toujours là-dessus tant que je pourrai. Vous qui êtes allés en Inde : si vous voyez un gars par terre en train de mourir, qui va aller oser lui dire que ce qu’il vit à ce moment n’est pas réel ? Vous pourriez lui dire ? C’est provisoire, c’est triste, c’est tout ce que l’on veut et ce n’est effectivement pas cela que nous voulons et c’est justement à cause de ce ressenti que l’on cherche, c’est parce que on a entendu dire par Ramana, personne en qui on peut avoir une confiance (le mot est faible !) : QUE JE NE SUIS PAS QUE CELA ! Alors ça je préfère, je ne suis pas que cet individu et j’en ai la preuve dans le sommeil profond, on n’y a pas conscience d’être et pourtant on n’est pas mort. La conscience s’arrête et elle repart le matin, entre temps où est-on ? Le où n’a pas d’importance mais en tout cas on n’a pas conscience d’être, donc cela est intéressant, et s’il y a vraiment une chose à comprendre c’est bien celle-là:
Sans conscience d’être, je suis quand même. Qui c’est qui est ? C’est cela qui est intéressant mais là-dessus je ne réponds pas, vous le savez de toutes façons ! ( rires). Ai-je répondu ou pas encore là il faut me le dire.

C2 : (hésitante) Disons que c’est une manière de répondre.

Bernard : Oui ça de toutes façons c’est une manière et c’est la mienne ! (Rires)

C2 : Mais en fait je me demandais : qu’est ce qui fait dans l’expérience ou dans le ressenti (je ne sais pas) la différence entre identification et désidentification ?

Bernard : (Temps de réflexion…) C’est tellement énorme ! Ce qu’on appelle « identifié » normalement hein, puisque l’on dit qu’il faut se désidentifier, mais il faut déjà voir que l’identification est totalement naturelle. Ce n’est pas une erreur, on ne s’identifie pas par erreur. Quand la conscience se réveille le matin : je suis, immédiatement le corps il dit : « c’est là que tu habites » donc je suis, dans le corps, dans le monde et à un certain moment qui crée l’espace-temps et cette identification est naturelle, mais simplement elle ne pourra pas nous rendre heureux, ce n’est pas la peine de dire que c’est une erreur, quelle erreur ? Pourquoi y en aurait-il une.
Il n’y a pas d’erreur mais ça ne me suffit pas, donc je mets en route cette recherche pour accéder à ce que l’on a entendu dire par des gens sérieux qui eux-mêmes ont fait cette recherche-là. Le jour où cela s’est produit pour moi, c’est vrai que l’identification à la personne est tombée mais pas vraiment comme on l’entend ! Ce n’était absolument pas mal d’être avant comme j’étais mais ça ne me suffisait pas et je suis autre chose que cette vie temporaire.

C2 : Et cette autre chose ?

Bernard : LA BASE, LE SOI.

C2 : Oui mais comment pourrais-tu en témoigner avec d’autres mots juste pour nous le faire sentir ?

Bernard : Avec d’autres mots ? (Cherchant)

C2 : De ce que tu vis ?

Bernard : Ah ! Que c’est dur cela…Mais je vais encore essayer…

C1 : Est-ce qu’il y a peut-être une manière qualitative de l’exprimer, plutôt que juste par un concept qui serait LA BASE ou LE SOI. Qu’est ce qui est vécu de là, une fois que l’on est dans cette BASE ?

Bernard : Là en ce moment ?

Tous : Oui !

Bernard : Ah la la : LE BONHEUR (extatique !). Je dis bien le BONHEUR en permanence et je suis bien placé pour le dire puisque j’ai des douleurs en permanence, donc je connais les deux et je peux te dire que là en ce moment précis c’est INTENABLE, mes pieds je ne les sens plus jusque-là(montrant un endroit) ce n’est sûrement pas une plainte, attention, mais c’est simplement pour vous expliquer que je suis vraiment dans un état….

Même les médecins ne comprennent pas que je sois là ! C’est donc un état très douloureux, insupportable qui n’enlève rien à ma Vraie Nature (maintenant je peux l’appeler comme cela) où il ne se passera rien de toutes façons, le corps lui va finir…MAIS C’EST LE BONHEUR, je ne peux vraiment pas l’appeler autrement, ce n’est pas l’hilarité ou les trucs comme cela. En fait ce paradis dont on me parlait étant petit on peut le Réaliser ! C’est notre Vraie Nature malgré tout, je n’aime pas le dire comme cela parce que j’ai trop entendu dire à tort et à travers et c’est souvent mal interprété, disons que malgré l’état d’un corps lamentable qui va finir : tout ça n’existe pas ! Et je n’aime pas parler comme cela, je le fais rarement…Si (s’adressant à C4) hier soir un petit peu, mais comment je t’ai dit ?

C4 : « Quai des brumes ! »

Bernard : Oui : « QUAI DES BRUMES ! » je vois cela un peu comme dans du brouillard, comme un petit truc, mais notre Vraie Nature prend tellement la place et c’est tellement énorme, il y a tellement tout, que le reste…Bon j’ai encore de la famille et ils sont contents……Mais ça ne sert à rien en vrai ! Mais je ne peux pas le dire cela, je ne peux pas dire cela à mon épouse par exemple !

C4 : Voilà mais justement par rapport à cela et ce que nous évoquions hier soir, tu as cité « Quai des brumes » parce que l’on parlait de cinéma et que j’aime également, mais ça a été très fort pour moi que de sentir que ce qui est pour nous autres la réalité, et bien j’ai ressenti qu’en quelque sorte tu jouais le jeu

Bernard souriant : J’ai avoué !

C4 riant : Tu jouais le jeu parce qu’il y avait une famille, des proches et que sinon les gens ne comprendraient pas.

Bernard : C’est exactement cela ! Oui je l’avoue enfin ! (Rires)

C4 : Oui et de ce fait on rejoint un peu la notion hindoue d’illusion, même si tu ne l’aimes guère, mais moi elle me plait…

Bernard : Non c’est vrai que je n’aime pas ce mot, mais je le comprends par contre !

C4 : J’entends bien, mais tu l’as quand même un peu rejoint en disant : « Bon il faut bien vivre ce théâtre, mais je suis un peu « quai des brumes » en fait ! Et j’ai bien aimé cela car tu vois le monde comme dans une brume

Bernard : A peine ! J’allais dire : aujourd’hui il n’y a rien !

C4 : Et que ça n’a pas bien de sens !

C2 : Bernard est ce que tu peux le décrire pour le film cet effet de brume ?

C1 et C4 : Ce rien ?

Bernard : Après il faudrait que j’ose le dire alors…Décrire comme je vois le monde-là , en ce moment ?

Tous : Oui !

Bernard : Oh la la….Long silence

C4 : Et lorsque tu dis, pour aller dans le même sens, qu’il n’y a pas d’autre en fait ! Car ça va avec……

Bernard : Oui mais on ne peut pas dire ça….Bien sûr tout cela est vrai évidemment mais tu te rends compte qu’une petite vie particulière, c’est à peine un claquement de doigt !
LA BASE C’EST TOUT, c’est énorme, c’est parfait, je ne sais pas ce qu’il faudrait mettre, il n’y a pas besoin d’y rajouter quelque chose, on pourrait parler de complétude, je ne sais pas comment on dit mais moi j’aime bien dire LE BONHEUR qui malgré un corps temporaire, (déjà pour quelqu’un en bonne santé, mais encore plus pour quelqu’un qui endure sans arrêt des douleurs incroyables) n’est pas perturbé par cela, et que ça n’existe pas.Mais on ne peut pas dire cela en fait, parce que l’on ne peut pas le comprendre. On ne peut pas comprendre ce que je viens de dire, vous le comprenez-vous là ?

C1 : On peut l’envisager même si on ne le comprend pas parce que ce n’est pas vécu. Je pense que tout le monde peut se projeter sur quelque chose, qui est forcément loin de ce qu’il vit, mais ça donne une orientation et c’est intéressant pour un chercheur

Bernard : Je ne le fais pas exprès de le dire comme cela mais je n’arrivais pas à en parler comme ça !

C1 : Parce que justement c’est un grand mystère quand on est identifié

Bernard : Oui mais je n’aime pas ce mot mystère…

C1 : Ce qui nous fait chercher : « Mais c’est quoi ce truc mystérieux auquel j’aspire mais que je ne vis pas ? Mais tu vas engager tout ton être pour justement l’expérimenter et le vivre

Bernard : C’est ça oui !

C1 : Donc avoir ce genre de description qui sont une abstraction ça nous pousse à y aller

Partie 3 : Bernard essaie de décrire comment il voit le monde!

Bernard : Bon qu’est-ce que je pourrais dire de plus alors ?

C2 : Tu pourrais peut-être décrire cela plus dans ta vie quotidienne, comment tu vois ta famille, comment tu vois les autres êtres humains, les paysages, les oiseaux, c’est quoi de vivre en étant Réalisé en fait ? Parce que je crois que ça peut vraiment inspirer et faire vibrer des chercheurs.

Bernard : C’est LA VIE tout court, dans sa totalité, sans besoin de rien !

C’est complet, c’est merveilleux et c’est pour cela que j’aime bien l’appeler une merveille, c’est la Merveille des Merveilles!

Et de description il n’y a rien parce que ce n’est pas dans un espace-temps, ça fait bizarre n’est ce pas de dire cela et ça me gêne même……
Mais non je ne devrais pas le dire mais je ne suis pas dans un espace-temps, alors que je suis en train de vous parler dans mon corps !
Vous voyez bien que ce n’est pas facile à dire, car moi je me mets tellement à la place du chercheur, car j’ai tellement aimé ma recherche que j’ai toujours du mal à parler ainsi mais:
JE NE SUIS PAS DANS UN ESPACE-TEMPS,
QUAND MON CORPS DORT, JE NE DORS PAS, JE SUIS LÀ ET JE REGARDE, MAIS EN MÊME TEMPS JE NE REGARDE PAS :
C’EST TOUT LÀ EN FAIT !
TOUT EST AU MÊME ENDROIT ET IL NE SE PASSE RIEN, SANS TEMPS, SANS RIEN ! ET POURTANT C’EST TOUT ALORS COMMENT LE DIRE AUTREMENT ?
Je vais essayer de chercher des mots, aidez-moi mais….

C2 : Et comment tu vois les autres ?

C4 :( En même temps que C2) Et les autres eux ils ont l’impression d’être dans l’espace-temps, c’est leur réalité

Bernard : (L’air un peu gêné qu’on l’amène là) Les autres ?

Plusieurs parlent ensemble confusément : Ta famille…

Bernard : Ma femme n’entendra pas j’espère ! (Elle était sortie en ville)

C2 : Mais ce n’est pas grave ! C’est pour les chercheurs Bernard !

Bernard : Exactement c’est pour les chercheurs ! De toutes façons je sais que ma femme ne s’inquiète pas puisqu’elle sait que je cherche pour elle et elle l’a assimilé ! (Riant)

Emmanuelle : Comment tu vois les autres ?

Bernard : Comme le reste, ce n’est pas réel ! C’est du cinéma !
C’est une pièce de théâtre et c’est bien joué remarque…Pas par tout le monde n’est ce pas ! (Riant). Les gilets jaunes ce n’est pas terrible (rires).
Je ne peux pas le voir comme quelque chose de sérieux quand même et pourtant c’est grave, il se passe des choses graves dans le monde, mais c’est tellement temporaire par rapport à l’éternité !
Parce que l’éternité ça ne veut rien dire, on utilise le mot éternel mais on ne sait pas ce que cela veut dire, mais quand on est dedans on se rend compte qu’il n’y a pas de limites quand même. Alors on a beau avoir une vie qui dure, même 100 ans, ce n’est rien et en fait tout est comme cela, le moindre fait humain. On ne voit pas en fait !
Pour moi LA BASE si je parle sans le bonhomme Bernard je peux dire que tout ça n’existe pas: voilà ! Alors on en revient, il faut l’avouer, aux formulations hindoues plus classiques: irréel, illusoire, maya

C4 : Maya oui !

Bernard : Eh bien voilà mais ce n’est pas souvent que je dis cela !

C2 : Tu sais Bernard on est dans un monde où l’on fonctionne par les opposés, soit on est identifié et alors on valide l’individu, soit on est désidentifié et l’on nie l’individu et le mot illusion est comme une négation de l’individu, mais moi ce que j’entends c’est que l’on peut être cet individu parce que c’est naturel et en même temps on est LA BASE.

Bernard : Oui , comme ça ce sera bien plus simple : il y a bien une vie manifestée produite par cette BASE merveilleuse, qui la produit pour rien, c’est comme cela.
Donc il y a bien un individu qui fait ce qu’il peut, mais qui finit. C’est le seul truc qui ne va pas dans la vie et qui m’a fait chercher, tout cela est bien beau mais ça ne dure pas et qu’est-ce que je vais faire moi ? Moi je veux être heureux tout le temps, on me l’avait promis quand j’étais petit avec le paradis, et bien c’est une bonne nouvelle me dit Ramana : c’est vrai mais tu n’as pas besoin de mourir. Alors ai-je bien expliqué comme je voyais alors ?

C2 : Disons que ça commence mais ça va continuer. Mais Bernard par exemple, là on est quatre en face de toi, alors on est juste des petites étincelles à peine visibles, par rapport à LA BASE ?

Bernard : Comme le reste

C2 : Comme le brin d’herbe là-bas, la porte, enfin comme tout quoi

Bernard : Oui il y a un décor c’est tout, c’est vrai oui !

C2 : Donc tu nous vois tous pareils comme ça ?

Bernard : Oui !

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